Parias de la démocratie

Ce que le MSM avait promis en 2014 :

« Une Freedom of Information Act sera introduite pour garantir la transparence et permettre la libre circulation de l’information » – manifeste électoral de l’Alliance Lepep.

Ce qu’affirme le gouvernement MSM, dirigé par Pravind Jugnauth, en mai 2023 :

« In my replies to Parliamentary Questions B/83 on 30 March 2021 and B/216 on 12 April 2022, I elaborated extensively on the reasons why Government does not intend to go ahead with a Freedom of Information Bill. I did in fact bring out the far-reaching implications of such a piece of legislation, especially its negative impact on public service delivery and on our public finance, particularly at this juncture, and the apprehended unintended negative consequences of such a piece of legislation ».

Jugnauth a pris le soin de préciser, à une question supplémentaire du député Deven Nagalingum, que la ‘Freedom of Information Act’ ne figurait pas dans le manifeste du MSM en 2019. Sa réplique, qui se voulait plutôt sarcastique, prouve néanmoins une chose : qu’il ne comprend pas les implications de ce ses propres déclarations. Car sans le vouloir, il a concédé qu’il avait déjà enterré la ‘Freedom of Information Act’ aux élections de 2019, sans qu’il ne vienne s’expliquer sur les raisons pour lesquelles il n’a pas tenu sa promesse. Ce n’est qu’en mars 2021, mai 2022 et finalement le 23 mai 2023, en réponse à des questions parlementaires, qu’il a tenté de justifier sa décision de ne plus aller de l’avant avec ce projet de loi, mort avant même de voir le jour.

De toute évidence, il était clair qu’il n’allait jamais le concrétiser, ne tenant pas la presse en odeur de sainteté. Ses actions le prouvent. Les lois et mesures répressives pour bâillonner les médias, ses insultes contre certains journalistes, ses tentatives répétées de supprimer la liberté d’expression… Toutes ces actions mettent à nu ses sombres desseins de vouloir, à tout prix, maintenir un épais rideau d’opacité entourant les projets gouvernementaux. Il se ridiculise d’ailleurs quand il dit, pince-sans-rire, que « quand cette opposition est au gouvernement, elle parle un langage et quand elle est dans l’opposition, elle parle un langage qui est totalement contraire au langage qu’elle parle quand elle est au gouvernement ». Réalise-t-il que c’est exactement ce qu’il a fait avec la ‘Freedom of Information Act’ ? Se rend-il compte qu’il n’a pas été élu pour répéter les mêmes erreurs des précédents gouvernements ? Visiblement non…

Pravind Jugnauth dit qu’il a pris d’autres mesures pour consolider la démocratie. Or, c’est exactement le contraire qui est vrai. Sous son règne, il a verrouillé toutes les institutions et restreint quasiment toutes nos libertés avec des lois et des règlements en tous genres. Le troisième renvoi des municipales est symptomatique de la dérive démocratique que nous vivons sous le MSM. Heureusement pour nous que certaines institutions fonctionnent toujours dans ce pays. Le bureau du DPP et le judiciaire en sont les preuves. Le DPP Rashid Ahmine et la magistrate Azna Bholah ont administré une forte dose de rappel concernant les charges provisoires à la police et à l’ICAC, cette semaine.

À force d’être politisées, ces deux institutions sont devenues des parias de la démocratie. Elles n’enquêtent pas avec diligence. Pire, elles n’œuvrent plus en faveur de la justice, mais agissent plutôt comme des machines à cover-up pour trouver des bouc-émissaires et d’écrabouiller, tels des rouleaux compresseurs, leurs droits constitutionnels en leur imputant des charges provisoires qui leur privent de leurs droits fondamentaux. Deux extraits du jugement de la magistrate Azna Bholah, rendu le 25 mai dans le cas de Brijendrasingh Naeck relatif à l’affaire Molnupiravir, en attestent. Elle souligne d’abord que « I take the view that ICAC is at a fishing expedition stage on the basis of only mere suspicion […] » et elle ajoute ensuite que « […] the remarks made by the EO with regard to the qualifications of the former SCE of the MoHW, the DPS and other senior officers of the Ministry, seem to be clearly a subsequent vain attemp to disconnect them from the present provisional charge […] ». Éloquent. Et suffisant pour renforcer nos convictions que l’ICAC et la police, telles qu’elles sont dirigées actuellement, sont indignes de notre confiance.