Son contrat comme ‘Trainee Midwife’ résilié : Une jeune femme appelée à rembourser un “bond” de Rs 361 920

  • Elle met ses malheurs sur le compte de l’excès de zèle d’une proche d’un ministre

Aissoo M.M-J ne sait plus où se donner la tête. Le gouvernement lui réclame un remboursement de Rs 361 920 alors que son contrat en tant que « Trainee Midwife » a été résilié, selon elle, sans justification valable par la ‘Public Service Commission’. Une plainte au ‘Public Bodies Appeal Tribunal’ n’a rien donné, cette instance n’ayant pas la juridiction pour traiter ce genre d’affaire. Sans emploi, avec une dette s’élevant à des centaines de milliers de roupies, cette jeune femme se désespère…

Aissoo M.M-J avait été recrutée comme « student midwife » au ministère de la Santé le 8 juillet 2016. Elle devait ainsi passer par une période de formation, incluant ‘on the job training’, de deux ans avant qu’elle ne soit postée dans des centres de santé de la République de Maurice en tant que « midwife ». En juillet 2017, elle a participé et réussi à ses premiers examens. Par contre, elle n’a pu prendre part aux examens de l’année suivante, soit en 2018, n’ayant pas répondu à tous les critères requis. On lui aurait alors demandé de se rattraper durant l’année suivante. Or, pendant ce temps, il y a eu un changement au niveau de la direction de l’école de formation.

Selon notre interlocutrice, la nouvelle principale, une proche d’un ministre, lui aurait un beau jour lancé une remarque sur la prétendue couleur de son ‘hijab’.  « Li dire moi ou pas koner ou pas gagne droit met hijab bleu. Mone repone li gentillement mone dire li c’est pas bleu mais blanc, sauf que ki li pe paret bleu akoz reflet couleur salle de classe la ki ti peint en bleu », nous explique Aissoo M.M-J. « Depi sa jour-là, li pas koz are moi, li pas guet moi, li refuse recevoir moi dans so bureau », poursuit-elle. Conséquence : le nom de la jeune femme ne figurera pas sur la liste des étudiants devant participer aux examens pour les deux années consécutives, soit 2019 et 2020, alors qu’elle répondait à tous les critères, et cela sans qu’on lui donne d’explication sur cette décision qu’elle juge arbitraire et discriminatoire. Ce que Aissoo M.M-J met sur le compte d’une vengeance personnelle injustifiée à son égard.

Elle continuera toutefois son petit bonhomme de chemin jusqu’à ce qu’elle apprend le 4 février 2021, juste après qu’elle ait aidé à un accouchement, que son contrat a été résilié. La raison évoquée selon le paragraphe 4 de sa lettre d’offre d’emploi : « your enlistment may be terminated without notice or compensation in lieu of notice in the event of incompetence, misconduct or insubordination ». Or, elle dit n’avoir jamais reçu un quelconque ‘warning’ dans ce sens, comme cela aurait dû être le cas si elle avait effectivement fait preuve de « incompetence, misconduct or insubordination ».

Encore sous le choc, elle reçoit quatre jours plus tard, plus précisément le 8 février 2021, une lettre du ministère de la Santé la sommant de rembourser la somme de Rs 361 920, en vertu du « bond » signé avec le gouvernement mauricien. « You are therefore, requested to make necessary arrangements to refund the above mentioned amount to the Ministry of Health and Wellness, failing which the matter will be referred to the Solicitor General for legal action to be initiated against you for recovery of same ». Une démarche qu’Aissoo M.M-J ne comprend guère puisque ce n’est pas elle qui a mis fin à son contrat, mais que celui-ci a été résilié de façon injuste.

Elle s’est alors tournée vers le ministre Jagutpal avec qui elle a eu une rencontre. Celui-ci lui aurait conseillé de faire appel contre cette décision au ‘Public Bodies Appeal Tribunal’. Ce qu’elle fera le 16 février 2021. Mais elle sera déçue par le jugement de cette instance rendu le 30 avril 2021. « The decision to terminate the Appellant’s enlistment as Trainee Midwife in accordance with paragrapgh 4 of the letter of enlistment (Annex C above refers) is not a disciplinary action taken against the Appellant. The Tribunal, therefore, has no jurisdiction in the present appeal ».

Valeur du jour, la jeune femme ne sait plus quoi faire. Comment trouver les moyens financiers de rembourser cette somme alors qu’elle n’a plus d’emploi ? La question la tourmente jour et nuit… Ses malheurs, elle les met sur le compte de l’excès de zèle du proche d’une ministre…