Jamais deux sans trois, dit l’adage. Ainsi, après le rapport de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath sur l’enquête judiciaire sur la mort de Kistnen, et le ‘ruling’ de la magistrate Jade Ngan Chai King concernant la demande de la remise en liberté provisoire de Bruneau Laurette, la décision de la juge Shameem Hamuth-Laulloo de geler la suspension du Dr Arvin Boolell mérite tout autant d’être saluée. Celle-ci illustre le triomphe de la justice sur l’injustice. La victoire de la démocratie contre l’oppression et la censure. Elle prouve que le judiciaire peut encore agir comme un rempart contre les dérives autoritaires.
Le Premier ministre l’avait-il vu venir cette claque magistrale, lui qui se targue d’être avocat et qui se permet d’insulter la compétence d’une magistrate ? Probablement pas. Autrement, il n’aurait jamais fait une telle motion en premier lieu. À moins, bien entendu, qu’il ait délibérément choisi de pervertir les ‘standing orders’, avec la collusion du Speaker, pour tenir le chef de file du PTr à l’écart du Parlement. Ce qui équivaudrait alors à une ‘colourable device’ pour oppresser l’opposition. Certes, elle n’est pas aussi drastique que celle utilisée contre Navin Ramgoolam par le MSM de SAJ en 1992 pour lui faire perdre son siège au Parlement. Mais la méthode employée est la même.
Le retour d’Arvin Boolell au sein de l’hémicycle ce mardi sera donc un camouflet pour le Speaker et le ‘Leader of the House’. Suffisamment pour que le Speaker, du moins, démissionne de son poste. Sauf que l’amour-propre ne figure pas dans l’ADN de ceux qui sont issus, ou qui sont proches, du MSM. C’est l’une des raisons, d’ailleurs, pour lesquelles Maneesh Gobin s’agrippera à ses portefeuilles ministériels aussi longtemps qu’il le pourra, bien que son nom soit cité dans une affaire d’allégations de pots-de-vin de l’ordre de Rs 3, 5 millions depuis plus de deux semaines.
Ce même Attorney General qui s’est réfugié derrière l’enquête de l’ICAC pour refuser de répondre à certaines questions du leader de l’Opposition le concernant mardi dernier est resté muet comme une carpe lorsque le Premier ministre a fait des attaques contre Navin Ramgoolam sur l’affaire des coffres-forts, alors que celle-ci fait l’objet d’un procès en cour. Preuve qu’ils ne font que ce qui leur sied et ce qui est en leur faveur. Heureusement qu’il y a toujours des institutions, comme le judiciaire, qui fonctionnent. Tout n’est peut-être pas perdu.