Même scénario

C’est un bis repetita du méga-scandale commis durant le premier confinement. Loin de se décourager, malgré les protestations véhémentes de l’opposition, de la population et même du directeur de l’Audit suivant les contrats faramineux et scandaleux octroyés sous l’« emergency procurement » en mars 2020, le gouvernement persiste à bangoler les fonds publics. Qui, « in his right mind », accepterait d’acheter un médicament à Rs 9.30 un jour et payer Rs 79.92 pour le même produit le lendemain ? Pourtant le ministère de la Santé semble prendre plaisir à le faire et le refaire depuis le premier confinement, sans la moindre gêne. Le MSM aurait-il géré l’argent du Sun Trust de la même façon qu’il le fait avec les caisses de la trésorerie publique ? Certainement pas. Mais puisqu’il ne s’agit pas de l’argent du Sun Trust, le gouvernement pense pouvoir en disposer comme bon lui semble, conforté par le fait que les autorités chargées d’enquêter sur de tel vol, oui ç’en est un, feindront l’indifférence.     

 « Wise after the event ». C’est ce qu’on avait déduit en lisant, dans le Défi Quotidien du 9 décembre, une source au sein du ‘High Level Committee’ dire que « nous avons maintenant une connaissance plus profonde et n’allons pas faire les mêmes erreurs. Si on ouvre partout, le risque est que les chiffres repartent à la hausse ». Un aveu venu tardivement alors que des centaines de patients ont déjà perdu la vie à cause de la Covid-19 et que des dizaines de milliers d’autres, incluant des ‘frontliners’, ont été contaminés, poussant notre service de santé publique à bout, jusqu’à provoquer un manque d’oxygène. Une situation qui aurait pu très bien être évitée si seulement le gouvernement s’était montré plus réceptif aux doléances, critiques, suggestions et à tous ceux qui tiraient la sonnette d’alarme depuis quelques temps. Mais on était néanmoins soulagé d’apprendre que nos dirigeants avaient enfin appris  la leçon et qu’ils allaient désormais rectifier le tir.

On a vite déchanté en réalisant, suivant le message du Premier ministre à la nation le même soir, que rien n’a changé ? Et que le gouvernement n’a nullement revu sa copie. Le chef du gouvernement nous a soumis à un ‘replay’ du même scénario, laissant entendre que tout va bien dans le parfait des mondes, qu’il n’y a rien à craindre et qu’il ne faut pas se laisser influencer par les antipatriotes. Il est même allé jusqu’à prétendre qu’il n’y a jamais eu de manque d’oxygène. À croire que les patients qui en ont fait les frais mentaient. Une véritable honte venant d’un Premier ministre ! Et il ose venir nous faire la leçon sur les faussetés et le patriotisme ! La population n’est pas aussi dupe pour qu’elle prenne des vessies pour des lanternes, malgré tous les prétentions et les soudoiements de Pravind Jugnauth, comme le paiement du salaire et du boni de fin d’année plus tôt que prévu, créant, une nouvelle fois, deux catégories d’employés dans le pays, la cruelle réalité voulant que certains n’auront probablement même pas de treizième mois.

L’ironie, c’est que bien que les autorités ne veuillent pas reproduire leurs erreurs, les mesures sanitaires jusqu’ici en vigueur n’ont pas été renforcées. Peut-être pour créer un certain ‘feel good factor’ dans le pays après le traumatisme de ces derniers mois. Sauf que ce laxisme entraînera inévitablement une autre vague en janvier 2022. Finalement, ce sont les mêmes erreurs que le ‘High Level Committee’ dit ne pas vouloir commettre de nouveau qu’on risque de revoir. Un bis repetita de l’épisode suivant la détection initiale des trois cas de Delta en octobre dernier quand le gouvernement n’a pas cru bon de renforcer les mesures sanitaires en dépit des appels lancés par des professionnels de santé.

Ce qui a résulté hélas en une hausse conséquente du nombre de cas d’infections et de décès suivant les trois jours fériés au début du mois de novembre. Les conséquences ont aussi été désastreuses pour notre économie, au point où Maurice s’est retrouvé sur la liste rouge, voire écarlate, de plusieurs pays, dont la France. On aurait cru que le ‘High Level Committee’ présidé par le Premier ministre se ravisera après avoir réalisé, même après coup, ses erreurs. Comme dans le cas d’« emergency procurement ». Mais en vain.