[Économie] Vinaye Ancharaz : « Un excès de liquidités provoquera bientôt une inflation incontrôlable »

L’économiste Vinaye Ancharaz n’y va pas par quatre chemins. Il exprime son inquiétude quant à la poursuite de l’augmentation de l’inflation en 2024, et critique sévèrement la politique monétaire du gouvernement. « Cette situation est ‘Government-made’ ! Un excès de liquidités provoquera sans doute une inflation incontrôlable dans un avenir proche », s’insurge Vinaye Ancharaz. Ce dernier évoque un ‘cercle vicieux’ dans lequel le gouvernement entraîne les Mauriciens.

Il dénonce, dans la même foulée, les chiffres de ‘Statistics Mauritius’ qui sont manipulés. Du Produit Intérieur Brut (PIB) au taux d’inflation, tous les chiffres sont trafiqués de manière à favoriser le gouvernement en place et à présenter une image positive. Il déplore le fait que depuis 1990, l’île Maurice n’ait jamais connu une inflation supérieure à 11%. Selon lui, le chiffre de 7.1% publié par ‘Statistics Mauritius’ est erroné et loin de la réalité. « C’est le FMI qui affirme que les chiffres de ‘Statistics Mauritius’ sont manipulés », soutient-il.

Les personnes âgées laissées sur la touche

Avec la compensation salariale annoncée par le ministre des Finances la semaine dernière, l’économiste est d’avis que le gouvernement entraîne la population dans une spirale inflationniste sans précédent. Il déplore également le fait que les ‘Senior Citizens’ ont été laissés de côté en ce qui concerne l’ajustement des pensions. « Il y a beaucoup de spéculations concernant l’augmentation de la pension de vieillesse. Le gouvernement pourrait même annoncer l’année prochaine une augmentation dépassant les Rs 15 000. Cependant, entre-temps, nos aînés souffrent énormément. Ils sont des ‘fixed income earners’ et la cherté de la vie commence à peser lourd pour eux », explique l’économiste.

Ce dernier dénonce également le fait que le régime actuel n’a pas ajusté la pension avec la compensation salariale, contrairement à tous les gouvernements précédents. « Les médicaments non disponibles dans les hôpitaux coûtent cher et les personnes âgées en souffrent ! », martèle Vinaye Ancharaz.

PMEs en difficulté

Commentant l’annonce faite par Renganaden Padayachy lors de la conférence de presse du jeudi 7 décembre, lors de laquelle il déclarait que le gouvernement viendrait en aide aux entreprises incapables de payer le nouveau salaire minimum, Vinaye Ancharaz évoque la lourdeur bureaucratique du processus. « Le gouvernement doit réaliser un audit systématique et cibler les entreprises à aider », déclare-t-il. L’économiste est d’avis qu’avec l’augmentation du salaire minimum couplée à la compensation salariale, le fardeau sera extrêmement lourd pour les PMEs.

Il s’interroge sur la question de savoir si le gouvernement continuera à verser la ‘CSG Income Allowance’ aux entreprises ayant des chiffres d’affaires élevés, ou s’il choisira de cibler son aide en fonction des besoins réels des entreprises. « Il est impossible que le gouvernement paie ces Rs 2000 pour toutes les entreprises de manière générale. Il faudra effectuer un ciblage systématique pour venir en aide aux entreprises qui en ont réellement besoin. Le gouvernement doit en assumer la responsabilité afin que la population ait confiance dans le système, mais il faut s’attendre à des disparités et des abus ! », prévient-il.

Il évoque également le cas du remboursement des Rs 5/L de diesel aux PME. « Jusqu’à aujourd’hui, nombreux sont ceux qui ne sont pas en mesure de remplir les formulaires de remboursement. Les personnes qui gèrent des micros et petites entreprises n’ont pas nécessairement les compétences requises pour effectuer des tâches bureaucratiques », souligne Vinaye Ancharaz.

Spirale inflationniste… nous y sommes !

L’économiste met en garde les ‘policy makers’, et explique que même si les chiffres d’inflation diminuent sur le papier, dans la réalité, les prix continuent à augmenter. « C’est le rythme de l’inflation qui diminue, mais l’inflation est toujours présente (…) nous sommes dans une spirale inflationniste ! », lance Vinaye Ancharaz. Il attire l’attention sur le fait que le coût de la vie augmentera davantage l’année prochaine avec la hausse du salaire minimum. « Les répercussions sont inévitables. Les prix des commodités et des services prendront l’ascenseur dès janvier 2024. Nous entrerons dans l’année des joutes électorales, et il faut s’attendre à des mesures populistes ! Mais cela fera très mal à notre économie », conclut-il.