Ramadan, le mois de la Solidarité

Le Ramadan est le mois de jeûne pour les musulmans du monde entier. Les musulmans s’abstiennent de manger, de boire et d’avoir des rapports sexuels de l’aube au crépuscule pendant toute la durée du Ramadan. Le jeûne est au fait une forme de privation et d’effort corporel. À un certain niveau, s’abstenir de besoins et de plaisirs sensuels est en effet une expérience physique.

Le jeûne n’est pas simplement un moment pendant lequel les gens se privent de plaisirs physiques, mais c’est une occasion d’exercer une retenue morale et de faire l’expérience de la croissance spirituelle. Le Ramadan est un temps de souvenir de Dieu et de renouvellement de l’engagement envers les valeurs élevées et nobles qu’Il a révélées à l’humanité. Et rien ne nous donnerait le sentiment d’accomplissement spirituel qu’un état de piété, de conscience de Dieu, que le Ramadan nous aide à réaliser.

Le jeûne du mois de Ramadan est l’un des cinq piliers de l’islam, qui sont les fondations sur lesquelles toute la structure de l’Islam est construite. Rien ne donne plus de pouvoir à une communauté que le développement du caractère moral de ses membres. En incarnant les valeurs morales de la révélation divine, les gens peuvent avoir une vie sociale plus élevée, une vie basée sur le respect et l’aide mutuels, comme elle est basée sur des relations honnêtes et équitables, et un sens du devoir qui encourage les gens à observer les principes du droit et de la justice dans la poursuite de leurs intérêts variés et concurrents.

Perte des valeurs

Par ce mois sacré du Ramadan, on constate la détresse dans laquelle vivent beaucoup de familles mauriciennes. Les parents ont des difficultés à transmettre à leurs enfants les valeurs, et l’écart se creuse davantage entre eux. Ces jeunes en quête d’authenticité et qui sont aspirés vers l’irrésistible attrait d’une nouvelle culture mondialisée, sont conduits à adopter un style de vie et de loisir étranger aux valeurs des siens.

Beaucoup parmi nous ont du mal à comprendre le sens des récits divins et restent souvent étrangers aux valeurs que leur tradition religieuse cherche à promouvoir. Or, aujourd’hui à Maurice, plusieurs signes indiquent que beaucoup de valeurs traditionnellement admises ne sont plus respectées dans les familles, à l’école, dans le commerce, les affaires, l’administration, dans les rues de nos villes, aussi bien que dans nos villages. Les Mauriciens de toutes les religions s’inquiètent parce qu’ils se rendent bien compte que l’harmonie d’une société se fonde sur un engagement commun à vivre des valeurs fondamentales communes – la solidarité sociale.

La Zakaat

L’esprit de la solidarité sociale demande à ce que les musulmans s’acquittent de la Zakaat, c.à.d. l’aumône obligatoire de 2,5 % du montant total de leurs avoirs tous les ans durant le mois du Ramadan. La Zakaat prend de l’importance en tant qu’instrument de transfert de la richesse excédentaire des riches vers les couches les plus pauvres parmi les musulmans. Par le paiement de la Zakaat, la richesse circule au sein de la communauté. Cette institution a non seulement une influence nivelant, mais elle œuvre également à l’élévation de la communauté dans son ensemble. La Zakaat, troisième pilier important de l’Islam, est placée juste après la prière dans l’ordre du mérite. Le système de Zakaat qui est exploité par l’Islam garantit que chacun ait une part dans la richesse commune de la société. Les bénéficiaires qui reçoivent leurs parts des fonds ainsi collectés devraient être les groupes vulnérables qui ne manqueront pas de souffrir le plus en période de difficultés. L’histoire de l’Islam, d’autre part, nous donne des exemples de l’éradication complète de la pauvreté.

La Solidarité

La solution islamique de ce phénomène réside dans la solidarité et d’une approche positive de la reconstitution du tissu social, mettant en évidence les initiatives des communautés qui ont su créer ou adopter des méthodes efficaces et des démarches innovantes pour lutter contre la pauvreté et les fléaux. C’est dans ce but précis que des organisations bénévoles islamiques à travers l’île, avec des capacités d’initiative permettant d’améliorer les conditions de vie et de mettre en place des activités génératrices de revenus ont vu le jour afin de lutter contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale.

Le mois de Ramadan est chez les musulmans un exemple de solidarité où les musulmans donnent généreusement aux pauvres et nécessiteux. Beaucoup font ce travail dans l’anonymat, et avec patience et conviction. Ils n’attendent rien d’eux, sauf d’avoir la satisfaction du Créateur Lui-même.

La solidarité islamique a toujours pour objectif de dresser les piliers solides d’un développement durable entre les sœurs et frères citoyens d’une île que l’on voudrait être modèle.  En conséquence, elle intervient dans les régions dites défavorisées, en distribuant nourriture et autres nécessités de base. De la sorte, elle participe à la reconstruction nationale, car seule la réhabilitation de bonnes conditions de vie permet aux populations éprouvées de reprendre une vie normale.

Ouverture vers les autres

Outre de combattre la pauvreté et de réduire les inégalités entre les citoyens, la solidarité islamique encourage aussi l’idée de dialogue entre les différentes religions, appelant à défendre l’Islam et son image par la tolérance, le partage et la compréhension mutuelle.

À Médine, lorsque le Prophète y entra pour la première fois, il demanda à ses compagnons : « Distribuez de la nourriture et répandez la paix ». Il donna l’exemple de bon voisinage avec les gens de toutes les communautés et envoya même de la nourriture aux Mecquois lors de la famine.

Le Saint Coran dit : « Entraidez-vous dans l’accomplissement de bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. »

Bashir Nuckchady