Femme et mère ne riment pas avec privilèges et abus de pouvoir

Vous pouvez être une fille, une sœur, une épouse, une mère, une grand-mère, mais quand vous êtes aussi une politicienne, l’épouse du Premier ministre ou toute autre personnalité, et que vos actions ont des répercussions, directes ou indirectes, sur le pays et la population, vous vous exposez dès lors aux critiques, justifiées ou pas. Certes, celles-ci peuvent blesser. Profondément, des fois. On ne le nie pas. Mais elles font partie du lot que doit obligatoirement subir toute figure publique. Peu importe votre statut familial. Quand vous choisissez de vous engager dans la sphère publique, et surtout si vous êtes payés des fonds publics, vous devez apprendre à ACCEPTER les reproches, les satires, mais aussi les attaques, aussi longtemps bien sûr, que celles-ci ne mettent pas votre vie en péril.

Mais qu’a-t-on vu récemment? Une Kobita Jugnauth remontée contre un confrère parce que celui-ci a osé lever le voile sur la façon dont elle, et ses enfants, ont pu s’échapper à la quarantaine suivant une décision prise par son époux, qui est aussi le Premier ministre. Une décision qui a fait d’elle, et ses filles, des privilégiées, car elles ont pu avancer la date de leur arrivée, contrairement à d’autres Mauriciens qui ont été pris au dépourvu par la décision du chef du gouvernement.

Si l’épouse privilégiée du Premier ministre, qui s’implique d’ailleurs dans les affaires du pays, comme le témoigne cette activité marquant le don des équipements médicaux au PMO jeudi, souffre de voir la photo de ses enfants publiée en Une d’un journal pour des bénéfices jouis, quel devrait être le sentiment de ces nombreuses mères, sœurs, épouses, filles qui ont été angoissées des mois durant parce qu’un ou plusieurs des leurs étaient coincés à l’étranger, n’ayant pas eu les mêmes avantages que Kobita Jugnauth ? Qui est-ce que ces mères, sœurs, épouses et filles outrées, indignées et meurtries, doivent-elles alors poursuivre pour avoir été injustement pénalisées ?

Il y a ensuite eu la déposition de Tania Diolle contre Farihah Soobrattee Ruhomally parce que celle-ci l’a traitée d’opportuniste. Un qualificatif qui ne peut mieux décrire la PPS, d’autant qu’elle a, à maintes reprises, retourné sa veste au gré de ses ambitions politiques personnelles. On se demande pourquoi Tania Diolle a choisi de « play safe » en tâclant cette internaute qui l’a d’ailleurs côtoyée quand elle était au MMM au lieu de traîner l’indomptable syndicaliste Jack Bizlall aux Casernes puisque c’est ce dernier qui l’avait traitée d’opportuniste en premier, et ce en pleine figure. Est-ce parce qu’elle voulait intimider la jeune femme ?

Ironiquement, Tania Diolle s’est fait connaître en tant que féministe et militante pour la liberté d’expression. Or, ce sont exactement les mêmes droits qu’elle prétendait défendre qu’elle a torpillés en se plaignant, telle une pleurnicharde, d’une jeune citoyenne engagée à la police. Est-elle satisfaite de son action, maintenant que Farihah Soobrattee Ruhomally a été pratiquement traînée hors de son lit à 6h du matin par des enquêteurs hostiles pour être conduite aux Casernes centrales ?

Pour ne pas déroger à la mode, la ministre de l’Égalité des genres, Kalpana Koonjoo-Shah, a également consigné une déposition contre une internaute qui l’a vexée. Elle n’a vraisemblablement pas la peau dure. Elle devrait peut-être prendre des leçons politiques d’une de ses prédécesseures, en l’occurrence Roubina Jadoo-Jaunboccus. Celle-ci avait subi les critiques les plus acerbes, parfois basses, après les conclusions du rapport Lam Shang Leen. Mais il faut mettre à son crédit le fait qu’elle n’ait jamais dénoncé qui que ce soit à la Cybercrime sous un quelconque prétexte d’« annoyance ». C’est cela le respect de la démocratie et des valeurs humaines.

Il est malheureux, pour ne pas dire écoeurant, que des associations féminines, sortant d’on ne sait où, et censées représenter la communauté musulmane, ont choisi de défendre Kobita Jugnauth. Elles semblent suivre dans les pas de l’Union Musulmane de Bashir Moideen. Ou encore Somduth Dulthumun et consorts. Ceux-là mêmes qui montent au créneau dès qu’il s’agit de prendre fait et cause pour des membres du gouvernement en se réfugiant derrière des paravents religieux.

Dans le présent cas, ces associations féminines peuvent soutenir qui elles veulent, mais de grâce qu’elles le fassent en leurs noms personnels, et non en se servant de la religion. D’autant que nombreux de leurs coreligionnaires, mais aussi des citoyens et citoyennes de ce pays, condamnent toutes formes d’injustices. Dommage qu’on ne les a pas entendues sur les préjudices commis contre Rashida Nanhuck, Farihah Soobrattee-Ruhomally, cette jeune femme qui a été sauvagement agressée à Pailles ou encore, avant elles, Rachna Seenauth et Olesya Paradis. Espérons que le lynchage qu’elles ont eu sur les réseaux sociaux leur sert de leçon pour qu’à l’avenir, elles ne mêlent pas la religion aux causes purement politiques qu’elles défendent.