Navin Ramgoolam, le leader du Parti travailliste (PTr), devait démontrer lors de la conférence de presse post-budgétaire du parti, que les allocations de Rs 1 000 aux familles et les hausses à la pension de vieillesse ne sont que de la poudre aux yeux de la population, car ils seront vites englouties par les hausses de prix à venir. Il a aussi dénoncé le manque de transparence du gouvernement et son incapacité à faire face à la dépréciation de la roupie, à l’inflation et à la dette publique.
Selon Navin Ramgoolam, le budget ne rétablit point le pouvoir d’achat de la population. « Les plus vulnérables, ainsi que les personnes de la classe moyenne, s’appauvriront davantage », soutient-il. Il rappelle que les prix des produits alimentaires ainsi que ceux des produits pétroliers ne cessent d’augmenter, et que ces allocations de Rs 1 000 ou de Rs 2 000 seront vite englouties par toutes ces augmentations. « Zotte finn embete le pep », poursuit-il. Pour soutenir ces dires, Navin Ramgoolam a, chiffres à l’appui, démontré que les prix sont grimpés en flèche depuis 2014. « Ces allocations de Rs 1 000 et Rs 2 000 ne sont juste qu’une illusion. Li pe kouyonne le pep », martèle-t-il.
La dépréciation de la roupie entrainera des « hausses de prix insoutenables »
Navin Ramgoolam soutient que tout cela est dû à la dépréciation de la roupie, qui est causée par l’irresponsabilité du gouvernement lui-même. Il a ainsi indiqué qu’en 2014, le dollar américain était de Rs 30.66, alors qu’à vendredi matin (9 juin 2023), il valait Rs 43.95, soit une hausse de plus de 45 %. Il a averti que la dépréciation de la roupie entraînera inévitablement des augmentations insoutenables. « D’autant plus que selon les dires même du ministre des Finances, plus de 75 % des produits alimentaires sont importés », souligne Navin Ramgoolam. Face à cette dégringolade de la roupie, le gouvernement opère dans une opacité absolue, selon lui. « Aucune transparence et aucune stratégie économique pour la relance n’est proposée par le gouvernement », fait-il ressortir.
Dans le contexte de l’importation, il devait aborder le coût du fret. Il a ainsi brossé un tableau sombre sur les prix des conteneurs qui ont augmenté drastiquement, selon lui. Ainsi, selon lui, un conteur de 20 pieds venant d’Europe coûtait 1 400 dollars américains en 2014, et est passé à 4 200 dollars aujourd’hui, soit une hausse de plus de 190 %. Quant au conteneur de 20 pieds venant d’Asie, celui-ci coûtait 900 dollars en 2014 tandis qu’aujourd’hui, il coûte 6 300 dollars, ce qui représente une hausse de plus de 600 %.
Navin Ramgoolam dit qu’il ne croit pas aux prévisions du ministre des Finances en ce qui concerne le taux d’inflation, ainsi que le niveau de la dette publique. « Le taux d’inflation tourne autour de 10,75 %. Le ministre des Finances dit qu’il le ramènera à 8,6 %. Je ne le crois pas un seul moment. Cela parce que le ministre Padayachy n’a aucune stratégie macro-économique, et aucune de ses prévisions ne s’est avérée », a dit avec force le leader du Ptr.
Rs 62 Mds des ‘Special Funds’
Au chapitre de la transparence, Navin Ramgoolam rappelle que le gouvernement dispose de Rs 62 milliards dans les ‘Special Funds’. Selon lui, il y a actuellement un total de Rs 40 Mds dans ces ‘Special Funds’, et que Rs 22 Mds additionnelles viendront s’ajouter à ce montant, ce qui fera Rs 62 Mds. Il s’est demandé pourquoi le gouvernement n’a rien fait pour baisser les prix des carburants en utilisant cet argent.
Navin Ramgoolam prédit que « la situation sera encore plus chaotique sous ce gouvernement ». « Nous, au Parti travailliste, nous voulons que la démocratie fonctionne correctement et que tout soit fait dans la transparence », devait-il ajouter.
Braderie de nos terres
« Scandaleuse »
Le leader du Parti travailliste (PTr), Navin Ramgoolam, a dénoncé la vente des terrains et autres résidences aux étrangers, selon une nouvelle politique du gouvernement MSM, politique qui a été annoncée dans le dernier Budget.
Navin Ramgoolam a indiqué que désormais, les étrangers seront autorisés à acheter des résidences à Maurice. Ces résidences coûteront 350 000 dollars américains au minimum, soit Rs 15,4 millions. « Ces étrangers n’ont qu’à faire une contribution de 10 % au ‘Solidarity Fund’ pour avoir le droit d’acheter une résidence », devait déplorer le Dr. Ramgoolam.
Navin Ramgoolam souligne qu’avec cette politique, le prix de l’immobilier accusera une hausse importante. Cela impliquera que les Mauriciens ne seront pas en mesure d’acheter des résidences dans leur propre pays.
Qui plus est, les grands propriétaires fonciers s’empresseront de convertir leurs terrains agricoles en zones résidentielles pour y faire construire des résidences de luxe. « Vous croyez qu’ils vont investir dans la sécurité alimentaire alors qu’ils pourront réaliser des profits mirobolants dans l’immobilier ? », s’est-il demandé.
Autre conséquence de cette politique, selon son analyse : la classe moyenne mauricienne se verra exclue de toute possibilité d’achat de résidence car les prix flamberont trop. « C’est un scandale », devait résumer le Dr. Ramgoolam.
Il fait rappeler, à ce stade, que le programme électoral du PTr prévoit la non-conversion des terrains agricoles en zones résidentielles. Car pour lui, il sera impossible de parler d’autosuffisance alimentaire si les terrains agricoles sont convertis en zones résidentielles pour les nantis.
