[Covid-19]Dr Shameem Jaumdally: « Aucune évidence qu’une deuxième booster dose est justifiée »

La campagne pour la deuxième booster dose a timidement commencé le mercredi 13 avril. Un manque d’engouement évident, les Mauriciens n’arrivant pas à comprendre le sens d’une quatrième dose de vaccin anti-Covid-19. Même les professionnels de santé, à l’instar du virologue Shameem Jaumdally, trouvent illogique la décision du ministère de la Santé. Et pour cause, aucune évidence scientifique n’est disponible pour justifier une deuxième booster dose, surtout pour les personnes qui sont relativement jeunes et en bonne santé. D’autant qu’il ne s’agit pas de se protéger contre l’infection elle-même, mais plutôt d’une forme sévère de la maladie. « Ceux qui ont vraiment besoin d’une deuxième booster dose, à mon avis, sont les personnes âgées de 75 ou plus ou ceux qui souffrent de multiples comorbidités comme l’obésité, l’hypertension, le diabète ou les problèmes cardiaques », explique le Dr Jaumdally.

Le hic, c’est que le ministère de la Santé vise les personnes âgées de 59 ans ou plus pour cette deuxième booster dose, et cela quatre mois à peine après la première booster dose alors qu’à l’étranger, elle n’est administrée qu’aux personnes bien plus âgées, et pas avant six mois au moins. Que ce soit aux États-Unis ou en Europe, précise le virologue, un profil bien spécifique, basé sur les spécificités de la santé de la population, est concerné par une deuxième booster dose. Celle-ci n’est aucunement obligatoire. Et elle n’est pas administrée, non plus, avant 6 ou 9 mois du premier booster d’un vaccin anti-Covid. En Angleterre, la deuxième booster dose est offerte à ceux âgés au-delà de 75 ans, six mois après la première booster dose. En Inde par contre, une personne n’est éligible à la deuxième booster dose qu’après une période de 9 mois. Ce qui contraste singulièrement avec les critères imposés par le ministère de la Santé.

Bien que le Dr Jaumdally recommande la première booster dose pour ceux, surtout les personnes âgées et les patients souffrant de comorbidités, qui ne l’ont pas encore fait, surtout s’ils ont été inoculés au Covaxin ou au Sinopharm pour les deux premières doses (sauf s’ils ont déjà été infectés par la Covid-19, ayant ainsi développé une immunité naturelle), il martèle qu’il n’y a aucune preuve scientifique pour justifier une deuxième booster dose. Par ailleurs, alors que les autorités réfléchissent à un renforcement éventuel des restrictions en prévision d’une nouvelle vague, le virologue plaide, lui, pour un assouplissement des mesures sanitaires en place. Se référant à un article paru dans un quotidien durant la semaine et dans lequel le Dr Zouberr Joomaye, porte-parole du ‘National Committee on Covid-19’, dit craindre une dégradation de la situation liée au variant XE, le Dr Shameem Jaumdally insiste que la prochaine vague, prévue en mai, ne sera pas liée à un sous-variant comme le XE ou à un hybride, mais plutôt à un nouveau variant répondant au nom de Pi. « Ce qu’on sait déjà, c’est que la capacité de transmission de Pi sera supérieure à celle de l’Omicron. Jusqu’à présent, ce nouveau variant ne s’est pas encore manifesté. Tant qu’il n’y a pas de nouvelle vague et tant qu’il n’y a aucune preuve qu’il y a une augmentation du nombre d’infections et de maladies sévères ainsi qu’une hausse du nombre de décès, on ne peut même pas songer à renforcer les mesures en place. Auken pays pas fer sa ! Il faut se baser sur des données précises pour envisager de serrer la vis », insiste notre compatriote.

Le Dr Jaumdally estime donc que le port du masque peut être limité à l’intérieur des bâtiments où l’espace et la ventilation sont restreints ou dans des lieux où il y a une concentration de gens, comme dans les foires, entre autres. Il est aussi d’avis que le nombre de personnes autorisées dans des rassemblements peut être augmenté. « Il faut qu’on retourne à une certaine normalité », lance-t-il.

Hors-texte

Deuxième booster dose : Qui sont concernés ?

Éligibilité pour la deuxième booster dose

  • Personnes âgées de 59 ans ou plus
  • Les patients à risque tels que ceux souffrant de cancer, de problèmes respiratoires et cardiaques, de l’hypertension, d’obésité, du sida ainsi que les personnes trisomiques ou immunodéprimées, entre autres

Lapse de temps après la première booster dose

De 4 à 6 mois

Vaccins utilisés

  • Le Pfizer sera utilisé pour les personnes âgées de 59 ans ou plus
  • Le Pfizer sera aussi utilisé pour les patients à risque âgés de 40 à 59 ans
  • Les patients à risque âgés entre 18 et 39 ans se verront, eux, inoculés du vaccin Moderna

Note : Toute personne éligible à la deuxième booster dose et ayant contracté la Covid-19 devra impérativement attendre une période de 40 jours avant de pouvoir de nouveau se faire vacciner contre le virus.