[EDITO] Gros moyens, petitesse d’esprit

Pravind Jugnauth nourrit une obsession inouïe envers Navin Ramgoolam. Son acharnement contre ce dernier n’a pas de limite. Pour l’écarter de son chemin, le Premier ministre n’épargne aucun effort, aucun moyen, et ne rate aucune occasion pour le diaboliser. Le Parlement n’est pour le Premier ministre qu’un deuxième Sun Trust où il règle ses comptes, quitte à tomber dans la vulgarité et l’absurdité. Mais plus il s’obstine à calomnier Navin Ramgoolam, plus il se rend pathétique et pitoyable, révélant même une certaine monomanie effarante. Ce qu’il ne réalise pas, c’est que ses diatribes laissent transparaître une certaine vulnérabilité et insécurité face à son adversaire principal. Et produisent exactement le contraire de l’effet escompté. Face à lui, Navin Ramgoolam n’en sort pas le moindrement affecté. Plus important encore, le leader du PTr ne tombe pas dans la même bassesse que celui du MSM, malgré toutes les attaques, souvent sous la ceinture, contre lui. Fodé ena classe pou kapave fer sa…
Si Pravind Jugnauth s’acharne autant contre Navin Ramgoolam, c’est qu’il sait que le terrain glisse sous ses pieds. Il revient ainsi, exactement sept ans après sa tentative échouée de mettre sur pied une ‘Prosecution Commission’, avec une ‘Financial Crimes Commission’. Celle-ci sera encore plus dangereuse que la ‘Special Striking Team’ (SST) mise sur pied davantage pour sévir contre des opposants du régime que pour lutter contre le trafic de drogue. La FCC sera dirigée par un nominé politique qui usurpera ni plus ni moins les pouvoirs du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) qui est un poste constitutionnel. Nul besoin d’être sorcier pour comprendre le motif du pouvoir en place. Celui-ci pourra donc tirer les ficelles comme il l’entend contre des adversaires à l’approche des élections, sans que le DPP ne puisse agir comme garde-fou dans l’intérêt de la justice. Et pour voiler le tollé que cela provoque sur le plan légal et politique, il a recours, une fois de plus, au ‘money politics’ et aux ‘colorable devices’.
Ainsi, outre le rapport de l’‘Electoral Boundaries Commission’ que le gouvernement sort du frigo après trois ans, le réenregistrement des cartes SIM et la nouvelle carte identité digitale qui arrive prochainement en vue d’influencer les résultats des prochaines élections, des mesures ciblées, stratégiques, esthétiques, sont aussi annoncées en cette fin de 2023 pour caresser dans le sens du poil différentes catégories d’électeurs, surtout les travailleurs. Et ce, sans que les problèmes de fond qui affectent notre économie et d’autres secteurs clés comme la santé, l’éducation, le ‘law and order’ ne soient réglés. La dévaluation constante de la roupie, le fort taux d’inflation, le vieillissement de la population, l’émigration persistante de nos jeunes, le taux vertigineux de la dette publique, l’essoufflement de notre modèle économique sont toujours source d’inquiétudes. Parallèlement, le domaine éducatif préoccupe toujours avec des mesures irréfléchies prises à la va-vite, sans consultation, et jouant dangereusement avec l’avenir de nos enfants, tout comme les drogues qui sont disponibles dans les coins et recoins du pays, au nez et à la barbe des autorités qui prétendent pourtant mener une lutte inlassable contre ce fléau. L’absence de méritocratie, favoritisme dans l’octroi des contrats publics, politisation des institutions… Rien ne change.
Pravind Jugnauth dispose aussi d’une autre carte qu’il utilise à outrance : la carte communale. Outre ses discours ciblés dans certaines fonctions religieuses, il a aussi pris la décision de promulguer le lac de Grand-Bassin comme patrimoine national. Il sera désormais connu comme le ‘Ganga Talao Spiritual Sanctuary’. Sans doute pour s’attirer les sympathies de la communauté majoritaire. Reste à voir si cela leur fera oublier l’épisode ‘Cerf party’ et la soirée arrosée durant laquelle le ‘Black Label’ coulait à flots….