- La proximité de la directrice de cette instance avec des proches d’un partenaire de la compagnie serait la cause de cette inaction, selon des opérateurs
La compagnie Sun Parasail a-t-elle remplacé sa plateforme de parasailing sans que les règlements ne soient respectés ? À Trou d’Eau Douce, la démarche de cette société, qui aurait déjà commis des actes frauduleux dans le passé, fait actuellement l’objet de dénonciations parmi les opérateurs. Selon eux, Sun Parasail y ferait la pluie et le beau temps en raison des liens de parenté d’un des partenaires de ladite compagnie avec deux agents notoires du ministre Anil Gayan. La proximité de ces agents avec la directrice de la Tourism Authority est aussi dénoncée. D’autant que l’organisme régulateur fermerait les yeux sur les agissements illégaux de cette compagnie, soutiennent des opérateurs.
L’affaire remonte au 30 juin dernier. Lors d’une inspection faite par des officiers de la Tourism Authority, de la National Coast Guard (NCG) et du ministère de la Pêche à Trou d’Eau Douce, la direction de Sun Parasail a été sommée de rénover sa plateforme de parasailing, se trouvant au sud de l’île aux Cerfs, vu que celle-ci se trouvait dans un état pitoyable, mettant ainsi la vie des clients en danger. Il nous revient ainsi qu’en moins d’un mois, l’ancienne plateforme a été remplacée par une nouvelle. Cette dernière aurait été acquise auprès d’une autre société et qui était auparavant ancrée dans une baie à Flacq. Une partie de cette nouvelle plateforme aurait toutefois été coupée et ajustée pour qu’elle soit de la même dimension que l’ancienne. Le hic, c’est que cette nouvelle plateforme porterait le même numéro de permis que l’ancienne. Une démarche qui éveille donc des soupçons.
En effet, la section 16 de la Tourism Authority Act 2006 stipule qu’en cas de changement de propriétaire, la Tourism Authority doit être informée dans un délai de 30 jours. « The seller must return the pleasure craft licence to the Tourism Authority […] The Tourism Authority will register the new owner and issue a new registration book against payment of the prescribed fee as at Annex II. […] If you were the holder of a pleasure craft licence for commercial purposes, the licence will no longer be valid and the new registered owner must apply for a new pleasure craft licence. This applies to the holder of the pleasure craft licence whether an individual, a company or a société ».
Or, le fait qu’un nouveau numéro de permis n’a pas été attribué à ladite compagnie sous-entend que cette procédure n’aurait pas été respectée. Ce qui présagerait aussi que cette nouvelle acquisition n’aurait pas été enregistrée auprès du Registrar et qui constituerait donc une violation de la loi. D’ailleurs, une petite enquête que nous avons menée auprès de certains inspecteurs de la Tourism Authority révèle qu’aucun exercice de fitness n’a été effectué sur cette nouvelle plateforme, et ce contrairement aux règlements. Pour corser l’addition, Sun Parasail se serait même permise de se débarrasser de son ancienne plateforme en l’abandonnant près des mangliers à l’îlot Mangénie (voir vidéo sur notre siteweb). Une action qui, non seulement défie la protection de l’environnement marin, mais qui enfreint, une nouvelle fois, les dispositions de la loi.
La Tourism Authority compte-t-elle prendre des sanctions à l’encontre de Sun Parasail ? La directrice de l’organisme, Khoudijah Maudarbocus-Boodhoo, affirme ne pas être en présence de telles informations bien que son équipe y effectue régulièrement des visites. « Le remplacement d’une plateforme ne se fait pas du jour au lendemain. C’est donc assez difficile de le faire sans qu’on ne le sache », dit-elle. Et de préciser : « On n’a reçu qu’une seule demande pour le remplacement d’une plateforme et elle provient d’un opérateur qui fait l’‘undersea walk’ ». Elle soutient aussi ne pas savoir si les débris de l’ancienne plateforme de Sun Parasail ont été abandonnés près des mangliers de l’îlot Mangénie. « Envoyez-nous des photos et des vidéos si vous en avez », nous a-t-elle lancé. Ce qui en dit long sur le travail de l’organisme qu’elle dirige !
Dénonciations et connexions politiques alléguées
Dans une lettre envoyée à la Tourism Authority, au Bureau du Premier ministre, au ministère du Tourisme et au Commissaire de police en fin de semaine, des opérateurs dénoncent ces agissements frauduleux commis par Sun Parasail. Ils y donnent moult détails sur la façon dont le remplacement de cette plateforme a été fait. Le transfert de la plateforme de Flacq à Trou d’Eau Douce aurait ainsi été fait, selon eux, le 22 juillet 2018. Elle a été modifiée entre le 23 et le 27 juillet avant qu’elle ne soit mouillée. L’ancienne plateforme aurait, quant à elle, été débarrassée près de l’îlot Mangénie entre le 25 et le 26 juillet. D’autres détails y sont également donnés afin de prouver que la plateforme n’aurait pas été réparée mais qu’elle a bel et bien été remplacée.
Les opérateurs rappellent aussi que Sun Parasail avait déjà utilisé frauduleusement un numéro de permis qui ne lui appartenait pas dans le passé et dont l’affaire avait été référée à la police. Ces opérateurs y dénoncent aussi la proximité de ces agents avec la directrice de la Tourism Authority. Ils menacent ainsi de prendre des actions si jamais cette compagnie, qui ferait, selon eux, la pluie et le plus beau temps à Trou d’Eau Douce en raison des liens de parenté d’un des partenaires de la compagnie avec deux agents notoires du ministre Anil Gayan, ne soit pas sanctionnée.