Angus Road : ‘Own goal’ de Pravind Jugnauth ?

Alors que l’enquête de l’ICAC piétine, une lueur d’espoir se profile néanmoins à l’horizon dans l’affaire Angus Road. Et cela après un procès en diffamation qu’a logé le Premier ministre lui-même contre Roshi Bhadain. Pravind a attendu un peu plus d’un an après les premières allégations faites par le leader du Reform Party contre lui concernant l’acquisition de terrains à Vacoas pour qu’il lui intente une plainte en réclamation de Rs 50 millions. Le chef du gouvernement rejette les accusations portées contre lui et soutient que ces « propos diffamatoires » nuisent à sa réputation et lui causent beaucoup de préjudices, d’autant qu’il a dû affronter les critiques de ses opposants politiques et de la population.

La réplique de Roshi Bhadain ne s’est toutefois pas fait attendre. Le leader du Reform Party se réjouit de cette tournure des événements, car cela lui donnera « beaucoup d’opportunités », dit-il, pour interroger Pravind Jugnauth qui « pou bizin rentre dan box pou repone questions lor Angus Road ». « J’ai dit toute la vérité sur l’affaire Angus Road et j’ai tous les documents y relatifs. Je n’ai aucun problème pour interroger Pravind Jugnauth et Lakwizinn sur cette affaire. Je convoquerai aussi beaucoup de témoins, dont des journalistes », soutient-il. D’ajouter que Pravind Jugnauth devra d’abord prouver qu’il a dit des faussetés avant qu’il ne lui montre « seki appel la vérité ». « Ki fausse seki mone dire la ? C’est 100% vrai », rétorque le leader du Reform Party.

Roshi Bhadain révèle qu’il ira encore plus loin durant le procès. Et pour cause ! Il compte révéler d’autres documents. « Nou ava gueter kot Govinden ine gagne cash. Nou ava gueter ki cash kine payer. Nou ava gueter pou ki raison ti payer. Nou ava gueter kuma Govinden ine gagne sa compte bancaire Rountree la. Kuma line gagne sa numéro compte la pou li paye là-bas. Lerla nou ava koner si pas Govinden ti ena dealings avec Bel Air St. Felix », avance-t-il. Et d’enfoncer le clou : « ena encore papiers pou sorti la. Ziska l’heure ine montrer papier kot ena 3 terrains kot li ek so madam ine signer en juin 2004. Comme acquéreurs svp, pas comme voisins ki arpenteurs ine vine gueter […] be pou ena enkor papiers pou sorti ki li pane trouver. Lerla nou ava gueter ki li raconter ».

Le leader du Reform Party affirme, dans la même foulée, qu’il fera tout pour qu’il n’y ait pas de « delaying tactics ». « Li line met case, moi mo pou fer case la alle vite », poursuit-il. « Tou zistwar Angus Road depi commencement ziska la fin tou pou sorti dans la cour avec preuves, avec documents, avec témoignages et la population mauricienne pou trouver », conclut-il. L’affaire, rappelons-le, a été fixée pour le 11 novembre prochain en Cour suprême. Si cette plainte s’avère vraiment être du pain béni pour Roshi Bhadain, il se pourrait alors que Pravind Jugnauth ait mal calculé son ‘move’, car son action risquerait de retourner contre lui-même. Ce qu’on pourrait alors appeler un « own goal ». À noter aussi que Roahi Bhadain a fait un ‘counter claim’ de Rs 100 millions qu’il compte distribuer aux nécessiteux à travers des associations caritatives.

Dépenses électorales

Pravind Jugnauth au centre d’un autre procès

La plainte en réclamation de Pravind Jugnauth contre Roshi Bhadain ne sera pas la seule bataille qui opposera ces deux opposants politiques, jadis « frères ». Avant le 11 novembre 2021, date à laquelle cette affaire sera appelée en Cour suprême, le Premier ministre devra affronter le leader du Reform Party dans une autre affaire, plus précisément la « private prosecution » logée par Suren Dayal contre Pravind Jugnauth pour fausse déclaration concernant ses dépenses électorales aux élections de 2019. Roshi Bhadain sera aux côtés de Me. Antoine Domingue pour y défendre le candidat battu du PTr au no. 8. Cette affaire a été fixée pour le 8 novembre 2021. À condition que le Premier ministre se présente en Cour ce jour-là. Car il est prévu que le chef du gouvernement s’absente du pays du 1er jusqu’au 12 novembre prochain. Il dirigera une délégation à Glasgow où devra se tenir la conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP 26).

Suren Dayal, soulignons-le, reproche au Premier ministre et leader du MSM d’avoir falsifié ses dépenses électorales aux élections du 7 novembre 2019. Ce qui constitue un délit sous la « Representation of the People Act 1958 ». Alors que Pravind Jugnauth a soutenu qu’il n’a effectué que des dépenses de l’ordre de Rs 124 333 alors que « in fact and in truth, other expenditure has been incurred and payments made in connection with his candidature during his electoral campaign in the aforesaid constituency (ndlr : no. 8), more particularly as evidenced by numerous documents widely known as the Kistnen Papers, which were in custody of the late Soopramanien Kistnen, a political agent of the MSM political party and of the aforesaid accused in the aforesaid constituency ».

Cette affaire promet aussi de tenir en haleine la population.

Pravind Jugnauth contre-attaque

Contrairement à sa réclamation pour diffamation contre Roshi Bhadain qui est venu après plus d’un an, Pravind Jugnauth n’a pas tardé à réagir suivant la « private prosecution » qu’a logée Suren Dayal contre lui pour déclaration de fausses dépenses électorales. Il a passé à l’offensive en fin de semaine en réclamant un ordre de la Cour suprême pour rejeter la motion de Suren Dayal, sous prétexte que ce dernier, son adversaire politique au no. 8 lors des dernières législatives, pas de ‘locus standi’ pour le poursuivre. Il s’appuie également sur l’article 1985 de la ‘Courts Act’ pour arguer que seul le DPP peut poursuivre un individu, en soutenant que la démarche du candidat battu du PTr est « illégale ». La motion sera appelée demain, lundi 25 octobre, devant le chef juge Asraf Cauhnye.