[Financial Crimes Commission] Quel sort pour ces ‘high-profile cases’ ?

Alors que les yeux sont braqués sur la nouvelle « Financial Crimes Commission » (FCC), dont la loi a été votée cette semaine, d’aucuns se demandent ce qu’il adviendra des cas, plus particulièrement ceux visant ou impliquant des membres ou des proches du gouvernement. Saura-t-on un jour ce qu’il en est de ces affaires, sur lesquelles nous revenons ci-dessous, seront-elles tout bonnement rayées par le directeur général de la FCC ?

Angus Road

Anguille sous roche

Il y avait, au total, cinq enquêtes de l’ICAC sur l’affaire Angus Road. Deux ont été abandonnées, l’une le 9 mai 2011 et l’autre le 27 juin 2014. Mais il en reste trois dont on ne connait toujours pas l’issue. Ces enquêtes ont-elles été bouclées ? Ont-elles déjà été référées au bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) ? Aucun élément de réponse. À une question parlementaire du député travailliste Patrick Assirvaden le 3 août 2021, et suivant laquelle une réponse écrite avait été déposée à l’Assemblée nationale, le Premier ministre avait répondu ceci : « J’ai fait une déclaration à l’ICAC le 24 novembre 2020 et j’ai donné tous les documents liés à cette affaire. La Commission anticorruption m’a fait savoir que l’enquête continue ». Or, trois ans se sont déjà écoulés depuis. Le décès d’Alan Govinden le 3 novembre 2021 a probablement arrangé les choses pour certains. Cet homme d’affaires est en effet celui qui avait payé Rs 20 millions pour l’achat d’un terrain à Angus Road par la famille de Pravind Jugnauth. D’ailleurs, l’avocat Rama Valayden avait même adressé une lettre à la ‘National Crime Agency’ de la Grande-Bretagne pour réclamer une enquête sur le décès d’Alan Govinden.

Affaire Saint-Louis

Une fumisterie

Cette affaire avait valu à Ivan Collendavelloo son poste de ‘Deputy Prime Minister’ le 25 juin 2020, sept mois seulement après la prestation de serment du nouveau gouvernement de Pravind Jugnauth. À ce jour, le partenaire d’alliance du Premier ministre siège toujours en tant que backbencher au Parlement. Ce n’est d’ailleurs que récemment, soit le 30 octobre de cette année, qu’il a été entendu à l’ICAC dans cette affaire de corruption alléguée s’élevant à Rs 700 millions. Et il en est reparti libre, après un interrogatoire de trois heures. La possibilité qu’il retrouve sa place au Conseil des ministres était même évoqué avec persistance dans certains milieux après son passage au Réduit Triangle. Certains y trouvent une stratégie électorale à l’approche des prochaines élections. D’où la possibilité qu’Ivan Collendavelloo soit mis hors de cause dans cette affaire avant la dissolution du Parlement. Si cela est avéré, les prochains mois seront donc cruciaux pour le leader du Muvman Liberater (ML).

Emergency Procurements

Ceux d’en haut épargnés

Qui ne se souvient pas du scandale des ‘emergency procurements’ pendant la pandémie Covid-19 ? Des achats scandaleux de masques, de médicaments, et d’équipements médicaux profitant bassement à des proches du régime pendant que la population souffre. Des arrestations, il y en a eu dans les diverses enquêtes en cours dans le sillage de cette affaire. Mais il semble que ce ne sont que des « ti poissons » qui ont été pris dans les filets de l’ICAC. Dans l’affaire Molcovir, par exemple, la charge provisoire contre l’ex-Pharmacist Brijendrasing Naeck a déjà été rayée par la magistrate Azna Bholah en Cour, alors que l’enquête traîne toujours au niveau de l’ICAC. Celle-ci affirme attendre des preuves de l’étranger pour boucler son enquête. Entretemps, Naeck est passé à l’offensive et réclame Rs 100 millions à l’ICAC. Ce dernier, rappelons-le, a été présenté comme le suspect principal alors qu’il se défend en disant qu’il n’a fait que suivre des instructions venant d’en haut. Ceux qui ont apparemment donné ces instructions, dont l’ex-Senior Chief Executive Dalida Allagapen, soeur du ministre Alan Ganoo, n’ont jusqu’ici pas été inquiétés.

Affaire Franklin

Ramifications politiques occultées

Que deviendra l’affaire Franklin ? Sera-t-elle mise au tiroir comme l’avait été sa demande d’extradition par les autorités réunionnaises avant que l’affaire ne soit ébruitée dans la presse ? Si cette affaire intéresse, c’est aussi en raison de ses ramifications politiques et de ses liens incestueux avec certains aux Casernes centrales. D’où la « protection » apparente dont il jouirait…

Octroi d’un bail à Dayot et Mangin à Grand-Bassin

Quid de Maneesh Gobin ?

Ce cas a été révélé dans le sillage de l’affaire Franklin. Outre Rajesh Ramnarain, ex-président de la SIT, l’ex-PPS Rajanah Dhaliah a aussi fait les frais de ces allégations de pots-de-vin concernant l’octroi du bail de la chasse Dayot & Mangin à Grand-Bassin à ‘The Eco Deer Park Association’. Pourtant, le nom du ministre Maneesh Gobin a aussi été cité dans cette affaire. Keegan Etwaroo a d’ailleurs confirmé que ce dernier était présent à une soirée arrosée le 12 septembre 2020 dans le ranch à proximité de Grand-Bassin. Ce qui est désormais connu comme le ‘Stag Party’. Mais il est défendu bec et ongles par le Premier ministre qui a soutenu le 18 avril au Parlement que « I am not in presence of any report from relevant authorities for an alleged case of bribery against the Attorney General and the Minister of Agro-Industry and Food Security ». Il a aussi refusé, dans la foulée, d’instituer une commission d’enquête sur cette affaire.