Un travailleur bangladais torturé par des chocs électriques

Les conditions dans lesquelles travaillent et vivent les Bangladais à Maurice ont souvent soulevé l’indignation. Cette fois-ci, l’horreur est monté d’un cran, avec un groupe de travailleurs qui a été sévèrement battu, dont un qui a été torturé par des chocs électriques, dans une entreprise à Rose-Hill.

Six travailleurs bangladais, Mohamed Sumon, Shah Alam, Tulan Chandor Roy, Shahalom Chowdhury, Sojit Chandra Das et Mohammad Abu Taleb sont venus de différents districts du Bangladesh pour travailler chez Creative Design Ltd, une entreprise mauricienne sise à Rose-Hill.

Ces Bangladais ont été recrutés par un agent connu comme Hanif. Après avoir atterri à Maurice et rejoint les locaux de l’entreprise à Rose-Hill, ils devaient découvrir que c’était tout à fait différent de ce qui était écrit dans leur contrat.

Ces six travailleurs vivaient dans une pièce de 12 pieds sur 12 pieds, où il n’y avait pas de fenêtre et une seule porte. Dans les autres pièces, leurs vêtements avaient été amoncelés avec d’autres matériaux. On se pose la question : comment la société Creative Design Ltd a-t-elle pu obtenir un certificat du service sanitaire ou du service d’incendie ?

Les Bangladais devaient travailler 18 heures, parfois 20 heures, par jour, 7 jours sur 7, sans avoir un week-end ‘off’ ou de congé durant les jours fériés.

Le propriétaire et gérant de Creative Design Ltd violait aussi allègrement les termes des contrats des Bangladais. Shah Alam avait été recruté comme cuisinier mais il n’a jamais travaillé comme cuisinier. Il a effectué divers travaux pour finalement travailler dans le mini-marché du propriétaire. Idem pour Tulan Chandor Roy, qui avait été recruté comme maçon mais qui travaillait comme tailleur et décorateur.

En outre, ces travailleurs ne recevaient pas de paiement pour les heures supplémentaires qu’ils effectuaient et ne recevaient aucune allocation alimentaire, contrairement à ce qui a été mentionné dans leur contrat.

Ainsi, pendant longtemps, ils ont subi les injustices du propriétaire et de ses deux fils.

Ces travailleurs ont essayé de rencontrer les officiels du haut-commissariat du Bangladesh à Port Louis. Mais malheureusement, la direction a eu vent de ce « complot ».

Le 30 août 2021, le propriétaire et ses deux fils se sont rendus dans la chambre des Bangladais. Ils étaient accompagnés de six hommes, dont quatre se sont présentés comme des officiers du Passport & Immigration Office (PIO), tandis que les deux autres se sont présentés comme des officiers du CCID.

Ces six hommes ont pressé de questions les Bangladais, leur demandant pourquoi ils voulaient rencontrer les préposés du haut-commissariat du Bangladesh. Ils ont ensuite commencé à agresser les Bangladais. Gifles et coups de pied ont plu. Les Bangladais ont même été attachés avec des câbles et ont été battus avec la manche d’un couteau.

Lorsque Mohamed Sumon a voulu voir leurs cartes d’identité, les hommes sont devenus plus agressifs. Ils ont donné à ce dernier plusieurs chocs électriques provenant d’un câble sur ses genoux. Quand ce dernier s’est évanoui, ils l’ont aspergé avec de l’eau et lui ont infligé d’autres chocs électriques sur sa poitrine. Son nez a commencé à saigner et il est tombé du lit.

Les Bangladais ont demandé pardon mais le propriétaire devait leur répondre qu’il ne pouvait rien y faire, car ces hommes étaient du CCID. Après avoir été battus, les travailleurs ont été enfermés dans la pièce.

Le lendemain, ils ont tous été forcés à aller travailler, sans avoir reçu aucun traitement médical. Les travailleurs ont demandé qu’on les emmene à l’hôpital car ils souffraient de douleurs. Le propriétaire devait leur répondre : « Si vous mourez, ce n’est pas un problème ! Nous verrons quoi faire après votre mort. »

Le 2 septembre 2021, Mohamed Sumon a réussi à sortir de cet endroit pour aller rejoindre le haut-commissariat du Bangladesh. Là-bas, il a pu recevoir les soins médicaux nécessaires. Les 5 autres Bangladais ont été sauvés de cet antre et sont maintenant dans un abri. L’International Organization for Migration (IOM), le syndicaliste Faizal Ally Beegum  et le ministère du Travail ont ensuite été alertés. La police de Rose Hill a ouvert une enquête à ce sujet. Dans le giron des autorités : Kishan Teeluck, le propriétaire de Creative Design Ltd, et ses deux fils, Keshav et Kevin.

L’avocat des Bangladais, Me Budhoo Ekant Bhavish, nous a confirmé que la police a déjà commencé ses investigations. Une fois l’enquête terminée, l’affaire sera référée à la justice.

Notons que le pays compte environ 24 000 travailleurs bangladais qui travaillent dans de différents secteurs, contribuant à l’économie mauricienne. Ces travailleurs doivent débourser environ Rs 150 000 comme frais en espérant améliorer leur sort et nourrir leur famille mais tombent souvent des nues en constatant la réalité de leurs conditions de travail à Maurice.