« Le gouvernement veut sacrifier les centres culturels au profit d’hommes d’affaires véreux »

Deven Nagalingum, député du MMM:

Le député du MMM, Deven Nagalingum, ne lâche pas prise sur la reprise du terrain pour la construction du centre culturel tamoul par le gouvernement. Pour lui, il est clair que le gouvernement n’accorde aucune importance aux centres culturels, la priorité de celui-ci étant de favoriser ses proches…

Propos recueillis par Zahirah RADHA

Q : On a vu, au Parlement cette semaine, un consensus entre les députés du PTr-MMM-PMSD pour permettre que votre question sur le centre culturel tamoul puisse avoir toute la considération qu’elle mérite. C’est dire la consternation de l’Opposition parlementaire sur ce dossier, n’est-ce pas ?

Tout à fait. Nous nous sommes concertés et les autres camarades parlementaires du PTr et PMSD ont accepté de retirer ou retenir leurs questions pour me permettre de poser la mienne, car ils sont tout autant concernés par ce problème. Je déplore toutefois l’attitude du Speaker qui a outrepassé ses droits en m’interdisant de poser une deuxième question supplémentaire. Au MMM, nous ne sommes pas seulement consternés, mais aussi indignés par la façon de faire du gouvernement sur ce dossier.

Q : N’êtes-vous pas convaincu par les explications du Premier ministre adjoint, Steve Obeegadoo, qui a dit vouloir y faire un ‘medical hub’ ?

Certainement pas ! Cette région devait initialement être convertie en un ‘cultural hub’. Raison pour laquelle l’État, qui avait à sa disposition un important lot de terrain entre l’Université de Maurice (UoM) et le MGI à Réduit, avait décidé, suivant une législation concernant les centres culturels en 2001, d’allouer à chacun d’entre eux une portion de terrain afin qu’ils puissent y construire leur siège social. Ce projet était supervisé personnellement par le vice-Premier Ministre et ministre des Finances de l’époque, Paul Bérenger.

L’objectif, comme je vous l’ai dit, était de faire du Triangle de Réduit un hub de connaissance, de recherches et de culture de très haut niveau, avec le regroupement de l’UoM, du MGI, des centres culturels et des Archives de la Bibliothèque Nationale dans une seule région. Aujourd’hui, le gouvernement veut sacrifier les centres culturels au profit d’hommes d’affaires véreux. Il a ainsi trouvé une autre formule, en prétextant un ‘medical hub’, pour allouer ce terrain à un membre de Lakwizinn et bailleur de fonds du MSM.

Q : Mais pourquoi un ‘cultural hub’ ?

Les centres culturels représentaient, pour nous, un excellent moyen de mettre en valeur notre riche patrimoine culturel. Maurice est connu pour sa population diversifiée, avec des personnes de diverses origines ethniques et culturelles coexistant en harmonie. En créant des centres culturels, nous voulions promouvoir les échanges et l’appréciation culturels, ainsi que préserver et promouvoir nos propres traditions culturelles.

Quand nous avions créé ces centres, nous voulions qu’ils remplissent certains objectifs, dont la préservation du patrimoine culturel, la promotion des échanges culturels, le développement du tourisme, la promotion de l’éducation et des recherches dans divers domaines de la culture, et l’engagement communautaire. Pour accomplir ces missions, il nous fallait leur donner les moyens. D’où les terrains mis à la disposition de ces centres au Réduit Triangle.

Q : Steve Obeegadoo avance que le centre culturel tamoul n’a toujours pas été construit, d’où la reprise du terrain à Réduit…

Si les centres culturels n’ont pu ériger leurs bâtiments respectifs, c’est principalement la faute aux gouvernement successifs qui ne les ont pas aidés financièrement. Et aujourd’hui, c’est un des prétextes qu’utilise le gouvernement pour leur arracher ces terres et les pousser à La Vigie. Tout le monde sait que la majeure partie des terres à La Vigie est marécageuse, donc pas propice aux constructions.

Par ailleurs, les terres au Réduit Triangle ont une valeur largement supérieure à celle de La Vigie. D’où la grande convoitise de la part des hommes d’affaires pour ces terrains. Aujourd’hui, les affairistes du gouvernement viennent encore une fois donner des faveurs à leurs protégés et à leurs proches.

Q : Que pensez-vous du délai de 48 heures accordé au ‘Mauritius Tamil Cultural Centre Trust’ (MTCCT) pour démarrer la construction du centre ?

C’est non seulement un affront, mais une insulte à l’égard de la communauté tamoule. Ou donne li zis 48 heures komsi li kapave fer mazik. Cela démontre ce que le gouvernement avait déjà mijoté pour reprendre le terrain. D’ailleurs, je ne comprends pas comment le gouvernement peut dire que le MTCCT était consentant. Le MTCCT tombe sous la tutelle du ministère des Arts et du patrimoine culturel, et de ce fait, il est clair qu’il ne peut pas se permettre de nager à contre-courant. Néanmoins, le président de cet organisme n’avait-il pas fait un appel au Premier ministre pour qu’il revoie sa décision lors d’une récente fonction ? Be ou appel sa consentement ou ? Pe couyone dimoune.

Il n’y a eu point de round-table pour connaître le sentiment de la communauté à ce sujet. Il convient aussi de souligner que cette décision de reprendre les terrains au Réduit ne concerne pas uniquement le centre culturel tamoul, mais aussi l’‘Urdu Speaking Union’ et l’‘Indo Mauritian Catholic Association’ (IMCA), entre autres. Les centres culturels ne peuvent pas être traités de cette façon. Je me demande combien de terrains, où la construction n’a pas encore démarré, l’État a-t-il repris ?