Anil Kumar Ramnarain : « Les paris illégaux sont le cancer du monde hippique »

  • En raison de ce problème, le MTC enregistre un manque à gagner de Rs 500 M

Forcé de démissionner comme président du MTC en raison de sa proximité avec le Parti travailliste (Ptr), Anil Kumar Ramnarain revient sur les circonstances de sa démission. Titulaire d’un diplôme supérieur en ‘management accounting’, cet amoureux du monde hippique parle d’un manque à gagner entre Rs 400 et Rs 500 M chaque saison hippique pour le MTC, dû aux paris illégaux, et s’interroge sur le vrai motif qui empêche le gouvernement à combattre ce problème, qu’il qualifie de « cancer du monde hippique », et explique que tout en orchestré en faveur d’un ponte proche du régime actuel, qui commence à étendre ses tentacules sur tout le monde hippique.

Anil Kumar Ramnarain fait d’emblée rappeler que Jean-Michel Giraud et lui-même avaient déjà écrit aux autorités concernées, leur demandant de mettre fin aux paris illégaux. « Je m’interroge sur le silence complice de l’État sur cette question. Pourtant, ces parieurs au noir sont connus de tout le monde, même des autorités. Pourquoi ni le gouvernement ni la Gambling Regulatory Authority (GRA) ne font rien pour que cesse cette pratique frauduleuse ? », se demande-t-il.

Dans cette même optique, il indique que normalement le chiffre d’affaires officiel d’une saison hippique tourne autour de Rs 5 milliards. « Or, selon des informations dont nous disposons, ces parieurs illégaux encaissent le double de ce chiffre, soit Rs 10 milliards. Je dois dire, à ce stade, que le pari illégal fait perdre au MTC plus de Rs 500 millions. Si le MTC paie 14 % de taxe sur le pari, ces parieurs non-patentés ne paieraient que 5 %. Non seulement nous enregistrons un manque à gagner, mais il y a aussi une somme phénoménale qui n’entre pas dans les caisses du gouvernement. Nous nous demandons donc pourquoi ce silence et pourquoi ce manque de volonté à combattre un tel fléau », dit-il. « Et aussi quel est le rôle de la Brigade des jeux dans le contrôle de cette situation ? », s’est-il demandé.

Il poursuit : « Un autre point noir concerne les chevaux qui participent aux courses pour des propriétaires prête-noms. L’année dernière, nous avons demandé au gouvernement d’ouvrir une enquête à ce sujet, mais rien n’a été fait ».

Parlant de cette culture de « tuyau de course », notre interlocuteur rappelle que c’est un piège pour attirer les turfistes. « Il faut que la majorité des turfistes perdent pour que les organisateurs de paris gagnent de leur côté », dit-il. Donc, si le système de « tuyau » est fiable pour un certain temps, après c’est « banne tuyo percer », comme laisse entendre Anil Kumar Ramnarain. « Je lance un appel aux turfistes de ne pas tomber dans ce piège », lance-t-il, avant d’exprimer son appréhension à l’effet qu’un jour, il pourrait y avoir une émeute au Champs-de-Mars en raison de ces « courses truquées ».

Selon Anil Ramnarain, avec la politisation à outrance du MTC, le monde hippique a pris « un sale coup ». Notre interlocuteur fait rappeler qu’en 2008, sous Navin Ramgoolam, celui-ci avait imposé que le MTC mette sur pied deux ‘trust funds’. L’un est en faveur des jockeys/apprenti jockeys en cas de décès, tandis que l’autre, le ‘MTC Charitable Trust’, vient en aide aux démunis de la société ainsi qu’aux personnes autrement capables. « À l’heure où je vous parle, je ne peux affirmer le montant qui reste dans ces fonds. En tout cas, ces deux ‘trusts’ existent bel et bien », a-t-il précisé.

« Pour rendre la situation encore plus compliquée, ce gouvernement nous a, par le truchement d’une loi, obligé de convertir le MTC en une compagnie publique. Tel n’aurait pas dû être le cas car il n’existe aucun risque de détournement de fonds au sein du MTC vu que toutes les recettes en liquide sont versées directement dans nos comptes bancaires. Tout est clair et tout est vérifiable », souligne-t-il, avant d’ajouter que « la seule transaction où nous obtenons de l’argent liquide en main, c’est durant la vente des billets pour les loges ».

Dans un autre ordre d’idées, notre interlocuteur accuse un groupe de cinq personnes qui a participé à la mort du MTC. « Deux de ces cinq personnes ont signé à l’insu du Board du MTC un ‘Non-Disclosure Agreement’ avec la GRA. De ce fait, ils sont tenus par cet accord de ne rien révéler au Board sur toutes les négociations qui ont eu lieu au sein de la GRA », indique-t-il.

Parlant de sa démission comme président du MTC, alors qu’il avait été fraîchement élu, il souligne que cela fait 40 ans qu’il fréquente les loges du Champ-de-Mars. Comptant 10 ans comme membre fondateur, il a aussi côtoyé les commissaires aux courses et en septembre de l’année dernière, quand il avait été coopté comme membre du Board, il avait soumis une application pour avoir un ‘Personal Management Licence’ (PML). Ce n’est qu’en avril de cette année qu’il a obtenu ce permis.

Selon lui, « à l’annonce de la démission de Jean-Michel Giraud, les autres trois membres du Board, notamment Paul France Tenant, Nicolas Carosin et Benoit Halbwachs (secrétaire du Board) ont été unanimes à ce que je sois président. Toutefois, j’ai demandé un temps de réflexion suite à certains points soulevés lors de ce débat. La réunion du Board avait pris fin vers 14 h et vers 17 h, je leur ai fait part de mon accord pour assumer la présidence du MTC. Le secrétaire du Board m’avait répondu en me disant que j’avais pris une sage décision alors que Nicolas Carosin me félicitait pour cette décision ».

« Le lendemain matin, à 8 h, j’étais déjà sur place pour commencer à travailler car il y avait beaucoup à faire, surtout en ce qui concerne la récupération du Champ-de-Mars. Tout était normal jusqu’à 15 h. Après, des journalistes ont commencé à m’appeler pour me dire qu’il n’y avait aucune certitude que je serais président le lendemain. En même temps, un ami m’a demandé de visiter Facebook car plusieurs de mes anciens ‘posts’ refaisaient surface. J’ai donc compris qu’il y avait un complot ourdi contre moi et ce, en raison de ma proximité avec le Parti travailliste. Le Board qui devait ratifier mon nom comme président ne l’avait pas fait, et sachant déjà que j’allais suivre les pas de JMG, ils avaient déjà préparé l’entrée de Ranzz Merven comme membre coopté. Déçu par ce comportement des membres du Board, je leur ai dit qu’ils sont des poltrons et des capons. Je leur ai dit qu’à cause d’eux, le MTC se dirige vers sa mort sûre. Tout est orchestré en faveur d’un proche du gouvernement », conclut-il.

ASH