Nothing personal, guys !

Pravind Jugnauth doit jubiler en ce moment. Alors qu’un de ses anciens ministres était interrogé aux Casernes centrales et que la Cour de Moka était le théâtre de plusieurs révélations scandaleuses, l’Opposition – du moins une partie d’entre elle – se donnait en spectacle. Et ce n’était pas plaisant à voir. Ni à entendre. De quoi faire rire jaune la population. Plus celle-ci réclame le changement, plus une section de la classe politicienne persiste à lui servir la même rengaine. C’est à désespérer, quoi ! Sans doute attiré par un irrésistible parfum de bois de rose, ce vieux renard Paul Bérenger a cru bon de nous rassasier avec un énième épisode « on – off ». Et il ose nous dire qu’il a écouté la voix du peuple ! S’il lui avait vraiment prêté une oreille attentive, il aurait compris que c’est justement ce genre de « dirty politics » que le peuple rejette. C’est précisément cette mentalité qui consiste à prendre les Mauriciens pour des sots qu’il faut changer. Malheureusement, Bérenger a prouvé qu’il ne changera pas. Sa mentalité non plus. Peut-on donc lui faire confiance pour apporter ce changement du système tant réclamé et attendu par les Mauriciens en général ?

En excluant, voire expulsant de façon aussi cavalière, le Parti Travailliste et surtout son leader du regroupement de l’Opposition, la bande Bérenger-Duval-Badhain, ennemis d’hier devenus aujourd’hui amis grâce à ce même Navin Ramgoolam, a fait preuve d’un opportunisme déplorable. D’un commun accord, lea leaders mauve-bleu-jaune ont décidé que Ramgoolam était une ‘liability’ pour eux et pour l’alliance qu’ils veulent concrétiser. Sur quoi se basent-ils pour prétendre que le peuple ne veut pas expressément de Navin Ramgoolam ? Autant qu’on sache, la population ne veut pas de dynasties politiques. Contrairement à Ramgoolam qui n’a pas d’héritier pour prendre la clé du parti et d’occuper le trône suprême, les Bérenger, Duval et Badhain ont tous leurs juniors qui, on présume, n’attendraient que leur tour pour prendre la relève de leurs partis respectifs. Dans une éventuelle alliance MMM-PMSD-RP, l’on peut ainsi s’attendre à ce que les papa-piti figurent en bonne place ! Alors pourquoi Navin Ramgoolam devrait-il céder sa place et pas eux ?

Si la bande des trois pense que le leader des rouges est un poids lourd parce qu’il n’a pas été élu aux deux dernières élections, dont la dernière était truffée d’irrégularités et dont le sort est entre les mains de la Cour, il faut bien leur rappeler que Bérenger a systématiquement conduit son parti à la défaite lors de diverses élections générales, même quand le MMM n’était pas en alliance avec le PTr. Dans la même veine, Roshi Badhain n’a pas non plus été plébiscité par l’électorat, que ce soit à la partielle au no. 18 ou au no. 20 aux élections générales de 2019. Il lui reste toujours à faire ses preuves. Pourquoi donc choisissent-ils de rester à la tête de leurs partis et de se présenter éventuellement comme candidats tandis qu’ils mettent pratiquement un couteau sous la gorge de Navin Ramgoolam pour lui forcer à céder un éventuel ‘primeministership’ à quelqu’un de plus accommodant et peut-être même fraîchement débarqué de l’hôtel du gouvernement ? De quel droit s’arrogent-ils d’ailleurs pour décider du sort du PTr alors que celui-ci ne se mêle nullement des affaires internes des mauves, bleus ou jaunes ?

C’est à se demander aussi pourquoi le poste de Premier ministre pose-t-il autant de problèmes alors que le programme n’a pas encore été discuté. Ce qui donne l’amère impression que le trio Bérenger-Duval-Badhain ne songe qu’à leurs intérêts personnels au lieu de se préoccuper du sort de la population face à un gouvernement pourri. Qui sera Premier ministre dans quatre ans, le peuple n’en a cure car ses priorités immédiates sont toute autres. C’est pourquoi la priorité aurait dû être la mobilisation en vue des élections municipales et la rédaction d’un programme électoral reflétant le vœu de la population. Ils auraient pu ensuite se pencher sur la constitution de l’équipe qui le mettra en œuvre. Or, Bérenger-Duval-Badhain se sont trompés de priorités. À moins qu’ils prévoient d’épouser le projet de société approximatif de Nando Bodha. Dans lequel cas, il sera alors prouvé que c’est l’arrivée de ce dernier, qui hier encore entérinait collectivement les décisions prises par le Conseil des ministres, dans les rangs de l’Opposition qui a mené à l’exclusion du leader du PTr.

Plus que l’opportunisme, cela relèverait alors de l’hypocrisie, pour ne pas employer le terme traîtrise. Hypocrisie envers Navin Ramgoolam qui a tant œuvré pour un regroupement de l’Opposition. Et aussi envers le pays pour avoir failli à écouter la voix du peuple qui réclame un changement en profondeur du système alors qu’ils ne font que perpétuer le système actuel et pour avoir placer les intérêts personnels au-dessus des revendications populaires.