Doux, savoureux, pulpeux, le litchi, ce fruit bien de chez nous dont nous raffolons durant la période festive de fin d’année, fait la fierté de la famille Mosaheb, originaire de Notre-Dame. Elle s’occupe d’ailleurs de plusieurs vergers de ce fruit très convoité à Camp Laboue à Montagne-Longue. Au fil des années et des générations, cette famille s’est forgée un nom en ce qu’il s’agit de la culture du litchi. « Bocou dimoune konne nou. Nou éna nou nom ladans. Quand banla dire Bashir Notre-Dame, la plupart kot ena bane travail litchi, zot tou kone nou », nous avoue Bashir Mosaheb en toute modestie. « Notre famille est très connue dans la région », ajoute sa belle-fille, Najibah.

Du haut de ses 58 ans, Bashir a dédié plus de 45 ans de sa vie dans cette culture dont il a fait son métier et son gagne-pain. « Sa travail la nou pe fer depi nou l’enfance. Mo ti pe donne mo papa coup de main après lekol. Quand mo papa ine quitte la terre ine allé, noune trappe travail la nou mem », soutient notre interlocuteur. Et aujourd’hui, c’est sans aucune surprise que ses fils, soutenus par leurs épouses, ont pris le flambeau, transmettant ainsi ce business, mais aussi le savoir-faire, le dévouement et les innombrables sacrifices, de génération en génération. Si bien que la culture de litchi est devenue, pour toute cette belle famille, une passion plus qu’un commerce bien qu’elle leur permette de gagner honnêtement leur vie. « Nou kontan fer sa travay la », s’accordent à dire tous les membres de la famille de Bashir Mosaheb.

« Mon grand-père avait commencé ce travail. Il a été suivi par mon père. Maintenant nous lui donnons aussi un coup de main ensemble avec nos épouses. La relève est assurée », affirme Yanshir, le fils de Bashir Mosaheb. « Nou pas met trop bocou étrangers parski ena tro bocou dimoune malhonnête », poursuit-il. La famille s’organise ainsi concernant la répartition des tâches. « Nous coopérons tous. Ene partie pe veillé asoir, ene partie la journée. Nou ressi fer travail la marsé », poursuit-il.

Sacrifices et difficultés

Évidemment, la famille doit consentir à des sacrifices, comme nous l’explique, pour sa part, Neerozooa, l’épouse de Bashir Mosaheb. « Mo vine la depi 8h. Tanto mo pou alle vane sa à Port-Louis. Mo fini vers 23h ou minuit. Mo repose un peu et reprend travay le lendemain matin », dit-elle. Sa journée se résume ainsi pendant les deux à trois mois que dure la saison des litchis. Qui plus est, « il faut surveiller les chauves-souris les soirs. Bizin largue pétards, ena tapage », ajoute Najibah, une des deux belles-filles qui s’activent dans le verger. Outre les sacrifices de la famille, les difficultés rencontrées à plusieurs niveaux nuisent souvent à une bonne récolte.

La sècheresse, par exemple, a joué au trouble-fête cette année-ci, souligne Bashir Mosaheb. « La sècheresse a retardé la récolte. Sa l’intervalle la, litchis le Nord habitué fini sa », fait-il ressortir. Autre problème d’envergure que les Mosaheb doivent affronter, c’est la présence des chauves-souris qui s’attaquent aux litchis. Ce qui leur cause des pertes énormes. « Il faut que le gouvernement trouve une solution à ce problème », lance-t-il. « Bane filets la protéger. Mais bane chauves-souris la zot vine assizer lor la avec ene poids, zot ressi tous litchi la. Zot crazé ziska sa vine ene trou et lerla zotte ressi rentre dans filet la. Si ene rentré, ou pou trouve 4 – 5 fini rentré », se désole Bashir.

« Si le gouvernement ne fait rien contre ces chauves-souris, nous les Mauriciens nous n’aurons plus de fruits locaux pour notre consommation », prévient-il. D’ailleurs, la plupart des litchis sont exportés de nos jours. C’est un des facteurs qui entraîne le prix élevé de ces fruits à la vente. « Mo sagrin ki pe bizin vane litchis Rs 100 ou Rs 150 la livre. Ena trop la peine ladans », regrette Bashir, en insistant toutefois qu’il vend ses litchis moins chers que d’autres afin que le maximum de consommateurs mauriciens puissent en bénéficier. Même si les revenus perçus de la vente de ses litchis ne lui permettent pas toujours de joindre les deux bouts en dehors de cette saison. « Ena cou bizin met la main dans poche tire capital pou kapave manzé », admet-il.

Mais la passion dont voue la famille Mosaheb à la culture de litchis l’empêche toutefois de baisser les bras et d’abandonner. D’autant que les membres de la jeune génération de cette famille ont hérité la même détermination que leurs parents et grands-parents pour poursuivre dans cette voie.