Le Mentor est finalement sorti de son cocon douillet cette semaine. Détrompez-vous, il ne s’est pas rendu à Cottage pour réconforter les sinistrés qui se trouvent être ses mandants. Cette sale besogne, il l’a laissée au député du ML, Ravi Rutnah, et à son conseiller Prakash Maunthrooa. Aux victimes qui cherchaient une explication quant à l’absence de celui qui s’était présenté comme leur sauveur en décembre 2014, les émissaires de SAJ ont bienveillamment expliqué que ce dernier ne pouvait y faire le déplacement en raison de son âge. Évidemment, beaucoup d’entre eux n’ont pas mordu à cet hameçon. Comme en témoignent les nombreux commentaires des internautes sur notre page Facebook à cet effet. Imaginez maintenant leur déception et leur dégoût quand ils ont appris que SAJ a assisté, sans de difficultés apparentes, à une fonction que ses fans ont organisé à Roches-Noires durant la semaine écoulée. Comme si une fête de fin d’année de ceux qui lui vouent une admiration avait plus d’importance qu’une visite de consolation de ceux qui vivent dans une angoisse constante, surtout durant cette période cyclonique !
Il est vrai que c’est bien plus facile de satisfaire une assistance déjà acquise à sa cause qu’à des manifestants en désarroi, ayant tout perdu dans les inondations du 10 décembre dernier. Mais la décence veut qu’en des moments pareils, les élus se rendent aux chevets de leurs mandants. Pour leur remonter le moral. Les soutenir. Les rassurer. Et non pas qu’on leur « pisse » dessus ! Mais peut-être que c’est trop demander à celui qui jure que « moralité pas rempli ventre ». Les considérations familiales ont donc pris le dessus sur les intérêts de la population. C’est ainsi que l’ancien Premier ministre a jugé plus nécessaire de monter au créneau pour défendre le bilan de son fils à Roches-Noires. Et pour critiquer le plus farouche opposant de ce dernier, Navin Ramgoolam. Sir Anerood Jugnauth a annoncé, dans la même foulée, qu’il sera présent sur le terrain aux prochaines élections. Non pas en raison de son investiture – car il ne sera pas candidat-, mais pour s’assurer que sa progéniture obtienne de nouveau le pouvoir. N’est-ce pas beau les relations papa-piti ?
Qui osera encore faire confiance à SAJ ? La population n’a-t-elle pas déjà fait les frais de l’espoir qu’elle avait placé en lui durant la dernière campagne électorale ? Qu’a-t-elle eu en retour si ce n’est de la trahison ? Il faut vraiment que le peuple soit aveugle pour ne pas voir dans son petit jeu malsain. Si SAJ veut sincèrement le bien-être de la population, qu’il commence d’abord à descendre sur le terrain, dans sa propre circonscription à Cottage, pour voir dans quelles conditions des dizaines de familles vivent depuis ces deux dernières semaines, une aide financière du gouvernement se faisant toujours attendre. D’autant qu’elles ne se seraient probablement pas retrouvées dans cette situation si son gouvernement n’avait pas décidé, en 2015, de bloquer les travaux qui y avaient déjà été enclenchés par l’ancien régime. S’il ne peut compatir avec ses mandants, autant qu’il ne descende pas sur le terrain lors de la prochaine campagne électorale. Car le peuple saura alors lui rendre la monnaie de sa pièce.