Encore et toujours l’incontournable Sattar Hajee Abdoula

Il n’y a pas de fumée sans feu. Le gouvernement s’obstine à ne pas vouloir (intentionnellement ?) le comprendre. Il voit donc dans chaque dénonciation de la presse ou de ses opposants, un acte antipatriotique, une tentative de nuire à l’image du pays. Sans comprendre que toute dénonciation repose forcément sur des faits concrets. En balayant d’un revers de la main les noms des proches du MSM cités dans les ‘Pandora Papers’ en le mettant sur le dos de l’antipatriotisme, le ministre des Services financiers a commis un faux pas monumental. Car les documents ne sont pas ceux d’un média ayant un agenda caché contre le pouvoir en place comme le gouvernement l’aimerait le faire croire, mais ceux du Consortium International des Journalistes d’investigation (ICIJ).

Ce qui aurait dû contraindre Mahen Seeruttun à plus de prudence, du moins dans ses propos, quitte à ne pas relayer le mauvais signal aux instances régulatrices internationales, comme la FATF qui surveille les moindres faits et gestes de nos dirigeants politiques, surtout quand ils touchent au centre financier mauricien. Une vigilance qui, présume-t-on, s’accroîtra davantage quand un des noms cités dans ces ‘Pandora Papers’ est celui du chairman d’une des plus grandes institutions bancaires du pays, parmi d’autres fonctions tout aussi importantes. D’ailleurs, le refus d’instituer une enquête nous rappelle étrangement l’épisode « guet dans lizié » d’un certain Alvarro Sobrinho pour croire, dans le cas présent, en l’innocence de Sattar Hajee Abdoula et de Jaye Jhingree.

Certes, jusqu’à présent, rien ne prouve que ces derniers ont agi illégalement. Mais en même temps, le manque de transparence concernant les actions détenues par Sattar Hajee Abdoula n’aide pas à atténuer les doutes. Pourquoi ne répond-il pas tout simplement aux questions que lui a adressées l’Express pour tuer dans l’œuf toute perception de maldonnes ? Pourquoi entretenir le flou s’il n’a rien à cacher, d’autant que des contradictions ont été notées dans sa version initiale donnée à notre confrère et des documents que ce dernier a publiés par la suite ? Tout comme le Premier ministre dans l’affaire Angus Road, Sattar Hajee Abdoula, qu’on sait très proche de Pravind Jugnauth et qui est dans tous les coups de ce dernier fussent-ils l’affaire BAI incluant les négociations scandaleuses avec Dawood Rawat, la commission d’enquête sur Britam, et l’administration d’Air Mauritius entre autres, a une obligation morale de s’expliquer à la population, par respect pour le poste qu’il occupe au SBM Holdings Ltd et dans un souci de ne pas banaliser nos institutions financières.

La moindre bévue à ce stade pourrait compromettre les chances de notre centre financier de se refaire une virginité. Si nous sommes arrivés là d’ailleurs, c’est à cause des nombreux scandales commis sous le règne du MSM. De grâce, que les proches du pouvoir ne replongent maintenant pas notre offshore dans le désarroi à un moment aussi crucial où on s’apprête à s’en sortir. Ce qui sonnera le glas du pays, notre économie étant déjà à genoux, comme reconnu par le Premier ministre lui-même. Mais peut-être a-t-on tort de croire que les dirigeants du gouvernement, leurs petits copains et les ti-chefs de Lakwizinn pensent comme nous autres communs des mortels. Tout ce qui compte pour eux, c’est leurs poches. Comme le prouve la nomination de Ken Arian à la tête de l’Airport Holdings Ltd. Que les intérêts du pays s’effondrent, ils n’en ont cure.