From paradise to hell

C’est sidérant de voir comment les membres du gouvernement se sont empressés pour se ranger du côté de Yogida Sawmynaden depuis la publication du rapport sur l’enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen. Et ce, sans même attendre qu’il y ait ne serait-ce qu’un semblant de dénouement de l’enquête policière censée être en cours. Bien entendu, cette attitude du gouvernement ne devrait pas nous étonner, même si elle est illogique, insensée, inconcevable même. Parce qu’autrement, le gouvernement se serait écroulé comme un château de sable tandis que le Premier ministre, ses colistiers, et divers de ses ministres se verraient confrontés à la justice pour répondre aux divers scandales dans lesquels leurs noms ont été cités.

Maurice n’est pas le Royaume-Uni où la ministre de l’Intérieur est poussée à la démission parce qu’elle a fauté en envoyant un courriel confidentiel en utilisant son adresse électronique personnelle. Niet. Ici, le ministre de l’Intérieur, qui est aussi Premier ministre, reste agrippé au pouvoir, peu importe les allégations dont il fait l’objet, fussent-elles sur Angus Road, la haute trahison envers l’État, les irrégularités concernant les élections, dont au no. 8 comme mises en cause dans le rapport de la magistrate Mungroo-Jugurnath ou encore les achats sous ‘emergency procurement’ alors qu’il présidait la ‘Covid-19 High Level Committee’ où toutes les décisions majeures étaient prises. Chez nous, la démocratie est en berne. Et elle le sera ainsi tant que restera le MSM au pouvoir.

Le comportement de certains ministres nous aurait fait pouffer de rire s’il n’était pas absurde. Un Premier ministre sensé aurait-il donné aussi sa bénédiction pour qu’il y ait une enquête sur la fuite d’un rapport dont il doute l’authenticité ? Comment un ‘Senior Counsel’ comme Ivan Collendavelloo, qui prétend être un grand démocrate, peut-il se couvrir de ridicule en demandant à un journaliste expérimenté de la trempe de notre confrère Nawaz Noorbux de révéler ses sources, sachant que la protection des sources est primordiale pour la sauvegarde de la liberté de la presse et du processus démocratique ? Dans quel pays autre que Maurice, un Attorney General, de surcroit un ancien magistrat, peut-il se comporter comme un vulgaire agent de cover-up au lieu d’œuvrer en faveur de la transparence et de la justice ? 

À Maurice malheureusement, tout est enbalao. Tout est pourri. L’espoir de voir changer les choses s’amenuise de jour en jour. Le paradis est devenu un enfer. Il ne nous reste plus qu’à compter les jours jusqu’aux prochaines élections, en attendant qu’il y ait un sursaut chez la population et qu’elle saura faire le bon choix cette fois-ci, loin du ‘money politics’ et des considérations communales.