Leçons d’hypocrites

Contradictions. Incongruités. Dissonances. Hypocrisie. Des qualificatifs qui résument bien le comportement du gouvernement MSM. Il fait généralement tout le contraire de ce qu’il prêche. Ou de ce qu’il prétend être. Le Premier ministre en est lui-même l’illustration parfaite. « Pravind Jugnauth est connu pour être quelqu’un d’éduqué et de calme », a dit Roubina Jadoo-Jaunbocus dans un entretien accordé au Défi Plus, hier. La population, hormis les ‘chatwas’ patentés, peut néanmoins témoigner qu’il n’y avait rien « d’éduqué » et de « calme » dans les propos grossiers du leader du MSM lors des premiers congrès du parti récemment. Il ne s’est ressaisi que lorsqu’il a été critiqué par la presse. Mais pas avant qu’il n’ait laissé transparaître son vrai visage, ne ressemblant à rien au « diamant » que cette députée aux airs théâtraux prétend qu’il serait.

Et Pravind Jugnauth n’est pas le seul. Comme lui, il y en a d’autres au sein du gouvernement qui sont à double-face ou qui tiennent un double langage. Le déshonorable Kenny Dhunoo nous l’a montré. Mais son comportement n’a ni provoqué de vif émoi de « Indian bashing » quand il a agressé un infirmier indien et n’a ni choqué « ces femmes qui organisent des conférences de presse pour défendre la cause féminine ou encore des associations socio-culturelles, surtout celles qui défendent la cause hindoue », comme l’a dit l’ex-journaliste de la MBC, Manisha Jooty, à l’Express hier alors qu’elle, « une femme hindoue », a été victime du politicien Dhunoo. Cette hypocrisie est malheureusement bien tenace, non seulement du gouvernement mais aussi des associations socioculturelles ou autres ‘rodères boutes’ qui cherchent une place au soleil au nom de la religion ou de la prétendue cause féminine.

Cet artifice, on le sent dans tout ce que dit et fait le régime. Comme Roubina Jadoo-Jaunbocus qui se permet de faire le procès de Navin Ramgoolam alors qu’elle avait elle-même été mise en cause dans le rapport de la commission Lam Shang Leen, lui valant même son poste ministériel. Elle prétend avoir été blanchie alors que le jugement de l’ancien Chef juge Asraf Caunhye et de la juge Nirmala Devat est clair : « For the given reasons, in order to provide an adequate remedy to which the applicant is entitled in that respect, we make a declaration that paragraph 4, under the heading “3. Mrs Roubina Jadoo Jaunbocus” at pages 882-883 of the Report should be disregarded. The application is otherwise dismissed in all other respects. Since the applicant has been partly successful, we shall order her to pay only half of the costs to respondents and co- respondents ».

Ce que nous retenons surtout de ce jugement, c’est que « the application is otherwise dismissed in all other respects ». La légiste qu’est Roubina Jadoo-Jaunbocus peut-elle expliquer à la ‘laywoman’ que nous sommes, en quelle façon « partly successful », gain de cause partiel pour être plus explicite, veut dire « blanchie » ? Tant qu’une enquête en bonne et due forme ne la dédouane complètement des conclusions, hormis le paragraphe 4 aux pages 882-883, du rapport Lam Shang Leen, son intégrité est toujours pointée du doigt. Mais n’a-t-elle pas fait son come-back au bureau politique du MSM bien que cette tache lui reste, valeur du jour, toujours collée à la peau ? C’est quand même déplacé de faire la leçon à quelqu’un alors qu’elle n’est elle-même pas exemptée de tout blâme. Et autant qu’on le sache, Navin Ramgoolam n’a pas été techniquement condamné par la Cour suprême dans l’affaire des coffres-forts. Autant donc pour les grands principes moraux.

Puisqu’il est question de ‘double standards’, il convient aussi de se demander ce qui se trame au sein du gouvernement concernant l’extension de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Plaine-Corail. Les raisons pour lesquelles l’Agence Française de Développement (AFD) a fait marche-arrière sur son soutien financier sont obscures et sentent le roussi. Le plus intrigant, c’est pourquoi le Premier ministre, responsable de Rodrigues, et son gouvernement ne fournissent-ils pas suffisamment d’efforts pour réaliser ce projet tandis qu’à Agaléga, où il n’y a pas plus de 300 habitants, la construction de la piste d’atterrissage et de la jetée avance à la vitesse grand V. Cela n’a pas de sens. Mais bref, qui a dit que le gouvernement a le moindre bon sens ?