Britam : Responsabilité engagée du MSM

Le rapport de la commission d’enquête sur la vente de Britam (Kenya) ne surprend guère. N’en déplaise aux membres de la commission, dont un certain Satar Hajee Abdoula, homme de confiance de Pravind Jugnauth, qui insistent « that it was not set up to provide a forum for any witness to come forward to settle political scores », il était évident, dès le départ, que cette commission servirait d’arme politique au régime actuel pour assommer et disqualifier un opposant acharné à un moment où les pétitions électorales ou l’affaire Kistnen monopolisent l’attention du peuple. Surtout après que le baisemain de l’antagoniste a viré au « bez coup de pied in other parts ». Bien entendu, Roshi Bhadain n’est pas blanc comme neige. Quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse, en dépit du soutien affiché des Avengers ou de l’Alliance de l’Espoir dans un souci de ne pas se laisser déstabiliser ou discréditer, l’ancien ministre MSM de la Bonne Gouvernance et actuel leader du Reform Party ne peut pas être dédouané dans l’affaire BAI. C’est ce que confirme le rapport Britam, qu’il soit politiquement motivé ou pas, biaisé ou pas.

Par contre, ce que le gouvernement MSM tente de nous faire oublier, c’est que sa responsabilité, incluant celle de Pravind Jugnauth qui avait succédé à son père au poste de Premier ministre, est aussi pleinement engagée dans toute cette affaire. Le rôle d’un gouvernement n’est pas celui d’un « poupet doukia » ou d’un crédule qui avale toutes les couleuvres qu’on lui tend, surtout quand il est question d’un dossier aussi important qui a eu des répercussions tentaculaires sur le plan économique et qui a bouleversé des centaines de milliers de familles. Le fait même que le Conseil des ministres n’avait pas été informée de la transaction concernant Britam (Kenya), soldée à Rs 2, 4 milliards en outrepassant une offre de Rs 4, 3 milliards, est lourd de sens.

Selon les propres dires du Premier ministre au Parlement mardi, cette transaction « was by one-to-one discussion taking place behind closed doors where Cabinet, the Financial Services Commission and National Property Fund Limited (NPFL) Board were all kept in the dark ».   Ce qui sous-entend que, sous le régime MSM, un ministre peut se permettre de faire ce que bon lui semble sans qu’il n’ait des comptes à rendre au Cabinet ministériel ou au chef du gouvernement. Cela signifie que ces derniers ferment les yeux sur certains dossiers, en envoyant balader encore une fois le ‘due diligence’, et qu’ils abdiquent à leurs responsabilités vis-à-vis du peuple, ayant lamentablement failli à sauvegarder les intérêts de celui-ci. Bonne gouvernance ? Transparence ? Gouvernement crédible ? NON ! C’est une preuve sans équivoque de la mauvaise gestion du dossier BAI par le régime Jugnauth. C’est un aveu criant d’une incompétence récusable et inexcusable. Nando Bodha, ancien ministre MSM, reconnait maintenant qu’aucun exercice de ‘due diligence’ n’avait été fait au préalable. Sudhir Sesungkur, également ex-membre du cabinet ministériel du MSM, admet également que le démantèlement du groupe n’était pas la solution. Si les coupables dans l’affaire Britam méritent de faire face à la justice, le gouvernement MSM ne doit pas rester impuni non plus.

La tentative du Premier ministre de se blanchir au Parlement en déposant une copie du rapport n’est pas passée inaperçue. Il a voulu se laver les mains de tout blâme en soutenant que « the Commission was of the view that the collapse of the BAI Group might have been prevented, had KPMG and BDO acted responsibly and qualified the audit report of the BAI Group ». Grotesque quand on sait que si l’affaire avait été gérée différemment par le gouvernement MSM, avec plus de discernement et de professionnalisme et au lieu d’être motivé par la vengeance politique, le démantèlement du groupe BAI aurait pu être évité. D’ailleurs, même s’il s’est basé sur la question parlementaire B/291 du député travailliste Eshan Juman pour déposer le rapport Britam au Parlement, il a sciemment évité de répondre à l’autre partie de l’interpellation portant sur le montant des honoraires du Commissaire et de ses assesseurs.

Quel est le prix à payer pour cette commission qui recommande une enquête criminelle contre Roshi Bhadain et BDO, entre autres ? Plus important, pourquoi doit-on continuer à payer pour la gestion catastrophique et malsaine du gouvernement MSM ? Les faits incontestables demeurent que des milliards de roupies ont été tout simplement jetés par la fenêtre à travers la liquidation des actifs du groupe BAI, comme ceux de la vente de Britam, Courts, d’Apollo Bramwell et des voitures d’Iframac, sous la gouvernance du MSM et de Jugnauth tandis que plus d’une cinquantaine de détenteurs du SCBG et des investisseurs du BAML attendent toujours d’être remboursés six ans après le démantèlement du groupe.

De possibles poursuites contre Bhadain rafraîchiront peut-être le cœur de certains d’entre ces derniers, mais pour que justice leur soit rendue, il faut que ce régime s’excuse pour avoir failli à ses responsabilités envers eux, mais aussi ces milliers d’autres personnes qui ont souffert à cause de leur gestion amateuriste du dossier BAI. Si le Premier ministre avait un peu d’amour propre, il aurait rendu son tablier et retourné le pouvoir au peuple…