Les tente bazar se rétrécissent

Pénurie de légumes locaux et incompétence gouvernementale

Si le prix des légumes chute habituellement en hiver, la tendance cette année a pris un virage à 180 degrés. Le haricot vert à Rs 40 la livre ; la pomme d’amour à Rs 30/Rs 35 ; le chou à Rs 35/Rs 40 l’unité ; le giraumon autour de Rs 25 la livre, et les carottes entre Rs 25 et Rs 40 : ces quelques prix affichés au bazar central de Port-Louis cette semaine illustrent, en effet, la tendance des prix des légumes sur le marché local au début de cette saison hivernale 2023.

Selon le président de la ‘Small Planters Association’, Kreepaloo Sanghoon, plusieurs phénomènes sont à l’origine de cette hausse des prix des légumes dans la mercuriale. Si dans un premier temps le manque de planification de la part du ministère de l’Agro-Industrie a été décrié, il faut se rendre à l’évidence que nous subissons également les effets du changement climatique signalé de longue date par les écologistes.

« Normalement, si vous tenez compte du fait que la majeure partie de notre production de fruits et légumes locaux se fait sur le littoral, là où les températures sont optimales pour la culture des agrumes, vous remarquerez que les prix n’ont pas baissé cet hiver. Cela est dû à la diminution de la superficie de culture (plantation), aux maladies non contrôlées et aux vols dans les plantations », lance Kreepaloo Sunghoon.

Le manque de compétences et la mauvaise maitrise du dossier de la part des officiers de l’Agro-Industrie sont déplorables en cette ère si importante pour le développement du secteur, et pour l’autosuffisance, déplore le président de la ‘Small Planters Association’. « Il y a 15 ans de cela, plus de 300 arpents étaient cultivés pour la plantation de pommes d’amour uniquement dans le nord du pays. Aujourd’hui, il est malheureux de constater que seulement 25 arpents y sont consacrés. Si une botte de cotomili se vend à Rs 25 l’unité, l’accent accru du ministère vers la culture hydroponique commence à avoir des répercussions sur la plantation ouverte (plein air) » estime Kreepaloo Sanghoon.

Ce dernier parle aussi du manque de relève dans le métier de planteur. Kreepaloo Sanghoon est d’avis que le vieillissement des planteurs et la manque de main d’œuvre joue un rôle prépondérant dans l’augmentation des prix des légumes.

« Le prix des légumes sera en hausse tout au long de l’hiver. Pour un budget de Rs 500, la tente « bazaar » se fera de plus en plus mince. Cela reflète l’absence totale d’un contrôle assidu de la part des autorités. Le ministre en question ne maitrise même pas le dossier, et il ne sait pas comment fonctionne ce secteur qui est primordial pour le pays. Cela fait plus de 10 ans qu’on est sans recensement agricole ! La dernière étude date de 2011. Est-ce acceptable en 2023 ? » s’insurge Kreepaloo Sanghoon.

Le planteur déplore aussi la diminution de notre production annuelle locale. « Chaque année, notre capacité à produire des légumes diminue drastiquement, on importe maintenant plus de 80% des produits que nous consommons. Les touristes viennent chez nous pour manger local, or le gouvernement leur propose des légumes de chez eux ! Le ministère fait fi de nos doléance et suggestions. Si rien n’est fait, l’avenir de ce secteur capital pour notre PIB s’annonce très sombre. Ena solisyon ek li pa kout cher nanyer, lotorite zis bizin met li en aksyon ! », conclut Kreepaloo Sanghoon.