Goolam Mohammud, président de l’Islamic Chamber of Commerce and Industry : « Les affaires piétinent »

  • « Nous opérons de façon autonome et notre objectif est de créer plus de 10 000 emplois grâce à la mise sur pied de notre institution »

Le président de l’Islamic Chamber of Commerce and Industry (ICCI), Goolam Mohammud, ne passe pas par quatre chemins pour affirmer que son institution œuvre pour soutenir commerçants et responsables des Petites et Moyennes Entreprises, qui font partie de la communauté musulmane. Dans une interview, accordée au Sunday Times, notre invité de la semaine laisse entendre  que l’ICCI veut aider les commerçants et les PME à s’épanouir en respectant  les ‘Sharia Compliance Activities’. Tout en soutenant que l’ICCI opère de façon autonome, il soutient que l’ICCI veut créer plus de 10 000 emplois en aidant les commerçants et PME à s’épanouir à Maurice.  Le président de ladite institution financière lance aussi un appel aux professionnels, faisant partie des secteurs du domaine légal, d’offshore, de hi-tech, de l’ICT, du ‘banking’, du tourisme, ‘marketing’, de textile, de l’industrie, des détaillants, de l’importation et de l’exportation, entre autres, à se connecter rapidement à l’ICCI afin que la dite institution financière puisse atteindre son but.

Sanjay BIJLOLL 

 

Q : Dans quelle mesure l’Islamic Chamber of Commerce and Industry va pouvoir aider les commerçants et les Petites et Moyennes Entreprises (PME) à s’épanouir à Maurice ?

R : Souvent des petites et grandes compagnies font face à des problèmes pour gérer leurs affaires. Je dois dire que notre institution compte un ‘pool’ des professionnels, dont des actuaires, comptables, statisticiens, ‘marketing officers’ ainsi que des conseillers, entre autres, pour pouvoir aider les compagnies qui éprouvent des difficultés à s’épanouir.

Nous voulons aussi travailler avec les responsables des PME pour ‘market’ leurs différents produits. Ils font des choses très intéressantes. Or, ils manquent un peu de valeur ajoutée, plus particulièrement en ce qui concerne la présentation et la façon d’exposer leurs produits.

De plus, l’ICCI veut aider les commerçants et PME en termes d’informations de l’importance des produits qui arrivent sur le marché, l’écoulement et d’exportations de leurs produits, préparation/traitements des documents à la douane et des conseils.

 

Q : Quel est le but de l’ICCI ?

R : Le but de l’ICCI vise à encourager et promouvoir les compagnies à exporter leurs produits vers des pays du Golfe, qui sont membres de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI). Par ailleurs, notre institution veut aider les commerçants et les PME à trouver d’autres marchés, qui font partie des pays de la SADC et du COMESA.

Il faut dire que souvent, les commerçants et PME font face à des difficultés pour exporter leurs produits car ils ne sont pas informés de plusieurs accords que l’île Maurice a signés avec plusieurs pays du monde.

L’ICCI a de plus signifié son intention d’aider les musulmans à créer de nouvelles entreprises et développer des occasions d’affaires, contribuer à l’avancement  de nos membres, fournir des outils efficaces et mettre des ressources importantes à leur disposition, établir des institutions financières islamiques et concrétiser des projets d’échanges de coopération avec des pays du Moyen-Orient et d’autres pays.

L’ICCI veut également chercher des solutions nécessaires pour résoudre des problèmes ayant trait aux valeurs morales, sociales et économiques qui concernent particulièrement la communauté musulmane de Maurice.

Les responsables de notre institution veulent aussi recueillir, classer, diffuser des renseignements de statistiques afin de promouvoir tous les secteurs d’activités économiques de Maurice. Nous voulons également organiser des foires à l’intention des petites compagnies mauriciennes, aider et conseiller les autorités compétentes pour délivrer des certificats concernant les marchandises qui sont produites, transformées, fabriquées et puis exportées.

L’ICCI veut, d’autre part, non seulement organiser des ateliers de travail  et  séminaires mais aussi développer, gérer et organiser des cours de formation et des séminaires pour le bien-être de tous les commerçants et les PME qui sont membres de notre institution financière. Nous voulons aussi aider certaines compagnies, qui produisent les mêmes choses, à se fusionner.

 

Q : Pourquoi l’ICCI a choisi d’aider uniquement les commerçants et les PME (musulmans) et non pas d’autres communautés de notre pays qui aident aussi à contribuer à l’économie mauricienne ?

R : Ce n’est pas exact ce que vous dites. L’ICCI veut travailler avec d’autres Chambres de commerce qui existent à Maurice et à l’étranger.

Le 6 octobre, au siège de  l’ICCI, nous avons organisé un ‘Empowerment Programme’ qui était animé par Scotwork (n) négociation. Nous avons mis beaucoup l’accent sur l’importance des négociations et ce dans l’intérêt de tous les commerçants mauriciens. A cette occasion, nous avons invité toutes les hommes/femmes d’affaires qui font partie de toutes les communautés de Maurice, y compris des musulmans, hindous, chinois, tamouls et chrétiens.

