Tahir Wahab, nouveau président de l’ACCA : « Consolider la reprise économique »

Tahir Wahab est le nouveau chairperson de l’ACCA Network Panel. Membre de l’ACCA, Tahir Wahab est également Chartered Banker, Fellow of the Chartered Institute of Securities and Investments (MCSI) et titulaire d’un MBA avec spécialisation en planification stratégique, entre autres qualifications. Il dirige le Shared Service Centre du bureau mauricien de la multinationale de services financiers JTC Group. Dans l’entretien qui suit, il nous fait notamment part de ses priorités pour la profession de comptable…

Q : Quelles sont vos priorités en tant que nouveau président de l’ACCA ?

En tant que président du Network Panel, j’aurais plusieurs priorités. Je vais discuter avec le bureau de l’ACCA à Maurice au sujet des besoins en formation de nos membres afin d’optimiser leurs perspectives professionnelles. Je compte aussi organiser des webinaires fréquemment pour traiter des sujets tels que les normes comptables, l’éthique de la profession, la bonne gouvernance et aussi pour sensibiliser les comptables sur l’utilisation des technologies nouvelles telles que la Fintech, le Blockchain et l’intelligence artificielle pour capitaliser et contribuer au développement et à l’efficience des entreprises.

Je dois aussi ajouter que je travaille en étroite collaboration avec le bureau mauricien de l’ACCA, en particulier avec sa responsable Madhavi Ramdin-Clark, et le Network Panel composé de professionnels dans divers domaines, dont l’audit, l’intelligence artificielle, les PME, les services bancaires et la gestion de sociétés offshore. Ensemble, je n’ai pas de doute que nous pourrons réaliser les objectifs que nous nous sommes fixés.

J’aiderai également le bureau local dans ses efforts à mettre en œuvre les stratégies et les objectifs du bureau mondial de l’ACCA pour Maurice, tout en veillant au développement de notre profession.

Q : Comment comptez-vous aider à redynamiser la profession en ce temps d’extrême morosité économique ?

Un expert-comptable a un rôle crucial à jouer, surtout en offrant son expertise et ses conseils aux entreprises, dont des PMEs, pour leur montrer comment être plus agiles et dynamiques surtout après cette crise sanitaire sans précédent où tous les ‘business models’ doivent être revus, en prenant en considération les risques et les opportunités.

La situation économique offre des opportunités à la profession. Avec le nombre d’entreprises qui sont en difficulté, la profession est bel et bien présente pour les conseiller et les aider dans la prise de décisions stratégiques. Les crises exigent inévitablement que des décisions difficiles soient prises, mais les conditions privilégiées pour prendre de telles décisions – le temps de délibérer, un sens clair de l’orientation – sont rares.

D’innombrables propriétaires de petites entreprises, des PDGs, des chefs de gouvernement et autres ont été confrontés à cette réalité en 2020. Pour beaucoup d’entre eux, les comptables professionnels étaient là en tant que conseillers de confiance lorsqu’il n’y avait aucun semblant de certitude.

Q : Vous avez mis beaucoup d’accent sur les nouvelles technologies. Comment peuvent-elles être un atout dans la mission dont vous vous êtes fixé ?

Les progrès technologiques ont amélioré la capacité des experts-comptables à interpréter les données de manière efficace et efficiente, au point de devenir les conseillers commerciaux les plus fiables d’une entreprise. Plus les technologies progressent, plus la rapidité et la compétence du travail du comptable augmente également. Aujourd’hui, la profession mise beaucoup sur le ‘cloud computing’ et la Fintech. À l’avenir, le Blockchain et l’intelligence artificielle seront davantage un atout pour la profession. Nous travaillerons d’arrache-pied dans le but de le concrétiser le plus vite possible.

Q : Pensez-vous avoir la tâche facile, surtout avec la situation économique actuelle ?

Les comptables professionnels sont et continueront d’être des partenaires stratégiques dans n'importe quel contexte, que ce soit dans le secteur privé ou public. Ceci dit, les attentes du prochain budget sont grandes et on espère que le ministère des Finances viendra avec des propositions pour consolider la reprise économique, relancer les entreprises en difficulté et en même temps aider les personnes au bas de l’échelle et qui ont subi de plein fouet la deuxième vague de Covid-19. Il est impératif que le gouvernement continue à soutenir ceux affectés par la crise sanitaire. L’accent doit être mis sur l’amélioration de la qualité de vie pour tous, le rehaussement du niveau de vie des groupes vulnérables et la garantie d’une société plus inclusive. 
C'est un moment vital pour la profession d’expert-comptable d’apporter sa pierre à l’édifice, surtout à un moment où nous sommes appelés à adopter de nouvelles compétences pour pouvoir faire face à l’évolution rapide de la société. C’est notre présente action qui définira l’avenir de la profession alors même que la possibilité d'un changement positif est immense.

Q : Les services financiers sont en eaux troubles. Quelles sont les attentes des opérateurs pour que ce secteur, et l’économie en général, puissent arriver à bon port ? 

Le secteur financier passe par un moment crucial de son histoire et je constate que les efforts pour retirer Maurice de la liste grise de GAFI sont à un stade très avancé. D’ailleurs, des lois cadres ont été déjà promulguées pour combler les lacunes stratégiques et opérationnelles et pour aider à renforcer notre système financier contre le blanchiment d’argent.

Le secteur des services financier a fait ses preuves certes, mais il doit maintenant capitaliser sur d’autres opportunités pour être encore plus résilient dans ce moment de crise. Ce secteur, il faut le savoir, emploie presque 20 000 personnes de façon directe et indirecte et contribue à hauteur de 12% de notre PIB (produit intérieur brut). Mais il demande toutefois de nouvelles orientations pour pouvoir se développer davantage. Il faudra faciliter les entreprises à pénétrer l’Afrique qui reste un marché à être exploité. L’État doit aussi investir massivement dans le marketing de notre juridiction offshore une fois que Maurice sera enlevé de cette liste grise de GAFI.