Rien que… Rs 3 milliards dans les réserves de la BoM

Dans le sillage de la publication du rapport annuel de la Banque de Maurice, récemment sorti, il est fait état qu’il n’y a qu’environ Rs 3 milliards dans les réserves de la Banque de Maurice. Et que Rs 40 milliards se sont volatilisées en fumée…

C’est Roshi Bhadain, le leader du Reform Party, qui a fait découvrir le pot aux roses aux Mauriciens, dans une vidéo postée sur sa page Facebook en date du 6 décembre.

Depuis quelques temps, les Mauriciens voyaient avec un certain effarement les multiples milliards que le gouvernement puisait dans les réserves de la Banque de Maurice.

Dans deux vidéos postées l’année dernière, en mai et juin respectivement, Roshi Bhadain avait mis en garde que cet argent que l’on puisait des réserves de la Banque de Maurice allait provoquer la dépréciation de notre roupie. Ce qui s’est effectivement passé. Il avait aussi prédit qu’il y aurait une flambée de prix vu qu’avec la dépréciation de la roupie, les denrées importées sont devenues plus chères.

Dans sa vidéo, Roshi Bhadain devait revenir sur les sommes mirobolantes qui avaient été puisées de la Banque de Maurice. Premièrement, le gouvernement avait puisé Rs 18 milliards depuis le ‘Special Reserve Fund’ de la Banque de Maurice, bien avant la pandémie de covid. Cela avait provoqué une polémique, mais le gouvernement avait balayé d’un revers de la main les critiques.

L’appétit venant en mangeant, dit-on, le gouvernement avait ensuite ponctionné Rs 60 milliards de la Banque de Maurice pour pouvoir équilibrer le Budget 2021-2022. Cela parce qu’on prévoyait  des revenus à hauteur de Rs 102 milliards, tandis que les dépenses budgétées s’élevaient à Rs 162 milliards.  Pour pallier à ce déficit, le gouvernement avait pris Rs 60 milliards depuis la Banque de Maurice en les injectant par un tour de passe-passe dans le Budget. Ensuite, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, était venu se bomber le torse en disant qu’il avait pu équilibrer le Budget…

Mais cela ne s’était pas arrêté là. Rs 80 milliards avait aussi été puisées pour être reversées dans laMauritius Investment Corporation (MIC) pour soi-disant renflouer les entreprises des secteurs économiques clés du pays.

Pour en revenir aux Rs 60 milliards, la Banque de Maurice avait émis un communiqué le 7 mai 2021, où il est fait état que Rs 32 milliards des Rs 60 milliards avaient été assignées dans le ‘Special Reserve Fund’, tandis que les Rs 28 milliards restantes “are being treated as advance against future profits distributable to Government”. En d’autres mots, la Banque de Maurice traitait cette somme comme une avance au gouvernement, ponctionnée de ses profits qui sont normalement redistribués au gouvernement.

À l’heure du Budget, on se rappellera qu’il y avait alors une grande polémique à ce sujet. Cette avance doit-elle être comptabilisée dans la dette publique ou pas ? Le ministre des Finances n’avait pas comptabilisé cette somme dans la dette publique qui avait fini par crever le plafond, selon Roshi Bhadain.

Un peu plus tôt cette année-ci, à l’Assemblée nationale, le leader de l’Opposition, Xavier Luc Duval avait axée sa PNQ sur cette somme. Le ministre des Finances avait expliqué  que : « La Banque de Maurice avait pris la décision d’apporter une contribution exceptionnelle au gouvernement à hauteur de Rs 60 milliards. I must also point out that the Bank will finance this contribution by issuing its own instruments for the amount of Rs 60 billion. »

Xavier Luc Duval était alors sorti de ses gonds : “You have tampered with the figures and it is difficult to answer now. Look at a dictionary to know what an ‘advance’ is. An ‘advance’ is defined as money given as a loan. There has been 2 public notices by the Bank of Mauritius, one dated 7th of May, the other dated 4th of June. They refer to advances given to the Government against future profits. I also refer the minister to the Public Debt Management Act. Debt incurred by the Government by way of advances from the Bank of Mauritius to any entity in the public sector shall constitute public sector debt. This treatment is illegal according to the Public Debt Management Act.”

Dans sa vidéo, Roshi Bhadain devait ensuite aborder le rapport annuel de la Banque de Maurice. Ce n’est qu’à la page 142 du rapport qu’une petite ligne fait mention que « out of the Rs 60 billion contribution to the Government, Rs 55 billion has been written off to reserves », ce qui prend à contrepied le communiqué de la Banque de Maurice du 7 mai à l’effet que Rs 32 milliards seront financées à partir de ses profits. En d’autres mots,  la Banque de Maurice avait jeté de la poudre aux yeux de la population.

Combien d’argent reste-t-il alors dans le ‘Special Reserve Fund’ et dans le ‘General Reserve Fund’ ? On a l’effarement quand on constate qu’il reste seulement environ … Rs 3 milliards dans les réserves de la Banque de Maurice.

Toujours dans un autre compte dans le document, connu comme ‘Financial Position’, il est confirmé que les réserves ne contiennent qu’un montant de Rs 3 milliards et quelques Rs 54 millions, alors que pour les comptes de l’année précédente, ces réserves contenaient Rs 43 milliards et Rs 301 millions. Question : où sont passées les Rs 40 milliards manquantes ?

Pour Roshi Bhadain, « Nous sommes dans une situation extrêmement grave. La situation sanitaire est grave vu que tous nos hôpitaux sont débordés. Avec la médiocrité caractéristique du gouvernement, Maurice est entré sur la liste rouge de certains pays. Malgré les annonces du gouvernement,  les touristes ne viendront pas. Les devises n’entreront pas. Et par dessus tout, les réserves de la Banque de Maurice sont de l’ordre de seulement Rs 3 milliards. »

Roshi Bhadain devait aussi avertir qu’il est fort probable que l’agence de notation Moody’s va venir nous ‘downgrade’, et que le FMI et la Banque mondiale émettront des rapports critiques sur Maurice.

Pour lui, il est clair que ce gouvernement ne pourra pas tenir malgré ses manipulations de chiffres et ses lois de plus en plus répressives pour empêcher les gens de parler. Les choses vont se précipiter devait-il dire. « Sime sauvé pa pu ena », lance-t-il, en ce qui concerne les principaux dirigeants de ce gouvernement.