Une famille musulamne en quarantaine : « On a eu plus de temps pour nous rapprocher du Créateur »

Dans cet article, vous allez découvrir comment se passe le Ramadan pour une famille musulmane qui a été mise en quarantaine. C’est à travers les yeux du jeune Anas Sakhawoth, qui est en quarantaine avec sa famille dans un hôtel du littoral, et qui a eu l’occasion de lancer l’appel à la prière azaan pour tous les résidents musulmans de l’hôtel, que nous allons découvrir que cette épreuve ne suffit pas à diminuer l’ardeur des musulmans pour ce pillier de l’Islam.

Anas Sakhawoth, un étudiant à l’université, son père, sa mère et ses sœurs se sont retrouvés en quarantaine à l’hôtel Pearl Beach depuis le 7 mai dernier, en plein milieu du mois sacré de Ramadan, soit le 24e jour du jeûne. Il y avait d’autres musulmans qui observaient le jeûne dans le même hôtel, ce qui a donné plus d’assurance à Anas et à sa famille pour observer le jeûne.

Anas nous raconte les derniers jours de jeûne (‘roza’), et comment il passait sa journée. La famille se réveillait à l’heure du ‘Sehri’ (le repas pris vers 4 h 30 du matin), avant de se préparer pour affronter une journée de jeûne. « Maintenant, c’est devenu presque une routine », nous dit Anas.

L’hôtel, selon lui, est bien organisé car les résidents de foi musulmane reçoivent leur repas de ‘Sehri’ la veille au soir. « À la maison, c’est ma mère qui se réveillait tôt, en mettant tout son amour pour la préparation du ‘Sehri’, avant de nous réveiller », se rappelle Anas Sakhawoth.

Juste après le ‘Sehri’, Anas lance l’appel à la prière du balcon de sa chambre, afin que ses parents et ses sœurs, qui sont dans les chambres adjacentes, puissent entendre. Un moment fort pour Anas : il a eu l’occasion de faire l’appel à la prière haut et fort pendant tout le mois sacré, à l’intention de tous les résidents musulmans de l’hôtel.

Après la prière du matin,le jeune homme se planche ensuite sur les révisions pour ses examens. Les fidèles accomplissent leurs prières quotidiennes dans leurs chambres.

A la rupture du jeûne, Anas refait l’appel à la prière au coucher du soleil. C’est l’heure de rompre le jeûne, comme à l’accoutumée avec des dattes, une boisson rafraîchissante ou de l’eau. Une fois le namaz maghrib accompli, la famille se réunit sur le balcon pour le dîner.

Pour Anas, c’est un moment privilégié où la famille peut communiquer, et se soutenir mutuellement.

Pour la dernière prière de la nuit, soit la prière dite ‘Esha’, ainsi que pour le ‘Taraweeh’, chacun l’accomplit dans sa chambre, avant de se mettre au lit.

« C’est alors qu’on réalise l’importance des liens familiaux »

Ces 10 derniers jours se sont plutôt bien passés pour Anas. Chacun a pu se concentrer davantage dans sa chambre à adorer et à faire les louanges d’Allah. « On a eu plus de temps pour nous rapprocher avec le Créateur, et bénéficier ainsi plus de ce mois sacré », nous dit Anas.

Notre interlocuteur nous dit qu’en temps normal, à la maison, l’heure passe plus vite, avec les tâches au quotidien mais en quarantaine, le temps passe plus lentement et on sent que le jeûne dure plus longtemps.

Cependant, il nous confie qu’il ne s’est pas senti différent quand il s’agissait de jeûner. « Alhamdulillah, on a pu observer tous nos ‘roza’, ce qui constitue l’un des piliers de l’Islam, et on fait cela pour le plaisir d’Allah », ajoute Anas.

Il se souvient aussi de quelques bons moments. Ainsi, pendant l’heure du ‘Sehri’, de l’Iftaar et du dîner, la famille a pu se réunir ensemble pour passer de bons moments ou pour accomplir les prières, mais surtout pour adorer Dieu.

Passer le Ramadan et l’Eid en quarantaine donne beaucoup à réfléchir sur l’importance de la vie familiale, selon Anas Sakhawoth. « On est juste à côté mais on ne peut pas se rencontrer tout le temps, et encore moins partager un repas ensemble. C’est alors qu’on réalise l’importance des liens familiaux. Une fois ici, nous manquons la présence de nos parents, mais à la maison, quand ils sont là, on ne se rend pas compte de tout cela », indique-t-il.

Dans ce centre de quarantaine, entre 9 h et 14 h, des infirmiers viennent prendre leur température. Chaque 7 jours, ils effectuent leurs tests PCR. « Certes, rester dans une chambre toute une journée n’est pas facile. Mais pour notre santé et celui de notre famille, ainsi que pour les autres personnes, c’est primordial. Il vaut mieux qu’on reste ici, au lieu de mettre non seulement notre vie, mais aussi celle des autres, en danger. On doit rester positif, ferme et garder confiance en Allah. C’est lui-même qui nous donne la maladie, et c’est lui-même qui nous donne la guérison », poursuit le jeune homme.

Au niveau de l’hôtel, Anas Sakhawoth n’a aucun reproche concernant le service et met l’emphase sur la variété et la bonne qualité de la nourriture. « Même le chef nous téléphone pour nous demander ce qu’on veut avoir pour manger. Je remercie les membres du personnel de l’hôtel pour ça. »

 Pour Anas Sakhawoth qui a aussi passé la fête d’Eid-Ul-Fitr marquant la fin de jeûne de mois de Ramadan, la fête était complètement différente cette année-ci avec la quarantaine. Loin de ses proches et sa famille, le jeune homme est resté seul dans sa chambre.

Par contre, il a eu des nombreux appels de la part de ses amis qui ne l’ont pas oublié. Il a aussi pu appeler ses parents qui étaient eux aussi en quarantaine avec lui pour leur souhaiter Eid Mubarak. Pearl Beach Resort leur a préparé du briani de boeuf pour le déjeûner ce qui a vraiment plu au jeune étudiant ainsi que tous les musulmans de ce centre de quarantaine. De la vermicelle leur a été servie pour le dessert.