[L.E]Le waqf, un système dynamique

Pilier de l’économie islamique, le waqf est loin du système statique, voire paralysé, illustré par les bâtiments délabrés et les terrains en friche souvent associés au waqf.   

L’action de dédier, en vue de l’acquisition de la récompense éternelle, d’un bien à Allah, est appelée waqf. Le waqif, le donateur, exprime sa décision par un document, le waqfnama. Celui-ci est un élément principal dans la détermination de la gestion future du waqf et du rôle que celui-ci jouera dans le développement de la société.

Dans ce document, rédigé par un notaire, le waqif, le donateur, précise qu’il est bien le propriétaire du bien et reconnait que la donation sera perpétuelle et irréversible. Il précise aussi les objectifs pour lesquels il fait ce don et en identifie le premier gestionnaire (mutawalli), et établit les critères selon lesquels les mutawallis successifs seront choisis.

Si nous revenons à l’histoire d’Uthman ibn Affan (r.a), celui-ci fut le waqif, l’objet du waqf étant le puits dont il a fait une donation. Celui-ci s’est développé par la suite, en une plantation de dattes, dont 50 % des revenus était dédiés aux veuves et aux orphelins et le reste pour le développement du waqf. Par la suite, la plantation s’est transformée en appartements et autres bâtiments générant encore plus de revenus. D’autres complexes commerciaux ont par la suite été créés, toujours au nom d’Uthman ibn Affan (ra), les revenus étant toujours partagés parmi les veuves et les orphelins, comme il l’avait préconisé.

Le puits d’Uthman, aussi connu comme Birr Uthman, ou Birr Rumma, est un exemple concret de l’évolution d’un waqf pour produire plus de revenus et venir en aide à plus de gens. Ce fut et c’est encore un waqf dynamique.

Le dynamisme que l’on veut insuffler à un waqf dépend beaucoup de la rédaction du waqfnama, ce document attestant la création du waqf, qui est déterminant sur tous les plans. Il y a d’abord l’objectif pour lequel il est créé. Prenons l’exemple d’un waqf à Mesnil où le waqif avait précisé que le terrain ainsi légué devra être utilisé pour le développement intellectuel et sportif des jeunes. On peut dire que ce waqif fut quelqu’un d’une grande vision.

Un autre élément déterminant pour qu’un waqf soit productif, c’est l’identification des bénéficiaires. Dans ce cas précis, ce sont les jeunes. Il n’est pas dit qu’ils doivent être musulmans. Afin de faire bénéficier un plus grand nombre d’un waqf spécifique, l’utilisation de terme générique, tel que le développement de la société, permettra aux mutawallis successifs d’agir selon les besoins de leur temps.

Il y a finalement le choix des mutawallis successifs. Dans le cas du waqf familial, le mutawalli est un membre de la famille. Toutefois, pour les waqfs philanthropiques, fondés sur la mise en opération de projets productifs engageant l’investissement, il est certain que le mutawalli doit disposer de certaines compétences en matière de gestion et un sens des affaires.

Mosadeq Sahebdin