Mutation du DCP Jangi : Une parade pour sauver la face ?

Affaire ‘Constituency Clerk’

L’affaire d’emploi fictif de ‘Constituency Clerk’ a été au centre d’un chamboulement aux Casernes centrales cette semaine. Jusqu’ici patron du CCID, le DCP Heman Jangi a été muté à la ‘Police Training School’ (PTS) depuis jeudi dernier. C’est son adjoint, l’Assistant Commissaire de police (ACP) Kistnasamy Armoogum qui le succède au CCID en attendant un éventuel remplacement à ce poste. Cette mutation a donné lieu à plusieurs spéculations, d’autant qu’Heman Jangi, un proche du pouvoir en place, avait été sous contrat alors qu’il avait déjà pris sa retraite. Quelles sont les réelles motivations de cette mutation ?

Deux raisons sont avancées à ce stade. Il y a d’abord l’affaire de ‘Constituency Clerk’. L’ancien ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden, on le sait, n’a pas encore été interrogé ‘Under Warning’, malgré un avis émanant du bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) en février dernier et recommandant que l’enquête soit approfondie. Certaines sources pensent ainsi que la mutation du DCP Jangi était nécessaire puisqu’il fallait trouver un moyen de sauver la face du gouvernement, surtout après la publication du rapport de la magistrate Mungroo-Jugurnath. Il est évident, au vu du contenu de ce rapport, que la police ne pouvait rester les bras croisés après qu’une enquête approfondie ait été réclamée. Or, rien n’a été fait jusqu’ici. D’où cette apparente sanction pour donner l’impression que la léthargie de la police ne sera pas acceptée.

Il y a ensuite eu l’affaire dite ‘Pendrive’ où des personnes interpellées par certains enquêteurs étaient torturées. Vendredi dernier, l’ASP Roshan Kokil a été mis à la retraite forcée par la ‘Discipline Forces Services Commission’ (DFSC) suivant une recommandation du Commissaire de police. Il était celui qui était chargé par l’ancien Commissaire de police, Khemraj Servansingh, d’enquêter sur cette affaire, mais le dossier, semble-t-il, avait été gardé au fond d’un tiroir quelconque. La raison évoquée, c’est que les vidéos étaient floues. Or, c’était le DCP Heman Jangi qui était responsable de superviser cette affaire.

Fraîchement nommé à la tête du CCID depuis jeudi dernier, l’ACP Armoogum a déjà entre ses mains un dossier brûlant. Il s’agit de l’affaire ‘Constituency Clerk’, où les enquêteurs s’apprêtent à convoquer le député de la circonscription no. 8 ‘Under Warning’. Une inculpation provisoire n’est pas à écarter, nous indique des sources bien informées aux Casernes centrales. Les enquêteurs étaient en attente de la disponibilité de l’avocat de Yogida Sawmynaden pour lui servir sa convocation.

Descente à Buckingham jeudi matin

Nombreux sont ceux qui ont été surpris, jeudi matin, quand ils ont vu des véhicules de la police circulant dans les rues de Rose-Hill. Au début, ils pensaient à une descente au domicile d’un trafiquant de drogue, mais le cortège s’est arrêté devant le domicile de feu Dr. Ganeeshwar Gaya à Buckingham, Rose-Hill. Des policiers affectés à la ‘Special Striking Team’ (SST), munis d’un mandat de perquisition, ont informé l’occupante de la maison, soit la belle-mère de l’avocat Sanjeev Teeluckdharry, qu’ils devaient procéder à une fouille. Cette dernière a immédiatement informé sa fille, Namrata Gaya-Teeluckdharry qui a, à son tour, informé son époux. Sanjeev Teeluckdharry s’est alors rendu sur les lieux, et la fouille a été effectuée en sa présence. Au bout de deux heures de recherche, rien de compromettant n’a été retrouvé.

Sanjeev Teeluckdharry dit ne pas comprendre ce que recherchaient les policiers. Des ‘illegal articles’, nous a confié un membre de la SST après que l’opération ait pris fin. Mais de quel ‘illegal articles’ s’agit-il ? Aucune réponse. Était-ce une tentative d’intimidation ? Cela y ressemble étrangement. D’ailleurs, sur place, les avocats Anoup Goodary, Akil Bissessur et le travailleur social Bruneau Laurette n’ont pas manqué de critiquer la SST et le chef de l’unité, l’ASP Ashik Jagai.