« Qu’il y ait une solidarité entre les femmes »
Dans cette nouvelle rubrique, nous partons à la rencontre des femmes qui ont tendance à sortir hors des sentiers battus. Elles viennent de différents milieux, mais ont une chose en commun : l’émancipation de la femme et son rôle dans la société. Il faut dire que le rôle de la femme a beaucoup évolué, mais toujours les femmes ont besoin de se démarquer. Pour cette première rubrique, nous avons rencontré Saffiyah Chady Edoo, une femme de 38 ans, dans le domaine linguistique. Elle nous explique sa façon de concilier vie familiale et vie professionnelle et nous offre ses points de vue sur des enjeux familiaux et sociétaux.
Saffiyah Chady Edoo est âgée de 38 ans. Elle travaille en freelance comme ‘Copy Editor’ et traductrice.Elle a trois enfants, dont deux garçons et une fille, âgés entre 9 et 16 ans.
Saffiyah se dévoue à élever et préparer ses enfants pour qu’ils puissent affronter toutes les épreuves de la vie après leurs 18 ans. Elle nous explique que ses enfants ont un degré d’autonomie, ce qui fait qu’elle peut accomplir ses travaux professionnels. Elle tient à ce que les choses soient bien claires au sein de sa famille, notamment en ce qui concerne ses enfants: elle fait en sorte qu’elle puisse s’accorder un peu de temps à elle-même, un ‘time alone’ qui l’aide à se ressourcer. Comme Saffiyah a la possibilité de travailler à la maison, il est relativement facile pour elle de gérer son travail et sa famille.
Elle a grandi dans une famille de trois filles et un garçon. Ses parents n’ont jamais traité leurs enfants différemment, que ce soit en termes d’éducation et d’inculcation de valeurs. « Je ne me suis jamais sentie inférieure à mon frère en grandissant », nous dit-elle.
Ce qu’elle met en pratique à son tour. « Pour moi, toutes les valeurs et les ‘life skills’ sont les mêmes. Que ce soit ma fille ou mes garçons, je n’attribue pas les tâches différemment. Qu’il s’agisse de faire la cuisine, de préparer du thé ou même de repasser leurs vêtements. Pour moi, ce sont tous des ‘life skills’ », avance la trentenaire. « Ce n’est pas parce qu’on est des femmes qu’on est moins que les hommes », assené-t-elle.
Quel regard jette-t-elle sur la société mauricienne actuellement ? Notre interlocutrice soutient que les Mauriciennes ont fait de grands pas en avant et qu’elles sont plus conscientes de leur force et de leur faiblesse. Pour elle, les femmes doivent être conscientes de leurs droits et de leur identité et il leur faut être prêtes à défendre ces droits.
Saffiyah Edoo estime néanmoins que le tabou est toujours présent en ce qui concerne certains problèmes familiaux. Les femmes sont plutôt timides et réticentes à s’exprimer, alors que cela les ronge de l’intérieur. Elles pensent souvent qu’elles sont seules à faire face à une quelconque situation alors que ce n’est pas forcément le cas.
Notre interlocutrice se souvient une fois qu’elle a dû intervenir sur les réseaux sociaux pour défendre une femme dont le bébé a été ébouillanté. Une autre fois, c’était pour une autre femme dont l’enfant a été pris en charge par la sécurité sociale. Selon elle, les gens réagissent trop vite, sans vraiment réfléchir aux épreuves qu’une femme traverse dans sa vie, ce qui est inacceptable pour elle. « C’est à travers des articles que j’ai écrits dans Le Mauricien que j’ai pu défendre certaines causes », nous indique la jeune mère de famille.
Quel regard jette-t-elle sur l’Islam et les femmes ? La place que l’Islam accorde aux femmes, selon Saffiyah, fait que ces dernières ont des droits et des libertés, mais également des devoirs. Dans le même contexte, elle est d’avis que dans un premier temps, les leaders religieux pourraient mettre sur pied des groupes de soutien pour que des personnes qui font face à la violence domestique peuvent se rencontrer en toute confidentialité, et où elles pourraient aussi bénéficier d’un service juridique, entre autres.
Comment envisage-t-elle l’avenir pour les femmes ? Saffiyah souhaite surtout qu’il y ait une solidarité entre les femmes. Elle souhaite qu’il y ait une ‘sisterhood’ entre les femmes, quelle que soit leur communauté. « Les femmes doivent respecter le choix et la liberté d’autres femmes, même si leurs convictions ne s’alignent pas », soutient-elle. « La force se retrouve dans l’unité », affirme-t-elle.
« Nous sommes arrivés à un moment où les femmes ont le choix. En d’autres mots, nous avons franchi plusieurs obstacles, grâce aux batailles que non seulement les femmes, mais aussi les hommes, ont remportées », fait ressortir la mère de famille.
Cette dernière pense toujours que l’on peut aussi enseigner aux garçons les mêmes valeurs qu’on enseigne aux filles. Pour Saffiyah, les hommes et les femmes doivent faire ce parcours ensemble, et non pas uniquement les femmes.
