Remboursement du SCBG : Plus que jamais compromis

– Crainte que les propriétés de l’ex-BAI ne soient liquidées au profit des petits copain

On entame depuis hier, samedi 1er août, le 8ème mois de l’année 2020. Mais les remboursements du « Super Cash Back Gold » (SCBG) et du « Bramer Asset Management »  (BAM) se font toujours attendre. Il était pourtant prévu pour décembre 2019. Du moins, c’est ce qu’avait laissé entendre Salim Muthy, le porte-parole des victimes. Selon des sources proches du dossier, la chance que les investisseurs retrouvent la couleur de leur argent s’amenuise de jour en jour, par manque de fonds.

Le ministre des Services Financiers, Mahen Seeruttun, est jusqu’ici resté évasif sur la question. Suivant une interpellation du député mauve, Reza Uteem, le 5 mai 2020, il a déposé une réponse au Parlement où il affirme qu’une somme de Rs 245 062 109 reste à être déboursée. 55 détenteurs du SCBG et 18 investisseurs du BAML sont concernés par ces remboursements, a-t-il indiqué. Toutefois, ce n’est qu’après la vente des propriétés qu’ils pourront obtenir cet argent. Cet exercice a déjà été entamé, selon Mahen Seeruttun, bien qu’il n’ait donné aucun détail y relatif. De plus, aucune date n’a été avancée pour ces remboursements.

Le hic c’est que, contrairement à ce qu’a soutenu le ministre Seeruttun, le siteweb du « National Property Fund Ltd » (NPFL) ne fait aucune mention d’un quelconque exercice relevant de la vente des propriétés. Le seul communiqué qui a été publié ces derniers temps, soit le 17 juillet 2020, concerne la vente de « usable and defective assets comprising of office chairs, tables, work stations, cupboard, drawers, etc ». Ce qui est loin d’être des « immovable properties ». Le CEO de NPFL étant en réunion à chaque fois qu’on avait appelé, personne n’a été en mesure de nous éclairer davantage sur la situation.

Ce flou concernant les remboursements est décrié par les détenteurs du SCBG et des investisseurs de la BAM. Ils estiment avoir été tournés en bourrique à la veille des élections générales. Néanmoins, ils ne comptent pas lâcher prise et comptent bientôt se faire entendre.

 « Doublement victimisées », selon Reza Uteem

reza uteemLe député Reza Uteem ne mâche pas ses mots. Il rappelle les circonstances dans lesquelles le gouvernement s’était engagé, à quelques jours des dernières élections législatives, de rembourser les victimes du crash du BAI. « Il est clair que cela n’a été qu’un ‘bribe’ électoral car cela a eu un impact sur la façon dont les victimes ont voté. Les victimes ont été doublement victimées par cette trahison », lance Reza Uteem.

 Crainte d’une « liquidation » des propriétés

L’annonce du ministre Mahen Seeruttun à l’effet que les propriétés du NPFL, celles-là mêmes qui avaient appartenu à l’ex-BAI, inquiète. L’on craint que ces actifs, comprenant plusieurs bâtiments répartis à travers le pays, dont à Port-Louis, Curepipe et Ébène, entre autres, ne soient liquidés au profit des proches du pouvoir. Ce qui correspondrait alors à une dilapidation des biens de l’ex-BAI.

On se souviendra comment la compagnie de Bissoon Mungroo, organisateur attitré des anniversaires de SAJ, avait acquis 43 véhicules d’Iframac pour la modique somme de Rs 6, 5 millions. L’administrateur spécial d’Iframac, Yacoob Ramtoola, avait même, à un certain moment, ordonné la saisie de ces véhicules puisque le gérant de Manisa Hotel avait refusé de régler une partie de cette note.

D’autres actifs, et non des moindres, avaient été « liquidés » de la même façon.

‘Bribe’ électoral

La promesse du remboursement du SCBG et du BAM n’était qu’un ‘bribe’ électoral. Cela est d’ailleurs l’un des points phares de la plainte de Roshi Badhain, leader du Reform Party, logée en Cour suprême pour demander à ce que les dernières élections soient « quashed ».

salim-muthyVoyons les faits. Salim Muthy, avait annoncé, à trois jours seulement des dernières élections générales, la formule qui devait être adoptée par le gouvernement, soit un remboursement à 100% du capital injecté pour ceux qui avaient investi jusqu’à Rs 7 millions dans ce plan. Le remboursement devait ainsi se faire en deux tranches, plus précisément en décembre 2019, soit un mois après les élections, et en juin 2020. Idem pour les investisseurs du BAM. Ceux qui avaient déjà obtenu une partie de leurs investissements devaient se voir payer la différence alors que ceux ayant investi plus que Rs 7 millions devaient obtenir 70% du montant qui leur est dû.

Cependant, ce remboursement ne figurait nullement sur le manifeste électoral de l’Alliance Morisien, dirigé par Pravind Jugnauth. Ce dernier s’était toutefois engagé à « continué rembourse bane victimes BAI » lors d’un meeting à Vacoas trois jours avant la tenue des élections. Entre la promesse d’un remboursement de leur argent gagné à la sueur de leur front et l’institution d’une commission d’enquête comme proposée par l’Alliance Nationale et le MMM, le choix était évidemment clair pour la plupart des victimes qui croyaient enfin pouvoir trouver la lumière au bout du tunnel.

Le décès du CEO du NPFL devait toutefois servir de prétexte pour le non-décaissement des paiements en décembre 2019, comme initialement promis. Des mois se sont déjà écoulés depuis cette vaine promesse, sans que les investisseurs du SCBG et du BAM n’y voient plus clair.