Lettres à la poste

SST. Planting. Facteur. C’est tout ce qu’on entend depuis quelques jours. Sur les ondes des radios privées. Dans les rues. Dans les bureaux de poste. C’est tout ce qu’on voit aussi. Sur les réseaux sociaux. Dans les journaux. Dans les caricatures. Certains s’amusent et en font des memes. D’autres, plus appréhensifs, s’alarment pour leur sécurité. Et se demandent ce qu’il adviendra des frères Bissessur et de la compagne d’Akil, Doomila Moheeputh, dont les cas interpellent. La peur s’installe. Les langues se taisent. La dictature se répand. Entretemps, Lakwizinn du gouvernement continue d’étendre ses tentacules, sans que le peuple admirable ne s’en rende compte. Car son attention est focalisée ailleurs. Objectif atteint du gouvernement, la SST lui servant de distraction dont il a tant besoin pour faire passer certaines lois sous silence.

C’est ainsi que la nouvelle loi sur la « Central Medical Procurement Authority » est passée sous silence, sans que la population ne réalise la mainmise qu’aura dorénavant le gouvernement, à travers des nominés politiques, sur l’achat des médicaments et des équipements médicaux. Autant dire bonjour à la deuxième saison des scandales Molnupiravir, Pack & Blister et Hyperpharm, entre autres. Et qu’on ne s’étonne surtout pas qu’encore d’autres quincailleries et bijouteries obtiennent davantage de contrats lucratifs pendant que le pouvoir d’achat des Mauriciens s’effrite, lui, davantage. « The Emergency Procurement during COVID-19 was an early harvest. The Central Medical Procurement Authority will produce the bumper crop », a d’ailleurs prévenu, avec justesse, le Dr Arvin Boolell lors de son discours au Parlement, mardi. Les proches du régime peuvent donc se frotter les mains, malgré l’asphyxie des Mauriciens devant la cherté de la vie.

Pendant que le peuple s’émeut concernant le sort des facteurs, la nomination prochaine d’un 11ème PPS par le Premier ministre passera comme une lettre à la poste. Et ce, tandis que des enseignants manquent, à mi-terme, toujours à l’appel dans divers établissements scolaires du pays. Pravind Jugnauth croit qu’il peut reléguer l’éducation de nos enfants à l’arrière-plan aussi longtemps qu’il leur fait croire qu’il tient à eux, en leur brandissant la carotte de Rs 20 000 qu’ils sont appelés à percevoir à l’âge de 18 ans. Comme si cela suffisait pour sécuriser leur avenir. Par contre, en nommant un PPS additionnel, le Premier ministre s’assure d’une stratégie qui pourrait lui être politiquement payante. Puisqu’elle lui permettra de redistribuer les cartes, surtout si elle est accompagnée d’un remaniement ministériel. Il jette des miettes pour abêtir la jeunesse mauricienne, quitte à la contraindre à quitter le pays, mais il s’octroie les moyens pour garantir ses arrières politiques et pouvoiristes. Et tout cela se passe dans l’indifférence la plus totale au sein de la population.

Après avoir anéanti les courses au Champ-de-Mars, le Premier ministre caresse maintenant l’idée de créer une mini-forêt à la place du bâtiment Emmanuel Anquetil. Pourquoi ? Parce qu’il vise à transférer la capitale de Port-Louis à Côte d’Or, dans sa circonscription au no. 8, où il compte développer une ville administrative. Là-même où un « World Trade Centre » de 50 étages est pressenti de voir le jour, sans qu’aucune étude de faisabilité n’ait été faite. Ce qui nous rappelle tristement le projet de Heritage City, qui avait englouti quelques centaines de millions de roupies avant d’être enterré définitivement, après une vaine tentative de ressuscitation. Mais tant que le peuple ne prend pas de recul, il ne pourra prendre la pleine mesure de tout ce qui se trame dans ce pays. D’où l’importance de garder les yeux et les oreilles bien ouverts pour qu’il sache exactement à quoi il lui faut s’attendre.