[EDITO] Business lucratif

Par Zahirah RADHA

Le MSM est au pouvoir depuis 2014. Il a jusqu’ici tenu deux mandats, étalés sur presque dix ans. Mais le Premier ministre, Pravind Jugnauth, persiste à parler du coffre-fort de Navin Ramgoolam, retrouvé chez ce dernier en février 2015, alors que l’affaire est toujours en Cour. Cela l’arrange d’oublier qu’il y a eu, sous son règne, une série de scandales, les uns plus apostrophant que les autres impliquant des membres du gouvernement. Pravind Jugnauth occulte aussi le fait qu’il n’est lui-même pas aussi propre qu’il le prétend, son intégrité ayant été mise à rude épreuve dans l’affaire Angus Road, entre autres. Son ancien frère d’arme, Sherry Singh, a d’ailleurs promis de nouvelles révélations sur ce dossier. Il serait donc plus avisé que Pravind Jugnauth change son disque rayé. Surtout qu’ils sont très peu les Mauriciens qui sont prêts à entonner le refrain « Pravind aayenge to phool barsaenge ».

Les achats sous « Emergency Procurement » pendant la Covid-19 figurent sur la liste des scandales les plus répréhensibles qui soient. Aussi bien incisif que percutant, Shakeel Mohamed a levé le voile, cette semaine, sur les incohérences du gouvernement sur ce dossier, en apportant une nouvelle lumière sur le ‘High-Level Committee’, présidé par le chef du cabinet ministériel, et le rôle d’au moins un agent politique. Une PNQ qui a, somme toute, mis K.O Pravind Jugnauth et son gouvernement. D’autant plus que ni le Premier ministre lui-même ni le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal n’a pas encore été interrogé et que les enquêtes trainent toujours, quatre ans plus tard. Cette affaire est doublement scandaleuse. Non seulement parce qu’elle enfreint les lois et les règlements de façon honteuse, mais aussi parce qu’elle révèle la face cachée du gouvernement qui, sous le couvert de protéger et sauver la population, qu’il avait la responsabilité de faire, l’a sciemment berné en faisant du business lucratif dans son dos.

Pravind Jugnauth et son gouvernement sont donc très mal placés pour faire la leçon à qui que ce soit sur la fraude et la corruption. Surtout quand les intentions derrière la création de la nouvelle ‘Financial Crimes Commission’ sont très claires et qu’il est évident qu’elle ne serait qu’une arme politique entre les mains du régime en place pour sévir contre ceux qui l’opposent. A ce jour, nous attendons toujours de voir quelles suites les autorités donneront à l’affaire Saint-Louis ou encore au dossier ‘Stag Party’ avec en toile de fond des allégations de corruption. Nous sommes toujours en attente d’obtenir des explications sur la révocation de Vikram Hurdoyal comme ministre et sur les allégations l’entourant. Nous prenons toujours notre mal en patience pour voir si une enquête sera ouverte sur les achats express faits par le ministère des Arts et du Patrimoine culturel. Avec un tel répertoire, il n’y a pas de quoi être fier. Sans compter la mauvaise gouvernance, la hausse vertigineuse du coût de la vie, l’économie déroutante, le ‘law and order’ en déclin, la prise en otage des institutions, le recul de la démocratie…