A commearrestations arbitraires. Des opposants du régime en place en savent quelque chose. Certains ont été arrêtés et détenus pour des raisons qui nous laissent souvent pantois. L’absence d’empreintes de l’avocat Akil Bissessur sur les sachets de drogue saisis chez sa compagne alors qu’il avait été arrêté sous une charge provisoire de trafic de drogue ou encore l’arrestation de Darren l’Activiste parce qu’il était présent à une manif des rastas en sont des exemples flagrants.
… comme Agalega. Le gouvernement a-t-il cédé Agalega à l’Inde pour l’aménagement d’une base militaire ? La question intéresse tout le monde et a provoqué des étincelles dans bien de cas, y compris au Parlement. Malgré les dénégations du Premier ministre, des photos circulées dans la presse démontrent que les constructions qui se font sur l’île s’apparentent à bien plus que de simples infrastructures ou de logements sociaux. Sinon, pourquoi l’Inde aurait-il investi Rs 13 milliards pour l’agrandissement de la piste d’atterrissage de cette île où ne résident que quelques centaines de travailleurs ?
B comme Bruneau Laurette. Dénonciations, mobilisations, manifs… you name it. Il a été de tous les combats depuis la grande manif du 29 août 2020. Jusqu’à ce qu’il soit arrêté le 5 novembre dernier sous trois charges provisoires. Même si l’une d’entre elles, relative à la possession de drogue synthétique, a été rayée en cour le 28 novembre, Laurette reste résolument en détention, même si son fils Ryan a, lui, été relâché. La façon dont l’enquête policière est menée suscite d’ailleurs des appréhensions. Son arrestation n’a-t-elle été qu’un moyen pour le gouvernement de se retirer une épine du pied ? La question préoccupe…
… comme Banque de Maurice. Déplumées de ses réserves, la banque centrale est en chute libre depuis plus de deux ans. L’urgence pour qu’elle se recapitalise est évoquée avec persistance par des économistes et observateurs du secteur financier. Mais le gouvernement persiste à faire la sourde oreille, même devant les avertissements du Fonds monétaire international (FMI). Or, si la BoM fait banqueroute, ce sera catastrophique pour la réputation de notre pays sur le plan économique et financier, d’autant qu’il est déjà pointé du doigt sur le plan de la démocratie.
C comme corruption. Elle est plus que jamais tenace, surtout dans le giron du pouvoir. En dépit de la prétendue volonté du Premier ministre de la combattre, la corruption est toujours tolérée et même défendue par des chatwas du régime. Raison pour laquelle des ministres, conseillers, proches et agents qui y sont mêlés restent toujours impunis.
… comme coupures d’eau. La sècheresse est là. Les coupures d’eau, qui risquent d’être drastiques dans certains cas, sont donc d’actualité. Preuve que le gouvernement n’a pu tenir sa promesse de régler le problème d’eau comme promis en 2014. De toute façon, « 24/7 pas veut dire gagne delo gramatin ziska asoir », comme l’avait dit Pravind Jugnauth.
D comme Dubaï Expo. Au moins 13 de nos ministres y ont fait le déplacement. Le coût : presque Rs 44 millions. Retombées jusqu’ici : concrètement zéro, en dépit des garanties données par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy. En réalité, ce n’était qu’un luxueux break, payé par les contribuables, pour des élus pigeons voyageurs du gouvernement pour se dégourdir les jambes et se relaxer après les deux confinements, alors que le peuple est écorché vif par la cherté de la vie.
… comme le DPP. Face aux attaques répétitives du gouvernement, le bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) a dû systématiquement lutter pour défendre et maintenir son indépendance. Le départ à la retraite de Satyajit Boolell a d’ailleurs fait craindre le pire, et ce jusqu’à ce que Me. Rashid Ahmine ait été confirmé à ce poste, mercredi. Ce dernier, on l’espère, saura également se montrer à la hauteur de ses nouvelles attributions.
E comme électricité. Elle risque de nous faire voir des étoiles. Le coût de l’électricité accusera d’une hausse à partir du 1er février. En dépit de la garantie donnée par le ministre Joe Lesjongard à l’effet que 85% des consommateurs résidentiels, utilisant moins de 300 kWh, ne seront pas concernés par cette majoration, on sait que ce n’est que de la foutaise puisqu’une hausse de l’électricité impliquera une augmentation automatique des coûts de production qui seront, à son tour, répercutés sur les consommateurs.
