Bal de consultants à Air Mauritius

« Combien de compagnies d’aviation CAPA a-t-il redressées ? » s’interrogent des spécialistes dans le domaine

Le bal des consultants à Air Mauritius interpelle. D’autant que la compagnie d’aviation nationale ne s’est pas encore tirée d’affaire, puisqu’elle sort à peine d’une administration longue et douloureuse. Raison pour laquelle le recrutement des consultants, plus précisément ceux du « Centre for Asia Pacific Aviation » (CAPA), n’est pas accueilli au sein du personnel d’Air Mauritius. Les employés estiment qu’il est grand temps de mettre un frein à ce genre de pratiques, d’autant que leur apport pour faire avancer la compagnie n’a jamais été prouvé. Il est malheureux, soutient un spécialiste dans le domaine de l’aviation, que la compagnie fasse de nouveau les mêmes erreurs du passé. « On continue de jeter des centaines de millions de roupies par la fenêtre alors qu’il aurait été plus sensé de redémarrer du bon pied, surtout quand on sait que la situation financière est toujours extrêmement difficile », nous avoue-t-il.

Personne ne comprend d’ailleurs pourquoi CAPA a fait sa réapparition alors que ses services, retenus peu après la mise sur pied du ‘Transformation Commitee’ pour redresser la compagnie en 2019, se sont avérés futiles, Air Mauritius ayant piqué du nez dès la fin de cette année, avant même que la pandémie Covid-19 ne vienne saigner à blanc les caisses de la compagnie. Des questions fusent ainsi sur la compétence de CAPA India. « Combien de compagnies d’aviation a-t-elle redressées ? », veut-on savoir dans le milieu. « Nou tou koner kot Air India été zordi. Kifer li pas alle redresse la-bas ? », ironisent des employés avertis. Un expert de l’aviation ne nous cache pas son agacement. « Ces consultants ne savent rien de la situation locale et n’ont aucune connaissance par rapport aux spécificités d’Air Mauritius », indique-t-il, en précisant que chaque compagnie d’aviation a ses propres exigences et spécificités.

« La mission d’Air Mauritius est très différente de celle des autres compagnies d’aviation. Qui peut prétendre la connaître mieux que les professionnels mauriciens eux-mêmes ? Pourquoi chercher ailleurs et leur payer les yeux de la tête alors qu’ils ne comprennent rien quand on aurait pu recruter des professionnels de chez nous ? » se demande-t-il. Les compétences mauriciennes, insiste-t-il, ne manque pas dans ce domaine. Il suffit d’ouvrir les yeux et leur faire appel. Ce qui aurait été un plus pour Air Mauritius puisqu’ils connaissent déjà les exigences des ‘stakeholders’ de la compagnie, dont celles de l’industrie touristique, la MTPA, les obligations sociales, voire même les spécificités politiques.

Un ancien cadre d’Air Mauritius nous révèle que les consultants se contentent très souvent de pondre sur papier l’agenda de celui qui a retenu ses services, sans n’avoir rien fait de concret. « Zot nek coupe palto la d’après seki client la envi », fait-il ressortir. Cet ancien cadre martèle qu’il n’y a aucun lieu d’avoir recours à des consultants pour définir ses objectifs et pour établir un ‘business plan’ selon les réalités économiques et les exigences du moment. « Air Mauritius existe depuis belle lurette. Il n’y a pas lieu pour qu’elle réinvente la roue. Il suffit qu’elle réajuste son plan selon le contexte actuel », dit-il.