Cela se sent bien qu’on est en pré-campagne électorale. Les choses s’activent depuis la concrétisation de l’alliance PTr-MMM-PMSD. Le gouvernement est en mode attaque, privant d’une part à son adversaire principal de l’autorisation d’utiliser les espaces publics pour la tenue de ses meetings et d’autre part, regroupant ses troupes, dont des jeunes devenus, après les personnes âgées, la cible d’une « campagne scientifique ». Ce qui cristallise son intention derrière l’allocation des Rs 20 000 à ceux atteignant l’âge de la majorité. Et subitement aussi, le Premier ministre a décidé de mettre de côté l’animosité qu’il nourrissait à l’égard de la presse depuis un moment déjà en sollicitant leur soutien dans son combat contre la drogue. Une stratégie qui vise à faire d’une pierre deux coups. D’abord à faire un coup médiatique, en donnant preuve de sa sincérité dans la lutte contre la drogue, et ensuite amadouer ceux qui sont responsables de la mauvaise presse qui lui colle à la peau et qui lui laisse sans doute un goût amer dans la bouche. Pravind Jugnauth aura ainsi compris qu’il ne peut pas se permettre d’avoir la presse à dos dans une campagne pré-électorale, voire électorale.
Pravind Jugnauth sait qu’il n’a pas intérêt à perdre les prochaines élections. C’est donc logique – quoique certaines de ses tactiques sont inacceptables et inexcusables – qu’il tente de déstabiliser l’alliance PTr-MMM-PMSD et Navin Ramgoolam qui incarnent l’alternance au gouvernement et au primeministership. D’autant que ceux-ci sont à l’origine d’une certaine effervescence qui « pe fer zot peur », selon Navin Ramgoolam. Mais ce que fait Roshi Bhadain, lui, est totalement illogique. En concentrant la majeure partie de ses tirs sur l’alliance PTr-MMM-PMSD, le leader du Reform Party s’est converti, consciemment ou inconsciemment, en un des plus grands agents de Pravind Jugnauth. Si Bhadain persiste dans cette voie jusqu’aux prochaines législatives, ce sera alors au tour de Pravind Jugnauth de lui donner un baisemain, en signe de reconnaissance et de gratitude. Parce que, qu’il se fasse élire ou pas, le fondateur du Reform Party aura quand même réussi à diviser les votes en faveur du fils Jugnauth. Le comble de l’ironie, c’est que Roshi Bhadain, qui prend un apparent plaisir à qualifier malicieusement l’alliance PTr-MMM-PMSD d’« alliance de grand-père », s’était lui-même fait élire en 2014, et ce pour la seule fois jusqu’ici, sous la bannière de l’Alliance Lepep, dirigée alors par les « grands-pères » sir Anerood Jugnauth, Ivan Collendavelloo et Xavier Duval.
Puisque la mémoire de Bhadain lui fait défaut, malgré son « jeune » âge, rafraîchissons-la. N’avait-il pas abandonné le MSM au moment où le fils Jugnauth prêtait serment, en montrant son attachement pour le « grand-père » SAJ ? « Tout ce que j’ai réussi, c’est quand sir Anerood était Premier ministre », avait-il expliqué par la suite alors que SAJ refusait de le reconnaître. Le bilan pour lequel il se tape l’estomac ? Sa responsabilité et sa participation engagées dans l’affaire BAI qui a coûté aux contribuables plus de Rs 20 milliards, l’affaire Betamax au coût d’environ Rs 6 milliards, les dizaines de millions de roupies payées à Stree Consulting pour le projet abandonné de Heritage City, le dommage causé à l’offshore mauricien suivant ses négociations avec l’Inde sur le traité de non-double imposition, la nomination de son père Chand Bhadain à la Banque de Développement et une série d’autres nominations puant le népotisme qu’il dénonce avec ferveur aujourd’hui. Ce qui est encore plus comique, c’est qu’il songe toujours à une alliance avec le Linion Pep Morisien (LPM) qui regroupe en son sein bien des grands-pères ! Que Roshi Bhadain veuille maintenant réformer le système, on veut bien, malgré tout, lui en donner le bénéfice du doute. Mais sa façon de s’y prendre est bien mauvaise. Et finira probablement par causer d’irréparables dégâts au pays et à la population, s’il ne revoit pas sa stratégie.