F comme féminicide. Le nombre de victimes est en hausse et nous donne froid dans le dos. Mais force est de constater qu’il n’y a pas de réelle volonté pour le prévenir et le combattre. Tout le monde s’émeut quand il y a un crime, comme celui de Tina Roy Tupsy, assassinée dans un autobus, ou encore celui de Sanjana, tuée et brûlée par son ex-compagnon, mais ensuite c’est « back to business » et ces cas sont vite relégués aux oubliettes.
G comme l’écurie Gujadhur, qui a été contraint de quitter la scène hippique après 118 longues années d’existence. Conséquence de l’ingérence gouvernementale et de la politique de copinage qui se déroule dans le monde hippique depuis quelques temps.
H comme l’hippodrome du Champ-de-Mars où sont organisées les courses hippiques à Maurice. Le plus ancien hippodrome de l’hémisphère sud n’a probablement jamais témoigné, durant son existence, d’autant de secousses comme il y en a eues ces derniers temps. Outre un mauvais entretien, cet hippodrome a également été défiguré, faisant perdre au Champ-de-Mars son cachet d’autrefois.
I comme ‘Independent Broadcasting Authority’ (IBA). Cet organisme censé indépendant mais qui est dirigé par des nominés politiques a encore fait parler de lui en cette fin d’année. Après les règlements apportés à l’IBA Act à la même époque l’année dernière, les radios privées, plus précisément Top FM et Radio Plus, sont de nouveau ciblées par le gouvernement. L’objectif est clair : empêcher à ces radios de fonctionner librement, tout en réduisant le peuple au silence, au fur et à mesure qu’on s’approche de l’échéance des prochaines élections générales.
J comme Jagai. Après Hemant Jangi, c’est le nom d’Ashik Jagai qui est désormais sur toutes les lèvres depuis la création de la ‘Special Striking Team’ (SST). Le mode de fonctionnement de l’unité qu’il dirige est souvent controversable. On accuse même ce département de faire du « planting » contre des opposants du régime !
K comme Kistnen. Non seulement le meurtre de cet ancien agent du MSM n’a pas encore été élucidé, mais il continue à laisser de marbre le gouvernement, dont le Premier ministre. D’ailleurs, Pravind Jugnauth n’a toujours pas agi contre son colistier Yogida Sawmynaden, bien que le nom de ce dernier soit mêlé à cette affaire, comme l’a souligné la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath dans son rapport.
… comme Kalpana Koonjoo-Shah. Celle qui n’hésite pas à faire dodo au Parlement aime visiblement à dormir sur les dossiers également. Le dossier des shelters en est la preuve. Elle continue de fermer les yeux sur l’état et la gestion de ces abris pour enfants alors qu’ils ont déjà franchi la ligne rouge dans certains cas. Who cares ? Silence, Kalpana dort.
… comme Kenny Dhunnoo. Celui qui avait affublé Bobby Hurreeram du sobriquet ‘Bahubali’ a prouvé qu’il n’est pas un ‘joker’ comme on le croyait, mais plutôt un ‘villain’. C’est dans la peau d’un ‘bouncer’ que les Mauriciens l’ont vu dans des vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux après qu’il ait agressé un infirmier indien à la clinique Wellkin à Moka en août dernier. Mais puisqu’il fait partie du gouvernement, aucune action n’a jusqu’ici été prise contre lui.
L comme lois liberticides. Il y en a eu encore cette année-ci. Les nouveaux règlements apportés à l’‘IBA Act’ en attestent. Tout comme ceux apportés à l’‘Immigration Act’. Ou encore la nouvelle loi, soit le ‘Law Practitioners’ Disciplinary Proceedings Bill’, que compte introduire le gouvernement pour faire courber l’échine des avocats. Toutes ces lois ont contribué, d’une façon ou d’une autre, à accentuer l’autocratie à Maurice.
M comme médias et menaces. Des menaces et des intimidations, des journalistes de certains médias en ont fait l’objet comme jamais auparavant. Craignant qu’ils ne soient victimes de ‘planting’ en tous genres, comme l’ont été des activistes, des journalistes ont été contraints à consigner des dépositions à la police. La situation est tellement préoccupante que même Reporters Sans Frontières n’a pu rester insensible et a exhorté le gouvernement d’agir.
N comme Nishal Joyram. Seul contre tous, ce citoyen a eu le mérite et le courage de dénoncer un abus que tout le monde subit à contrecœur, mais sans trop oser élever la voix, par crainte que la ‘planting unit’ ne débarque chez eux. Pendant 22 jours, ce citoyen a fait une grève de la faim pour contraindre le gouvernement à baisser les prix des carburants. Mais en vain. Son acte patriotique marquera cependant les esprits pendant longtemps encore.
