[EDITO] Shipwreck Hub

Quelle ironie ! Nous déployons les grands moyens pour faire valoir nos droits sur nos eaux territoriales et notre souveraineté sur Blenheim Reef. Mais honteusement, nous n’arrivons toujours pas à contrôler les entrées dans notre zone maritime. Trois autres naufrages en une seule journée… So what ? Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les bateaux peuvent venir s’échouer sur nos récifs à leur guise. Sans être repérés. Sans être inquiétés. Et sans être stoppés. Comme si notre mer n’était qu’un cimetière de vieux bateaux au lieu du « maritime hub » que nous avait promis le gouvernement. Tiens, nous sommes bien partis pour un « shipwreck hub » en devenir. Et pourquoi pas ? Nos autorités sont déterminées à rester complaisantes lorsque des navires s’approchent dangereusement de nos côtes. Et elles persistent à ne tirer aucune leçon du précédent naufrage du Wakashio qui nous avait pourtant propulsé à la Une de la presse internationale en raison de l’incompétence criminelle de nos autorités.

Y a-t-il un capitaine à bord dans ce pays ? Non, paraît-il. Sinon, notre pays ne serait pas sur le point de faire naufrage. Tout comme ces bateaux qui viennent mourir tranquillement chez nous. Si Pravind Jugnauth était un véritable commandant-en-chef, il aurait depuis longtemps mis de l’ordre à la ‘Mauritius Port Authority’ (MPA) et à la ‘National Coast Guard’ (NCG), deux organismes censés surveiller et protéger notre zone maritime. ‘Pa bizin monte lor lipied’ pour savoir qu’il faut qu’il y ait, à sa tête, une équipe compétente et familière aux rouages du système portuaire si l’on veut que la MPA fonctionne efficacement. Or, c’est un nouveau cuisinier que le Premier ministre a choisi d’y placer dans le but d’étendre les tentacules de Lakwizinn sur les institutions clés de l’État. On continue donc de récolter les fruits empoisonnés de la médiocrité et de l’incompétence de nos institutions. La NCG ne semble pas être plus malin que lors du drame du Wakashio non plus. Comme quoi, l’impéritie a la peau dure au sein de nos autorités (in)compétentes, mais aussi et surtout à la tête de notre gouvernement.

On n’ose même pas imaginer ce qui se passera si, par ces temps de crise sur le plan géopolitique, des ennemis devaient nous attaquer par voie maritime. Arrivera-t-on à nous défendre d’une invasion armée alors qu’on se plante royalement pour assurer une simple surveillance maritime et de prévenir des bateaux du danger potentiel s’ils accostent trop près de nos côtes ? Maintenant que le mal a encore une fois été commis, le Premier ministre et son gouvernement vont-ils enfin mettre en place un ‘preparedness plan’ digne de ce nom, mais non sans avoir restructuré, modernisé et sanctionné là où il le faut ?