Une commission d’enquête, des révélations, un rapport suivi de la démission de quelques membres du MSM comme ministre, Deputy Speaker ou nominé politique, une Task Force présidée par un chef de lakwizinn… Mais jusqu’ici on peine toujours à trouver le « gro rézilta » qu’avait promis Pravind Jugnauth dans le combat contre la drogue. Cette enquête donnera-t-elle du concret ou nous jette-t-on simplement de la poudre aux yeux ? Ceux qui ne voyaient que du feu dans les promesses du Premier ministre de casser les reins des barons de drogues ont eu froid dans le dos, vendredi, en apprenant la nouvelle de la libération sous caution du « zenfan lakwizinn » Geanchand Dewdanee. Au nom de l’indépendance du judiciaire, on s’efforcera de croire qu’il ne s’agit que d’une simple coïncidence si cet agent du MSM a obtenu la liberté provisoire deux ans après son arrestation et à l’approche des prochaines élections. Toujours est-il que c’est une pilule dure à avaler pour la population.
Comment peut-on oublier que la campagne électorale d’au moins un candidat du MSM, nommément Raouf Gulbul, est soupçonnée d’avoir été financée, à hauteur de Rs 3 millions, par le baron Peroomal Veeren. Il est difficile, quand des membres du MSM se frottent ainsi impunément aux trafiquants, de croire dans la sincérité du chef de gouvernement dans ce combat. Pravind Jugnauth a-t-il diligenté au sein de son propre parti pour conclure s’il y a effectivement eu un financement douteux de la campagne électorale du parti ? La charité bien ordonnée ne doit-elle pas commencer chez soi ? Comment peut-il aspirer à nettoyer le pays s’il ne peut pas balayer son propre parti d’abord ? Il faut aussi se poser la question pourquoi l’enquête de la Task Force sur la drogue ne s’est pas attardée, lors de la convocation de Raouf Gulbul en début d’année, sur cet aspect lié au financement de sa campagne électorale avec des fonds soupçonnés de provenir du trafic de la drogue. Navin Beekarry, connu pour sa proximité avec le MSM, a-t-il fait exprès pour que lakwizinn ne soit pas éclaboussée d’un nouveau scandale même si certains en son sein « pe fane dal » ?
S’il y a cette perception de « cover up », c’est parce que la volonté de nettoyer réellement n’y est pas vraiment. Car il faut d’abord que chacun sauve sa peau, en mijotant des plans et trouver des échapattoires. C’est bien là que réside tout le mal. Et bien entendu, cette perception de « cover up » ne peut que s’accentuer si la force policière est dirigée par quelqu’un qui est empêtré dans une polémique mais qui reste quand même attaché à son poste sans que le Premier ministre ne réagisse. Si c’est ça l’exemple qu’on nous donne d’en haut, la bataille, fût-il le combat contre la drogue ou autre, est perdue d’avance.