O comme opacité. Elle règne en maître, surtout lorsqu’il s’agit d’allocation de contrats mirobolants ou lors des prises de décisions importantes. Une opacité qui tue la transparence et la bonne gouvernance.
P comme Pravind Jugnauth et Privy Council. Pour la deuxième fois de sa carrière politique, le sort du fils Jugnauth se jouera au Privy Council. Si ce dernier avait obtenu gain de cause dans l’affaire Medpoint, rien ne dit qu’il en sera de même dans l’affaire qui l’oppose à Suren Dayal qui conteste les élections au no. 8. Autant dire que cette affaire sera cruciale pour le Premier ministre puisqu’il y jouera son avenir politique.
Q comme questions, parlementaires ou autres. Il y en a tellement qui restent en suspens. Même au Parlement, le gouvernement trouve des moyens pour les esquiver. Ce sont pourtant des questions d’intérêt public, comme sur Agalega, les nominations, la mauvaise performance financière de nos institutions… La liste est longue.
R comme répression. Elle fonctionne à plein régime et vise ceux qui s’opposent au gouvernement. Pire, dans la plupart des cas, c’est la police qui est utilisée pour accomplir cette sale besogne.
S comme ‘sniffing gate’ et Sherry Singh. C’est LE scandale de l’année. Il vise directement le Premier ministre et a été révélé par nul autre que Sherry Singh, un ex-proche de Pravind Jugnauth, après que ce dernier ait claqué la porte de Mauritius Telecom et du MSM. Cette affaire, avec en toile de fond le ‘sniffing’ de données sur le réseau de Mauritius Telecom à partir de la ‘landing station’ de Baie-Jacotet au profit d’un pays étranger, a pris tout le monde de court, entraînant aussi dans son sillage des répercussions diplomatiques, puisque deux ambassades ont été citées. Acculé, Pravind Jugnauth a maladroitement essayé de se défendre en évoquant la sécurité d’État suivant des allégations de haute trahison à son encontre, mais il n’a point été convaincant. Le ‘sniffing gate’ lui restera d’ailleurs collé à la peau pour longtemps encore.
T comme ‘touni’. Pas le ‘touni minuit’ qu’on connaissait et qui faisait partie du précédent gouvernement de Pravind Jugnauth. Mais ‘touni’ parce que nos poches se vident à la vitesse de l’éclair chaque mois. En cause : la cherté de la vie et la politique gouvernementale.
U comme ‘unparliamentary’ et ‘unconstitutional’. Avec un Speaker comme Sooroojdev Phokeer à la présidence, notre jadis auguste Assemblée nationale a été réduite à un cirque. Le Speaker expulse et suspend quand l’envie lui en prend. Il interprète les ‘standing orders’ à sa façon, de sorte à favoriser la majorité au détriment de l’opposition.
V comme vache à lait. Le gouvernement du MSM considère le peuple comme une vache à lait. Il dilapide les fonds publics, et ce sont les Mauriciens qui casquent les frais à travers le maintien des prix élevés des carburants, la hausse des prix, et l’augmentation du ‘repo rate’, entre autres.
W comme Wayne Attock. C’est une autre affaire qui a défrayé la chronique suivant la circulation des vidéos de son arrestation sur les réseaux sociaux. Il dit avoir été piégé. « Tou dimoune ine trouve bann la ine met la drogue are moi », a-t-il dit après sa libération sous caution. Encore une autre allégation de « planting of drugs » qui secoue la police…
X comme Xanax. Par ces temps qui courent, Xavier Duval n’est pas le seul à devoir en prendre pour rester calme. Nous en avons tous besoin pour garder notre cool face aux dérives institutionnelles et anti démocratiques que nous en témoignons de plus en plus.
Y comme ce yacht de luxe affrété par le gouvernement mauricien pour une étude scientifique aux Chagos. Le ‘Bleu de Nîmes’ a coûté Rs 42, 3 millions aux contribuables mauriciens. Outre la délégation officielle et des Chagossiens, des médias britanniques étaient à bord, mais pas ceux de Maurice, hormis la MBC. Une mission scientifique qui a été qualifiée de succès par Pravind Jugnauth, mais qui n’a évidemment pas été vue d’un bon œil par les autorités britanniques.
Z comme ‘zwayé fet’ et bonne et heureuse année, malgré tout. En espérant que l’année prochaine sera meilleure et qu’on sera enfin libéré du joug de ce gouvernement.