[Augmentation de la masse monétaire dans le pays] Inflation : Cet invité indésirable présent dans la durée

Tel un invité indésirable, l’inflation s’est invitée chez nous depuis plusieurs années déjà et refuse carrément de partir. En 2024, elle promet d’allonger encore son séjour, surtout avec la masse monétaire additionnelle qu’il y aura dans le pays avec la hausse du salaire minimum et de la pension de vieillesse pour une catégorie de pensionnaires. Il faudra donc composer avec elle dans la durée, même si techniquement, le taux sera moins élevé cette année, comparativement à l’année dernière quand elle se chiffrait à 10%, comme nous l’explique l’économiste Takesh Luckho.

Ce dernier précise d’emblée que le taux d’inflation a effectivement connu une baisse en termes de pourcentage, passant de 10% en 2023 à environ 6 – 7% actuellement. Mais cela ne signifie pas, selon lui, que les prix baissent. « Les prix montent toujours, mais à un rythme moins effréné que l’année dernière », souligne Takesh Luckho. Ainsi, le coût de la vie accusera toujours une hausse. D’ailleurs, poursuit l’économiste, « si l’inflation était de 10% l’année dernière et à 6% maintenant, cela montre que les prix ont augmenté, au total, par 16% ».

Poussant le bouchon plus loin, notre interlocuteur met l’accent sur le fait que la compensation salariale et les allocations de la CSG n’amélioreront pas le pouvoir d’achat. « Leur rôle, c’est de maintenir le pouvoir d’achat et non pas de l’augmenter », fait-il ressortir. Par contre, la hausse du salaire de base, en particulier celui du salaire minimum et en attendant les réajustements du PRB pour les fonctionnaires, viendra augmenter la masse monétaire. Celle-ci créera, bien entendu, une pression inflationniste. « Même si l’inflation n’est pas à 2 chiffres, comme en 2023, elle sera néanmoins toujours et bel et bien présente », prévient Takesh Luckho.

L’économiste tire encore une fois la sonnette d’alarme et regrette que des mesures, que ce soit politique, monétaire ou fiscale, ne soient pas prises par le gouvernement pour combattre l’inflation et l’augmentation des prix. « Il ne fixe pas les prix des denrées de base. Il a enlevé les subsides qu’il avait accordés sur certains produits. Il est venu avec un système de ‘regressive mark-up’ pour les médicaments mais qui n’a pas marché, selon des professionnels du secteur qui maintiennent que les prix sont toujours élevés », se désole l’économiste.

Le salut, dit Takesh Luckho, réside dans la stabilisation de la valeur de la roupie, d’autant que le pays dépend fortement des importations. « La roupie s’est quelque peu stabilisée et c’est pour cela qu’on n’a pas vu notre pouvoir d’achat dégringoler. Mais il faudra aussi contrôler les hausses de prix sur le marché à travers le ‘margin’ ou le ‘mark-up’. Il faut aussi sensibiliser les consommateurs sur l’importance de trouver des produits alternatifs qui sont souvent de bonne qualité mais qui coûtent moins chers », conclut-il.