Raj Ramlugun : « Aucune visibilité sur l’achat des nouveaux Airbus »

Air Mauritius

L’acquisition de trois Airbus A350 suscite de nombreuses questions, d’autant que la compagnie avait auparavant été placée sous administration volontaire et a dû vendre ses avions pour rembourser ses dettes. Cette commande a été passée lors du salon du Bourget, en France. Cela implique-t-il que tout aille bien maintenant pour Air Mauritius ? Raj Ramlugun, porte-parole de l’Association des petits actionnaires d’Air Mauritius, déplore l’absence de transparence concernant les actions du gouvernement. « C’est une bonne chose que nous ayons procéder à l’achat des avions. Toutefois, il ne faut pas oublier qu’il y a deux ans de cela, le gouvernement avait bradé des avions pour ‘dipain dibere’. Aujourd’hui, nous faisons des achats valant des milliards de roupies. Comment peut-on prendre une telle décision sans aucune visibilité ? Ces questions restent sans réponse. Auparavant, lors de l’achat d’avions par le gouvernement, il y avait des intermédiaires et des experts impliqués », dit-il.

Qui paiera pour les Airbus A350 ?

Qui règlera la note pour l’achat de ces Airbus A350 ? Cette question reste en suspens, selon Raj Ramlugun qui soulève des doutes quant à la rentabilité de la compagnie, et à sa capacité à financer cet achat. Il affirme qu’il n’y a aucune visibilité, et donc aucune garantie, sur le bilan de l’AHL Holdings depuis 2021. Est-ce que cela a été réalisé en réduisant le personnel et les coûts d’Air Mauritius, ce qui a conduit à cette rentabilité ? En résumé, il y a un grave problème de transparence lié au statut d’Air Mauritius en tant que compagnie privée.

Raj Ramlugun martèle que c’est inacceptable d’acheter des avions sans connaître les coûts associés. Il se réfère à une situation similaire en 2014, et explique que les contrats ne peuvent pas être conclus au hasard. « Ces achats de plusieurs milliards de roupies pèsent sur l’État et finissent souvent par être supportés par le public mauricien, la MIC, etc. Cela suscite un cynisme au sein de la population, surtout lorsqu’il y a des échéances électorales. Cette décision est inadmissible et je demande au gouvernement ou au Comité des comptes d’expliquer ce qui se passe. De plus, le président d’Air Mauritius a le devoir de préciser l’origine de cet argent, comment l’étude de faisabilité et le business plan ont été réalisés pour justifier cet achat d’Airbus. Avons-nous comparé ces avions à d’autres avant de procéder à l’achat ? », s’interroge-t-il.

Selon lui, c’est une décision irréfléchie, d’autant plus que nous avons déjà rémunéré les administrateurs. « Aussi, à quoi bon prendre cette décision si nous achetons maintenant des avions ? », ajoute-t-il. En ce qui concerne les destinations, notre interlocuteur évoque le manque de visibilité quant aux intentions du gouvernement. Il s’interroge également sur le ‘business plan’ associé à cet achat. Tous ces aspects doivent être revus, selon Raj Ramlugun, d’autant qu’Air Mauritius reste une compagnie d’État.