Sécurité alimentaire : Absence totale de stratégie de la part du gouvernement

Le débat sur l’autosuffisance alimentaire avait bien été lancée il y a quelque temps de cela mais depuis, plus rien. Or, une telle stratégie a toute son importance, vu les ruptures dans la chaîne d’approvisionnement provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et l’augmentation sans cesse croissante des prix des denrées alimentaire. Mais une fois de plus, le gouvernement semble n’avoir aucune politique en ce sens.

Notre sécurité alimentaire est menacée vu les aléas de la guerre en Ukraine, mais vu que nous sommes une île tropicale, on a bien les moyens de cultiver certains produits agricoles au lieu de les importer. Avec des cultures locales, nous ne serons plus à la merci de ce qui se passe ailleurs dans le monde, tandis que les prix seraient plus bas et plus stables. Mais pourquoi cette absence d’une bonne politique par rapport à la sécurité alimentaire dans le pays ? N’est-il pas grand temps que le pays devienne autosuffisant sur le plan alimentaire ?

Arvin Boolell, ancien ministre de l’Agriculture, nous dit d’emblée que Maneesh Gobin, l’actuel ministre de l’Agro-industrie, ne se montre certainement pas à la hauteur. Quelle politique devons-nous élaborer sur le plan de l’autosuffisance alimentaire? Arvin Boolell nous explique ainsi que dans un premier temps,leministère de l’Agro-industrie, le ‘Food Production Analysis Bureau’ et le ‘Food and Agricultural Council’, ensemble avec le secteur privé et d’autres parties prenantes, doivent mettre sur pied un forum pour définir une politique de sécurité alimentaire pour le pays.

En ce qui concerne les terres agricoles, il explique que les agronomes et autres experts doivent effectuer plus d’analyses pour voir quels types de terrains sont propices avec quels types de semences. Dans ce contexte, il dénonce le fait que le ministère de l’Agro-industrie a octroyé ses terrains agricoles à la compagnie Landscope Mauritius, qui est actuellement en train de convertir ces terrains pour des usages autres que l’agriculture.

En outre, toujours selon le député travailliste, le ministre doit venir en aide aux agriculteurs pour encourager la plantation de légumes dans le pays. « Il faudra avoir plus d’encadrement de la part du gouvernement envers les planteurs », souligne-t-il. Néanmoins, il dit regretter qu’il ne trouve plus d’‘incentives’ de la part du gouvernement pour venir en aide aux planteurs. « Il est impératif de promouvoir une stratégie pour venir en aide aux agriculteurs », fait-il ressortir.

Il affirme qu’une politique sur l’autosuffisance alimentairen’est ni difficile ni impossible, mais il faudra que le ministre de l’Agro-industrie, Maneesh Gobin, fasse preuve de bonne volonté et qu’il intervienne pour connaitre les problèmes auxquels les planteurs font face.

Hors-texte

« Le ministre Gobin fait la sourde oreille à nos doléances »

Nous sommes partis à la rencontre des petits planteurs, surtout dans la région de l’Est. Sita est l’une de ces planteurs. Elle nous indique qu’il n’y a aucune stratégie de la part du gouvernement. « On se sent perdu quelque part », nous lance-elle.

Elle nous explique d’emblée qu’il y a un problème au niveau des ‘incentives’. Selon elle, auparavant, les petits planteurs avaient l’habitude de recevoir toutes sortes de ces ‘incentives’ de la part du gouvernement, alors que maintenant, ce n’est plus le cas. « Autrefois, on avait l’habitude d’obtenir des graines, des subventions pour l’achat des pesticides et aussi du sel mais maintenant ce n’est plus le cas », déplore Sita.

Elle a environ 13 arpents de terre et elle cultive des légumes depuis plus de 30 ans. Elle avait l’habitude de cultiver des oignons mais elle ne peut plus continuer avec cette culture car elle trouve exorbitant les prix des pesticides et des graines.

Elle nous explique qu’à l’époque, les ministres étaient plus ou moins sur le terrain et ils venaient souvent en aide aux petits planteurs. Mais avec le nouveau gouvernement, ce n’est le plus cas. « Le ministre de l’Agro-industrie est en train de faire la sourde oreille à nos doléances », dénonce-t-elle. « Ce n’est guère encourageant de la part du ministère de l’Agriculture. Il n’y a pas le moindre soutien aux planteurs. »