“Surévaluation” des avions : Sattar Hajee Abdoula inflige une claque à Dev Manraj

La situation est tellement loufoque qu’on ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer. La déclaration de Sattar Hajee Abdoula sur la surévaluation des avions lors de la ‘Watershed Meeting’ a interpellé plus d’un. Sur quels critères s’est-il basé pour faire une telle déclaration, sachant que son collègue Arvindsingh Gokhool et lui-même se sont contentés de reprendre les chiffres que leur a fournis la direction d’Air Mauritius sans qu’ils ne les réévaluent ? Il convient néanmoins de souligner que le dernier « statement of affairs », datant de 22 avril 2020, a été signé par nul autre que Dev Manraj, secrétaire financier au ministère des Finances et un des directeurs siégeant sur le conseil d’administration d’Air Mauritius.

Sattar Hajee Abdoula met-il en doute le professionnalisme de Dev Manraj ? Car une surévaluation, si cela s’avère, fausserait alors tous les comptes de la compagnie d’aviation nationale. Une « erreur », s’il y en a eu, de cette envergure ne peut être prise à la légère. D’autant que le secrétaire financier siège toujours sur le conseil d’administration d’Air Mauritius. Raison pour laquelle la déclaration de Sattar Hajee Abdoula est prise au sérieux. Certains rient toutefois sous cape, estimant que l’administrateur fétiche de Pravind Jugnauth a infligé une claque à Dev Manraj qui jouit lui aussi d’une grande estime de la part du Premier ministre.

« Sur quels critères se base Sattar Hajee Abdoula pour venir dire que les avions ont été surévalués ? »

Selon Sattar Hajee Abdoula, dans une déclaration lors de la ‘Watershed Meeting’ qui s’était tenu le 28 septembre avec les créanciers d’Air Mauritius, les avions d’Air Mauritius avaient été surévalués. Déclaration qui a fait sourciller ceux qui sont dans le domaine de l’aviation car il y a ceux qui maintiennent que ces avions ont été bradés, en d’autres mots, qu’ils ont été vendus pour « di pain di beurre », selon les mots de Xavier Luc Duval.

Raj Ramlugun, ancien manager d’Air Mauritius, fait ressortir que si les avions de MK ont été surévalués, cela voudrait dire qu’il y ait eu maldonnes quelque part. Selon lui, le tandem Abdoula-Gokhool devra fournir des explications à ce sujet. Sattar Hajee Abdoula devrait expliquer sur quels critères il se base pour venir dire que les avions ont été surévalués. « Il devra répondre à cette question si vraiment les avions ont été surévalués »,lance Raj Ramlugun.

Si les avions ont été surévalués, cela veut dire que tout le bilan de la compagnie, relatif aux ‘assets and liabilities’, serait alors faussé. Parlant de la stratégie mise sur pied par les administrateurs, Raj Ramlugun devrait dire qu’il ne voit même pas quelle stratégie a été apportée par ces derniers. Ils n’ont fait que gagner du temps. « Ils ont bien essayé d’alléger le fardeau de la compagnie mais il n’y pas eu vraiment de plan de sauvetage allant dans le sens de l’orientation des futures opérations d’Air Mauritius », devait-il dire. « Il y a tout un travail de fond à faire pour réaligner MK. Des personnes qui sont payées des salaires princiers devraient pouvoir réfléchir à tout ceci. »

Des Rs 12 milliards injectées par le gouvernement, notons que Rs 9.5 milliards seront utilisées pour payer les créanciers. Les Rs 2.5 milliards restantes serviront à payer les salaires et autres dépenses en attendant que les activités redémarrent. Tout dépendra alors si Air Mauritius pourra engranger suffisamment de revenus à la réouverture de nos frontières pour pouvoir redécoller. Seul l’avenir dira si cet argent se révèlera suffisant. « Il y a beaucoup d’incertitudes et d’impondérables », selon Raj Ramlugun.

Raj Ramlugun est aussi venu sur le fait que toutes les personnes compétentes ont été virées de la compagnie. « Reste à voir qui seront ceux qui prendront les commandes d’Air Mauritius pour le faire redécoller le plus rapidement possible », dit-il. Il devait aussi dénoncer la complaisance entourant Air Mauritius suivant une récente déclaration de Pravind Jugnauth à la télévision, où il n’a été nullement question de changement de gouvernance ou de méthode de gestion.