Un nouveau-né meurt dans des circonstances inattendues

Négligence médicale alléguée

La douleur est vive chez les Coojah à l’avenue Perdrix à Pailles. Rukaiyah Sekender, qu’on a rencontrée mardi, est une mère anéantie par la tristesse. Elle vient de perdre son bébé après son accouchement, selon elle, dans des conditions troublantes. Le service néonatal de l’hôpital Jeetoo est pointé du doigt.

Une épreuve difficile que Rukaiyah Sekender essaie tant bien que mal de surmonter car elle doit s’occuper de ses deux autres enfants.  Elle nous raconte sa mésaventure.

Le couple Coojah attendait impatiemment la naissance de son bébé. Aux petites heures du matin du dimanche 11 mars, Rukaiyah a commencé à ressentir des contractions qui devenaient de plus en plus fortes. À un moment, elle a senti que sa poche d’eau s’était rompue. Son époux a alors appelé le SAMU afin de la transporter à l’hôpital pour son accouchement.

Selon Rukaiyah, une infirmière qui était à ses côtés à bord de l’ambulance semblait ennuyée. Une fois à l’hôpital, elle a été admise dans la salle de maternité. Plusieurs médecins l’auraient examiné et on devait constater que le passage du col était à 3 cm.

« Boku dokter ine vini ine examine mwa mais personne pas pe capav pran desicion pou fer mwa accouché », déplore-t-elle avec colère. Elle est restée ainsi pendant 12 heures sans rien avaler. Elle implorait les infirmières qu’elle ne pouvait plus supporter cette douleur. « Mone bizin dir zot si zot pas pou aide mwa, mo pou accouche lamem dan la salle. Se zis a sa moman la ki zot ine vini, sinon zot pa ti pe pran mwa compte », s’insurge-t-elle.

Les infirmières refusent de lui venir en aide

Ce n’est qu’à 3 h 30 dans l’après-midi qu’elle a été transportée d’urgence au ‘labour ward’. Une fois dans la salle, c’était le martyre qu’elle aurait vécu. Rukaiyah avait des difficultés à accoucher car après avoir subi la perte d’eau, le passage du col était trop serré, rendant ainsi l’accouchement difficile. Elle aurait alors demandé de l’aide aux infirmières car elle n’avait plus de force. Son calvaire deviendra plus pénible lorsqu’elle entendit les paroles choquantes des infirmières présentes dans la salle. « Mone dir zot pousse mo ventre, aide mwa acouché, zot dire mwa non, zot ine arète aide dimoune. » Les infirmières devaient lui lancer : « Ou ti contan fer zanfan, madame, be fer ou zefor par ou mem ! »

Elle doit son répit grâce à un médecin qui l’a aidée à accoucher en appliquant une pression sur son ventre pour extraire le bébé. Après les angoisses initiales, c’était finalement la joie, elle avait donné naissance à un garçon.

Les infirmières ont ensuite transporté le nouveau-né à la nursery, alors qu’elle a dû attendre sur la civière pour la pose des sutures après l’épisiotomie. À ce moment, elle a commencé à avoir des complications respiratoires, alors qu’elle n’arrivait pas à expulser le placenta. Tout cela aurait duré plus de deux heures, selon ses dires.

Lors d’une première courte visite qu’il a rendue à son bébé dans la section néonatale, l’époux de Rukaiyah a vu que son bébé gazouiller, bien qu’il pleurait de temps en temps. Les infirmières l’auraient informé que le bébé était en bonne santé.

Décès troublant du bébé

Dans la soirée, une infirmière est venue annoncer à Rukaiyah, toujours admise à l’hôpital, que la chance de survie de son nouveau-né était de 50 %, car on avait décelé un trou au cœur. Peu de temps après, on l’a aussi informée qu’il avait une malformation au poumon. « Zot mem pa ti pe compran ki lin gagne, zot ine nek dir mwa pe rod ene place pou transfer bebe dan ICU dan ène lot lopital ou swa clinic, mais pena place », affirme Rukaiyah.

Ce n’est qu’à 22h 30 qu’un pédiatre est venu lui annoncer la mauvaise nouvelle. Son bébé était décédé. « Mo pas finn gagn letan pran li ser li bien dan mo lebras », dit-elle en larmes.

Difficile pour les Coojah d’accepter une perte pareille pour la troisième fois. Dès lors commencent les recherches pour connaître les causes du décès du bébé, car les tests médicaux étaient tous positifs et le médecin aurait indiqué que le bébé était en bonne santé au moment de la naissance et que son cœur battait normalement. Une autopsie pratiquée sur le bébé aurait révélé qu’il est décédé à la suite d’un « respiratory distress syndrome ».

« Mo ancor dan choc, mo pa pou capave blier sa. Zot ine martyriz mwa a vie », nous dit Rukaiyah, en larmes.

Sollicité pour une réaction, le service de presse du ministère de la Santé a déclaré que : « Si les parents suspectent qu’il y a eu négligence médicale, ils doivent consigner une plainte en bonne et due forme au surintendant de l’hôpital pour faire la lumière sur cette affaire ».