Dodoland

« Zot ine gayn kout savate Dodo dan figir ». Vikash Nuckcheddy ne croyait pas si bien dire. Mais ce n’est pas l’opposition qui a eu ce « kout savate Dodo dan figir » comme l’a dit le député du MSM. C’est la population, incluant les salariés et les pensionnaires, qui a pris la pleine mesure de ce « kout savate Dodo » infligé par Renganaden Padayachy avec son budget. Surtout après que les Rs 1000 qu’il prévoit de donner en guise d’augmentation de pension ou d’allocation aux salariés ont fondu comme neige au soleil avec l’arrêt des subsides sur une série de produits de base cette semaine, et cela avant même que ces Rs 1000 ne leur soient octroyées. L’impact de ce « kout savate Dodo », la population le ressentira encore plus avec les hausses continues des prix, le taux d’inflation qui est attendu de grimper en flèche, jusqu’à 15% selon certaines estimations contrairement au taux irréaliste de 8, 6% attendu par le ministre des Finances, et finalement le spectre d’une récession mondiale qui nous guette, rendant irréalisable, farfelue même, la croissance de 8, 5% prévue par Padayachy.Ce « kout savate Dodo », Padayachy, avec la bénédiction du Premier ministre, l’avait d’ailleurs déjà infligé au peuple quand il avait dévalisé les réserves de la Banque centrale en 2019 et dont on en paie toujours le prix, à travers la dépréciation accélérée de la roupie. Mais « kout savate », Dodo ou pas, Padayachy, et tout le gouvernement, en auront à leur tour, au moment venu. On verra alors si Vikash Nuckcheddy sera toujours en mesure de rigoler sur la souffrance du peuple ou s’il rira alors jaune.

Parallèlement au « kout savate Dodo » de Padayachy, le gros « dodo » de Kalpana Koonjoo-Shah en pleine séance parlementaire mercredi après-midi fait toujours jaser. L’État lui paie-t-il Rs 300 000 par mois pour qu’elle s’endorme au Parlement ? Mais pas que. Elle s’endort aussi sur les dossiers à son ministère. En atteste le rapport du ‘Public Accounts Committee’ (PAC) qui l’avait mis à l’index sur sa gestion désastreuse des ‘shelters’ et des ‘Child Day Care Centres’. Serait-il injuste de dire que dormir, c’est ce qu’elle sait mieux faire après sa maîtrise de lancer des fleurs ? Car elle a bien dormi aussi quand le Speaker a arbitrairement suspendu Joanna Bérenger, Karen Foo Kune-Bacha et Arianne Navarre-Marie de l’Assemblée nationale. Stéphanie Anquetil doit être saluée très bas pour avoir osé prendre une photo de la ministre en train de dormir à poings fermés au sein de l’hémicycle. C’est dommage qu’elle ait dû en faire les frais en faisant l’objet d’une enquête référée au DPP pour « Contempt of the Assembly ». Alors que celle qui avait proféré de gros mots au Parlement peut toujours dormir sur ses lauriers. C’est aussi révoltant que celle qui a été pris en flagrant délit dans les bras de Morphée s’en sort indemne alors que sa dénonciatrice est persécutée. Ce qui est réconfortant par contre, c’est que la députée travailliste montre qu’elle a du cran en se disant encore plus déterminée à faire son travail et à dénoncer des abus. Cela pendant que les trois élues du MMM, bien qu’elles aient aussi été victimes de la politique dominère du grossier Speaker, trouvent, elles, que qu’un tel comportement découragent les femmes à faire de la politique. Mais voyons, pourquoi tiennent-elles de grands discours sur l’égalité des genres si, au lieu de se montrer aussi fermes et déterminées que leurs collègues masculins quand ils sont suspendus, laissent, elles, transparaître une certaine vulnérabilité en tenant un discours rétrograde, surtout après avoir tenu tête au Speaker ? Insensé, n’est-ce pas ? Tout comme l’ont été la remarque de Joanna Bérenger sur la couleur du slip du ministre Toussaint et celle concernant le « poutou rassi » de Subhasnee Luchmun-Roy.

Pour revenir à la ministre Kalpana Koonjoo-Shah, Shakeel Mohamed mérite tout aussi d’être applaudi pour avoir dénoncé son incompétence concernant un autre dossier sensible, celui touchant à la pension des veuves mariées religieusement. « Ene missié, n’importe ki communauté, kan line marié, kan line décédé, so madame pou gagne Rs 9 000 across the board. Li égal partout. Équitablement partout. Si li ena 2 madames, pas 2 madames ki pou gagne Rs 9 000 saken. Sa Rs 9 000 la pou être divisé équitablement entre sa 2 madames la », avait soutenu la ministre de l’Égalité des Genres lors d’une conférence de presse. Or, le député travailliste du no. 3 lui a donné une leçon en droit en lui rappelant que sous la ‘Civil Status Act’, toutes les femmes mariées civilement et religieusement (à condition que le mariage est enregistré par le Muslim Family Council) ont droit à une pension de Rs 9 000 chacune et non pas « divisé équitablement » entre les veuves laissées derrière par un époux décédé. Une ministre de la République qui ne connait pas la loi et qui ouvre sa bouche pour déblatérer des insanités ne mérite pas sa place dans un gouvernement digne de ce nom. Après ce carton rouge écarlate, elle aurait mieux fait de « leve paké allé » au lieu d’« assizé dormi », sans faire preuve de la moindre once d’amour-propre et de dignité. Sauf que la moralité ne fait pas partie des valeurs prônées par le régime MSM.

Le colistier du ministre « savate Dodo », amateur de « coucourou coucou », n’a point d’amour-propre et de dignité non plus. Kailesh Jagutpal l’a de nouveau prouvé durant les débats budgétaires. Donnant la réplique à ceux qui l’ont critiqué sur son déhanchement lors d’une fête familiale en décembre dernier, il a tourné leurs reproches en dérision, l’amenant presque à un niveau communal et en se demandant s’il aurait dû danser plutôt sur les airs de Macarena. Les réprobations faites contre lui faisaient suite à une violation des lois dont il a été l’un des artisans à une période où les infections et les morts dues à la Covid-19 se comptaient par centaines. Mais ces critiques étaient aussi d’ordre morale. La moralité exigeait qu’un ministre de la Santé se comporte avec plus de sobriété lorsque le pays est quasiment en deuil. Mais le ministre Jagutpal ne l’a pas compris et il ne le comprendra probablement jamais. Tout comme ses autres collègues du gouvernement. Parce qu’au Dodoland, le gouvernement MSM est coupé de la réalité. Et parce qu’il est aveuglé par l’arrogance du pouvoir.