Un de ses employés ayant fait une mauvaise blague dans un cercle privé mais qui a heurté les sensibilités religieuses de certains, la compagnie Alteo a suspendu le plaisantin sur-le-champ. Sans aucune considération ethnique. Sans même attendre les conclusions de l’enquête en cours, prétendre qu’il faut vérifier l’authenticité de la vidéo ou fournir d’autres excuses bidons. Le même employé s’est d’ailleurs excusé en toute humilité, soutenant que sa plaisanterie était maladroite mais pas mal intentionnée. Et Alteo et Pierre Noël ont mis fin à toute cette polémique dès qu’elle a commencé à susciter, à tort ou à travers, les passions. Ils n’ont pas feint l’ignorance et ne se sont pas défendus maladroitement en se demandant « kot mone fauté ». Ils ont choisi de faire amende honorable pour ne pas exacerber davantage la situation.
Ce cas doit servir d’exemple au Premier ministre et à son gouvernement. C’est avec cette même promptitude et efficacité que le peuple s’attendait, et s’attend toujours, à ce que Pravind Jugnauth réagisse après les dernières marches citoyennes. Il n’est pas trop tard pour agir. Il peut encore revenir à de meilleurs sentiments. Malheureusement, rien n’indique qu’il le fera. Même l’appel du Cardinal Piat est tombé dans l’oreille d’un sourd. Dommage. Plus grave et inquiétant sont les répliques utilisées par des forces occultes divisionnistes, tirées dans l’ombre par des ficelles, pour déstabiliser cette unité et solidarité inébranlable qui rassemblaient le peuple autour du quadricolore mauricien il y a encore une semaine. L’on a ainsi assisté, ces derniers jours, à des contre-attaques honteuses, haineuses, répugnantes et provocatrices.
Qui a intérêt, dans le contexte actuel, à casser ce formidable élan national qui avait propulsé des centaines de milliers de Mauriciens dans la rue pour dénoncer la mauvaise gouvernance et les abus ? On ose espérer que la police « pas pou guet figir » pour sévir contre les pyromanes. Car si elle a agi illico presto dans le cas de Pierre Noël, la convocation de celui qui a machiavéliquement circulé cette vidéo se fait attendre. On attend que les hommes d’Heman Jangi agissent avec autant de rapidité concernant la plainte logée par Ingrid Charoux pour des commentaires racistes à son encontre. Idem concernant certains énergumènes qui se sont livrés ouvertement à des menaces sur les réseaux sociaux. Et également contre ce groupe proche du pouvoir qui parle, selon des captures d’écran circulant sur WhatsApp, d’achat de fusils et de révolution au sens péjoratif.
Comme si cette campagne communale malveillante, tolérée et impunie dans les cas précités, n’était pas suffisante pour créer un malaise, le ministre des Finances a ajouté son grain de sel en nommant, dans un élan de défiance, un de ses amis policier à la SBM Tower. Alors même que des professionnels du secteur bancaire tirent systématiquement la sonnette d’alarme sur ces nominations qui pourraient éventuellement mettre en péril la performance financière du groupe. Que dire de la MBC ? Non content d’avoir demandé à la victime qu’est Shiam Persand de prendre aussi congé, comme il l’a été demandé à « Je suis Pravind Jugnauth » Ramsurrun, le board de la MBC semble maintenant diligenter son enquête sur la fuite des images de l’altercation au lieu sur l’altercation elle-même. Ce sont des signes qui montrent que la population devra composer avec les mauvaises gestions et pratiques dénoncées jusqu’ici pour encore un bout de temps. Démocratie, harmonie et stabilité sociales, économie, bonne gouvernance sont plus que jamais en danger…