 

Q : Est-ce que l’ICCI respecte les lois islamiques eu égard au lancement de cet organisme ?

R : Absolument. L’ICCI veut protéger et promouvoir les ‘Sharia Compliance Activities’ dans les domaines du commerce, business, de l’industrie, du transport  de l’assurance, ‘banking’, du tourisme et d’autres activités importantes à Maurice.

L’ICCI veut aussi organiser des cours à l’intention des jeunes étudiants mauriciens qui sont intéressés à se lancer dans le domaine des affaires.

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Q : Parlez-nous du ‘response’ que l’ICCI a eu depuis le lancement de l’ICCI ?

R : Il est important de dire que depuis le lancement de l’ICCI, nous avons eu des messages de félicitations non seulement de la part des Mauriciens, mais aussi de la part de l’Organisation de la Conférence Islamique qui est basée en Arabie saoudite et aussi du Koweït et de Dubaï. Ils souhaitent tous coopérer avec notre mouvement, qui est apolitique.

The ‘response’ is very good. It was unexpected. Certains nous ont même déclaré que la création de l’ICCI est ‘long overdue’.

 

Q : Est-ce que l’ICCI envisage de créer un fonds pour aider les commerçants et les PME ?

R : Oui.  C’est à travers la création d’un fonds spécial qu’on va pouvoir aider les commerçants et PME, dont certains ne sont pas au courant que le gouvernement a pris des dispositions nécessaires à l’intention des PME qui sont éligibles à obtenir des fonds qui aideront à voir s’épanouir leurs affaires à Maurice. On va les informer et renseigner sur possibilités et moyens pouvant les aider à profiter de ce fonds.

L’ICCI met aussi l’accent sur le concept de ‘clustering method’ pour que les commerçants et les responsables puissent exporter leurs produits vers des pays amis.

 

Q : Est-ce que les activités de l’ICCI sont soutenues financièrement par une banque ou institution étrangère ?

R : Non, pas du tout. Jusqu’ici aucune banque ou institution étrangère nous aide financièrement.  Nous ne dépendons de personne. Le moins que je puisse dire c’est que nous sommes totalement autonomes.

 

Q : Avez-vous un message pour les Mauriciens en général?

R : L’ICCI invite tous les professionnels qui font partie des secteurs, y compris ceux qui concernent les domaines légal, offshore, hi-tech, ICT, ‘banking’, tourisme, ‘marketing’, textile, industrie, détaillants, de l’importation et de l’exportation à se connecter rapidement à l’ICCI.

Je pense qu’à la fin du mois de décembre, l’ICCI comptera plus de 500 membres. C’est encourageant que depuis le lancement de l’ICCI, plusieurs compagnies mauriciennes ont soumis leur demande pour devenir membres de notre institution.

 

Q : Comment voyez-vous le climat d’affaires à Maurice ?

R : Le climat d’affaires dans notre pays n’est pas parfait. Les choses ne bougent pas comme il le fallait. C’est un peu lent. Or, l’ICCI veut donner un nouveau ‘boost’ à notre économie. Nous voulons que notre pays produise et exporte plus. Notre institution n’épargnera aucun effort pour que notre institution puisse créer de nombreux d’emplois et ce en combattant le chômage, ce qui permettra à notre pays d’être plus ‘safe’ et stable et de se transformer.

 

Q : Pourquoi, selon vous, le gouvernement n’arrive plus à attirer des investisseurs locaux et étrangers à s’implanter dans notre pays ?

R : Très souvent, certains investisseurs étrangers qui débarquent à Maurice pour concrétiser leurs projets, constatent que notre pays est trop petit et que notre marché est trop restreint. Donc, ils préfèrent se tourner vers d’autres pays qui sont beaucoup plus grands que Maurice.

Cependant, je dois ajouter que l’ICCI prône non seulement une politique d’investissement afin de  solliciter des partenaires étrangers, qui sont capables de concrétiser des ‘joint ventures’ à Maurice, mais aussi à les encourager à profiter pleinement des accords de la SADC et du COMESA, qui comptent plus de 500 millions de consommateurs africains.

Concernant les investisseurs locaux, je dirais que c’est dommage que ces derniers éprouvent des difficultés pour passer des commandes en petite quantité. Une fois que les fournisseurs leur réclament des frais plus chers, leurs produits aussi deviennent aussi plus cher.

Nous, à l’ICCI, nous faisons tout pour grouper et aider les compagnies à importer des produits en ‘bulk’. Notre institution veut donner des outils nécessaires aux commerçants et responsables des PME afin que ces derniers puissent s’intéresser au domaine de ‘microcrédits. L’ICCI veut aider les commerçants et PME dans leurs démarches.

 

 

Q : Quelle est votre appréciation du fonctionnement des banques commerciales à Maurice ?

R : Je suis d’avis que les banques commerciales mauriciennes doivent être plus souples envers des commerçants et PME afin de les aider à se développer et s’épanouir plus dans les années à venir.