Vers un modèle de surveillance totalitaire

Carte d’identité biométrique

Empruntons-nous la voie d’un modèle de société sous surveillance totale, à l’instar de la Chine ? Le stockage des données biométriques des citoyens, placé sous la tutelle du ‘Prime Minister’s Office’ (PMO), est le péché mignon de tous les dictateurs !

La numérisation de la nouvelle carte biométrique, sous l’égide du ‘Prime Minister’s Office’, en plus des caméras de ‘Safe City’, pourra permettre au gouvernement de placer les citoyens sous surveillance. Annoncée en 2021, par Pravind Jugnauth, la nouvelle carte d’identité était initialement prévue pour décembre 2023, mais sera concrétisée en février 2024. Après huit ans de service, la carte d’identité actuelle est arrivée en fin de cycle, tout comme les outils et les logiciels nécessaires au fonctionnement du système actuel, souligne le gouvernement pour justifier sa démarche.

D’ailleurs, le Premier ministre a déclaré que la nouvelle version de la carte proposée par le fabricant, Thales, ne sera pas compatible avec le système actuel, et que le stock de cartes existantes devra durer jusqu’en décembre 2023. Selon le ministère de la Technologie, la durée de vie habituelle des équipements nécessaires à la création des cartes d’identité biométrique est de cinq à sept ans.

Ivor Tan Yan : « Eski Morisyen anvi ki PMO swiv zot à la trace ? »

Linion Pep Morisyen (LPM) a été parmi les premiers à tirer la sonnette d’alarme concernant la clause 55 du ‘Finance Bill’, qui aborde les amendements à la ‘National Identity Card Act’ de 1986. « Nous sommes fermement convaincus que le transfert des données du bureau du Premier ministre vers un portefeuille numérique pourrait compromettre la sécurité des individus. La nouvelle carte d’identité nationale sera multifonctionnelle. Quelle garantie avons-nous que nos données ne seront pas utilisées à d’autres fins et que nos mouvements ne seront pas surveillés ? Est-ce pour frauder aux élections ? », s’interroge-t-on au LPM.

Selon Ivor Tan Yan, membre du LPM, le gouvernement MSM/ML a affirmé qu’il n’y aurait pas de prélèvement des données biométriques des citoyens mauriciens. Or, après la sortie du ‘cabinet decisions’ la semaine dernière, c’est le désenchantement. Il déplore le fait que ce sera un nominé politique, choisi par un ancien conseiller du PMO, qui gérera toutes ces données. « Nous aurons donc une personne, nommée par un ancien conseiller au PMO, qui travaillera sous le PMO, et qui aura accès à toutes nos données et saura où chacun est. Cela fait peur », dit-il.

«PMO pu ena contrôle lor database, ou imagine ou kuma sa dangereu ? PMO pna droit arroz li de enn pouvoir kumsa. Li pu kav surveille tou dimounn », s’insurge Ivor Tan Yan. LPM appelle les partis d’opposition représentés au Parlement à manifester contre ces amendements à la ‘National Identity Card Act’. « Nou pe dimann tou bann parti politik pu fer front commun contre sa la loi la », lance Ivor Tan Yan. «Eski morisyen anvi ki PMO swiv zot à la trace par Safe City ek à travers bann données biométriques ?  » s’interroge le membre du Linion Pep Morisyen.

Arvin Boolell : « C’est une violation des droits humains »

Arvin Boolell estime illégitime l’amendement apporté à la ‘National Identity Card Act’, car il aurait fallu une nouvelle législation à la place. En outre, « au nom de l’intérêt public, le régime peut avoir accès aux données personnelles des individus, s’ingérant ainsi dans la vie privée des Mauriciens. C’est une violation des droits humains », dit-il.

Un coût de Rs 375 millions

La nouvelle carte d’identité nationale coûtera Rs 375 millions, selon les déclarations du Premier ministre lors de l’examen en comité parlementaire. Il répondait à une question du député du Parti travailliste, Osman Mahomed. Lors de son intervention, Pravind Jugnauth a révélé que le consortium dirigé par la société Thales avait été sélectionné pour la création de la nouvelle carte d’identité nationale. Il a également précisé que 20 % du paiement avait déjà été effectué, et que la signature du contrat remontait au 15 février dernier. Dans le processus de renouvellement proposé, le nouveau système fournira ainsi un plus large éventail de services personnalisés, et facilitera les activités quotidiennes des détenteurs de la carte d’identité.