Autocratie parlementaire

Auguste Assemblée nationale ? Temple de la démocratie ? Que nenni ! Le Parlement mauricien a été réduit à un « laughing stock » aux yeux du monde. Le président seychellois nous a même infligé une claque qui nous en fait voir de toutes les couleurs. « Nou Parlement bocou pli civilisé ki l’Assemblée Maurice. Bocou bocou plis ! », a lancé Wavel Ramkalawan, jeudi après-midi. Il a, sans le vouloir, enfoncé le clou lors de son explication à la MBC en soutenant que « bane échanges entre Speaker et bane membres bocou pli animé », confirmant ainsi qu’il se référait à l’attitude du Speaker. Une telle leçon en démocratie de la part des Seychelles, qui ont été sous le joug d’un régime dictatorial pendant 43 longues années, mais qui est néanmoins à la 27e place sur l’indice de corruption de Transparency International alors que Maurice se trouve à la 52e place, aurait dû faire rougir de honte le gouvernement.

Pourtant, elle semble avoir laissé de marbre les occupants du ‘Prime Minister’s Office’ (PMO) et de la State House. Pendant que ces derniers dorment sur leurs lauriers, enfermés dans leurs tours d’ivoire, le public mauricien se désole devant la disgrâce dans laquelle le pays est tombé. Tout cela à cause d’un déshonorable mal embouché qui n’inspire point de respect et qui se croit tout permis dans la Chambre qu’il confond souvent avec la « varangue laboutik » alors qu’il est censé y assurer la discipline et maintenir le décorum.

Il faut être vraiment grotesque et incivilisé pour dénigrer un des plus anciens parlementaires par rapport à sa condition médicale. On aurait tort de croire que le déshonorable Loudspeaker serait rappelé à l’ordre par le Président, sans doute trop occupé à jouer au vase à fleurs dans le jardin dont il aime tant s’occuper. Le Premier ministre ne lèvera pas non plus le petit doigt pour ramener le disgracieux Speaker sur les rails. Si ce dernier se permet de se comporter comme un « tapère » au sein de l’hémicycle, c’est parce qu’il jouit justement du soutien indéfectible, voire même la bénédiction, premier ministérielle. Exit donc la démocratie parlementaire et enter l’autocratie parlementaire.

Le Loudspeaker et le Premier ministre n’agissent-ils pas souvent de concert et de connivence quand il s’agit d’expulser et de suspendre des députés de l’opposition démocratiquement élus par le peuple ? Le mauvais spectacle auquel s’est adonné le déshonorable président de la Chambre en faisant un walk-out et en faisant perdre du temps inutilement à la Chambre n’a-t-il pas, au final, profité au chef du gouvernement qui a pu esquiver la question sur Angus Road ? Les membres du gouvernement ne ricanent-ils pas quand le Loudspeaker tyrannise les membres de l’opposition ? Pourquoi donc se débarrasseront-ils de lui alors qu’il fait leur jeu ?

En fait, le Speaker est à l’image même du gouvernement. Indigne. Incapable. Insouciant. Immoral. Ce qui nous amène à croire qu’il sera maintenu à son poste en dépit de toutes les critiques. À moins que le Premier ministre n’ouvre ses yeux et réalise le tort immense que le Speaker fait à l’image de notre pays qui commence à ressembler davantage à une république bananière. Ou qu’il soit contraint de sortir de sa complaisance grâce à la sonnette d’alarme des instances internationales.

Un forcing du leader du MMM pourrait également faire bouger les choses. Il est enfin temps pour que Paul Bérenger révèle le « true face » du Loudspeaker. L’image de Maurice est suffisamment écornée. Cacher certaines vérités, aussi vilaines soient-elles, ne jouera qu’en faveur du principal protagoniste. Ce que personne ne souhaite. Par respect pour la démocratie parlementaire, « the guy must go ». Si le Premier ministre ne le révoque pas, la population doit le contraindre à le faire.