“New Cancer Centre à Solferino (ex-Medpoint)” Un service au petit bonheur

  • Les nouvelles facilitées annoncées depuis 2020 se font toujours attendre

Il est 8h02, et c’est sous un soleil de plomb, près du J&J Auditorium, que nous avons rencontré Satish (prénom fictif). Il marche depuis l’arrêt d’autobus de Jumbo Phoenix jusqu’au New Cancer Centre, anciennement Medpoint, à Solferino. « Il n’y a pas de bus qui nous transporte jusqu’à la clinique. J’ai 54 ans et je suis sous traitement de chimiothérapie, or je n’ai pas les moyens de me payer un taxi. C’est dur. Je dois marcher », dit-il essoufflé. Sur place, au New Cancer Centre, un minimum de six agents de sécurité coordonne la valse des véhicules emmenant les patients qui viennent pour suivre leur traitement de chimiothérapie. Des parkings sont réservés aux médecins et au personnel du centre hospitalier.

À l’entrée, nous rencontrons Pierre, qui accompagne sa femme Henriette. Cette dernière souffre d’un cancer du sein et doit faire une chimiothérapie. Lors d’un brin de causette, Pierre nous laisse entendre qu’il a payé un taxi Rs 600 pour le trajet de retour de son épouse. « Elle est faible après le traitement, et ne peut marcher pour aller prendre le bus. Elle doit absolument se reposer. Pena cass mem, bizin tracer, pou sorti Rozil pu vinn Phoenix, taxi la pren mwa Rs 600 », explique-t-il, les yeux remplis de larmes.

Toujours pas de radiothérapie

Malgré l’ouverture de ce ‘New Cancer Hospital’ de Solferino en octobre 2020, les patients souffrant de cancer et nécessitant des soins de radiothérapie doivent toujours se rendre au département RT de l’hôpital de Candos, le seul à les offrir. Alors qu’il était initialement prévu que des services de radiothérapie y soient dispensés quelques mois après son ouverture. Trois ans plus tard, toujours rien.  

À l’intérieur, les patients sont dans une salle d’attente remplie. La souffrance se lit sur leur visage. « Nous devons attendre toute une journée pour recevoir notre traitement. Parfois, à la fin de la journée, les infirmiers nous demandent de revenir le lendemain. Nous sommes en 2023, voilà la situation de notre système de santé », nous confie Radha, une cancéreuse de 57 ans, dépitée.

Bien que les patients arrivent très tôt pour leur chimio, l’établissement ne peut en traiter que 50 par jour. Arvin, 37 ans, souffrant d’un cancer de l’estomac, nous fait part du malaise qu’il ressent lorsqu’il voyage à bord des ambulances pour se rendre à l’hôpital Victoria pour sa session de radiothérapie.

Nouvelles infrastructures toujours pas opérationnelles

Le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, avait soutenu, suivant une question parlementaire du député Travailliste, Farhad Aumeer, au Parlement le 6 juin 2023, que les travaux infrastructurels de cet hôpital devaient être complétés le 15 septembre de cette année. Nous sommes en novembre 2023 et l’extension de l’hôpital n’est toujours pas opérationnelle. Rappelons que le ministre de la Santé avait également annoncé que l’hôpital serait équipé de deux nouveaux accélérateurs linéaires, d’un ‘Cyberknife’ et d’une curiethérapie à haut débit de dose, entre autres. En vain.

Pourtant, la curiethérapie est jugée d’efficace, puisque des sources radioactives sont implantées directement à l’intérieur du corps de la personne malade. La dose de rayonnements est forte au niveau de la zone à traiter et diminue rapidement au niveau des tissus sains. Grâce à son action ciblée, les effets secondaires liés à l’irradiation des tissus sains sont limités.

Nous avons tenté de contacter l’attachée de presse du ministre de la Santé afin d’obtenir une déclaration, en vain, son portable étant éteint.