Affaire Franklin : D’autres propriétés identifiées et bientôt saisies

La semaine a été riche en développements avec l’arrestation de Jean Hubert Celerine, alias Franklin. « Trick », comme l’a dit Navin Ramgoolam, ou pas, l’enquête sur Franklin a débuté la semaine dernière avec l’arrestation d’un premier suspect, lundi dernier. Les enquêteurs de l’ICAC ont fait une descente au domicile de Rikesh Sumboo à La Gaulette. Trois véhicules y ont été saisis. La luxueuse maison où ils ont fait cette descente à La Gaulette, et dont la valeur dépasse les Rs 25 millions, ont aussi attiré leur attention. Dans la même soirée, Rikesh Sumboo a été arrêté et placé en détention.

Le lendemain, c’est au tour de Franklin d’être entendu par les enquêteurs de la commission anticorruption. À son arrivée au Réduit Triangle, il a été placé en état d’arrestation avant d’être traduit devant la cour de Bambous sous une charge provisoire de blanchiment d’argent. L’ICAC a objecté à sa remise en liberté conditionnelle. Ce sont les aveux de Rikesh Sumboo qui ont poussé l’ICAC a procédé à l’arrestation de Franklin.

Interrogé sur cette maison de luxe construite sur un terrain de Rikesh Sumboo, ce dernier a expliqué aux limiers que cette maison a été construite par Franklin. Il a affirmé avoir vendu le terrain au suspect, sans l’avoir toutefois transféré en son nom. Cela fait plusieurs mois que des contracteurs effectuent des travaux sur place. Mardi, cette propriété était évaluée à Rs 25 millions. Mais les enquêteurs sont intimement convaincus qu’il y a d’autres propriétés immobilières appartenant à Franklin sous des prête-noms. L’ICAC a, semble-t-il, déjà identifié plusieurs autres propriétés et des descentes sont prévues prochainement.

Sept véhicules saisis depuis lundi 

Sept véhicules ont été saisis et placés sous scellés dans les locaux de l’ICAC à Réduit, et font l’objet d’« attachment orders ». Tandis que plusieurs autres, dont des camions, sont actuellement recherchés. Certaines sources à l’ICAC nous affirment que certains véhicules ont déjà été déplacés depuis l’offensive de l’ICAC. Mais il n’y a pas que des véhicules qui ont été saisis. Jeudi après-midi, c’est avec l’aide des éléments de la National Coast Guard (NCG) que les limiers ont mené une opération dans le lagon de La Preneuse. Un yacht évalué à plus de Rs 10 millions a été saisi et remorqué jusqu’au port et placé sous au surveillance du ‘Landing Steps’ du port.

Initialement, la valeur annoncée du yacht était de Rs 2, 5 millions. Ce que des professionnels dans le domaine maritime ont vite dénoncé, en insistant qu’un tel bateau coûterait au moins Rs 25 millions. Mais une source à l’ICAC argue que c’est sur un acte de vente que la modique somme de Rs 2, 5 millions serait mentionnée comme le prix de la vente du yacht. Ce qui est clair pour les enquêteurs, c’est qu’il s’agit d’une affaire flagrante de blanchiment d’argent.

Les biens et business de Franklin sous la loupe

Location de voiture, élevage d’animaux et restauration… Tels sont les commerces que possède Franklin depuis un certain temps. Les enquêteurs comptent ainsi passer au crible les affaires de Franklin. D’ailleurs, ils ont déjà réclamé des documents auprès des proches du suspect pour l’exercice de vérification qui devrait débuter la semaine prochaine.

Les enquêteurs comptent également mettre la main sur pas moins de cinq personnes soupçonnées d’être des prête-noms de Franklin. Parmi se trouvent des entrepreneurs de construction de bâtiment, alors que d’autres possèdent plusieurs appartements dans la région de l’ouest du pays.

Les profils Facebook de certains politiciens supprimés

Franklin est devenu un véritable boulet au pied de certains politiciens, depuis l’éclatement de cette affaire, surtout après que la presse ait révélé que cet homme controversé était proche de certains d’entre eux. En décembre dernier, ces politiciens étaient présents à une distribution de jouets dans la région de Rivière-Noire. Des photos ont soudainement disparu des réseaux sociaux.

L’investissement dans des véhicules 

Si certains véhicules ont déjà disparu de la circulation, d’autres se trouvent actuellement chez certains concessionnaires. Les limiers de la commission anti-corruption sont à la recherche de certains de ces véhicules qui ont été vendus à un prix dérisoire pour les débarrasser. Des concessionnaires ont profité de ces deals pour se faire de l’argent. 

Le walk-out de Maneesh Gobin

L’Attorney General n’était visiblement pas dans son assiette lors de la conférence de presse qu’il avait lui-même prévue, mercredi. Mal à l’aise et gêné, c’est presque en tâtonnant qu’il a répondu aux questions de la presse avant de finalement faire un walk-out, prétextant que tout le monde parlait en même temps. Au final, Maneesh Gobin n’a rien révélé sur la demande d’extradition de Franklin faite de la Réunion, préférant se justifier en disant qu’il attend le feu vert de la France avant de pouvoir dire quoi que ce soit.

Pravind Jugnauth se défend et menace…

Bien qu’il se soit jusqu’ici gardé de commenter l’affaire Franklin, le Premier ministre a cependant réagi vite comme éclair après qu’une photo de lui en compagnie de Rikesh Sumbhoo a fait son chemin sur les réseaux sociaux. Il a soutenu, dans un communiqué de presse émis par le biais de l’avouée Shamila Sonah-Ori, qu’il « condamne avec force ces tentatives qui ne sont que pure fabrication, sont dénuées de tout fondement quelconque, sont malicieuses et qui n’ont pour seul but que de porter atteinte à sa réputation ». Il met ainsi en garde ceux qui ternissent sa réputation et avance qu’il est en consultation avec ses hommes de loi pour « protéger ses droits » et poursuivre ceux qui sont « responsables de ces actes hautement condamnables ».

Pravind Jugnauth semble toutefois oublier qu’il avait lui-même tenté de ternir la réputation de certains membres de l’opposition à plusieurs reprises en brandissant, au sein de l’Assemblée nationale, des photos de certains dirigeants du PTr en compagnie de Bruneau Laurette. Il n’était pas question alors de « protection des droits »…

Navin Ramgoolam : « Ene trick sa »

Le leader du PTr n’a pas tardé à réagir sur l’affaire Franklin. S’adressant à la presse à l’issue du bureau politique jeudi, Navin Ramgoolam a déploré que « La Réunion pe rode li (ndlr : Franklin) depi comié le temps. Ene ministre la Justice ignore seki La Réunion ine demandé. Pe zoué mort. Kan La Réunion commence kozé, guet zot trick, aster ki pou alle arrête Franklin pou la commence ene procédure. Après vine dire ki pa kapave avoy li La Réunion parski ena ene procédure en cours ».